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La TEP est-elle prête à assumer son rôle ?

Après la politique de l’Energie, la chambre territoriale des comptes s’est attaquée à la gestion de la société de tranports d’énergie électrique en Polynésie (TEP). Un rapport qui traite pour l’essentiel des nombreuses « difficultés sur la trajectoire » de la société d’économie mixte (SEM) appelée à « changer de dimension » pour devenir le « gestionnaire de réseau, expert et indépendant » du plan de transition énergétique du Pays.

Dans son dernier rapport sur la TEP, dévoilé la semaine dernière par TNTV mais pas encore officiellement publié, la chambre territoriale des comptes met en perspective le rôle de la SEM dans le cadre du plan de transition énergétique établi par le Pays en 2013. La TEP est en effet appelée à « devenir un gestionnaire de réseau, expert et indépendant » en s’intercalant entre les producteurs et les distributeurs d’électricité en Polynésie française. Une sorte de régulateur de l’électricité sur le territoire. Mais outre les problèmes de statut ou de direction, traités par ailleurs, la chambre relève une série de « difficultés » qui, mises bout à bout, apparaissent très -trop ?- conséquentes pour aboutir à une TEP réformée et prête à assumer son rôle.

Une gestion à transformer

Première série de problèmes : la « mutation technique et manageriale ». La TEP va devoir « assurer, en temps réel et à moindre coût, l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité ». Or pour la chambre, la société va devoir se renforcer en ressources humaines et techniques pour arriver à réaliser cet objectif. « Les besoins à satisfaire demeurent importants », constate la chambre sur ce point.

La TEP a également besoin d’assurer sa « neutralité ». Ce qui suppose de se débarrasser des parts d’EDT-Engie dans son capital. Une opération aujourd’hui en suspens. Par ailleurs la TEP va devoir acquérir une expérience qu’elle ne possède pas sur les « coûts et les contraintes techniques du système électrique (…) sur l’ensemble des archipels ». La chambre recommande de poursuivre les discussions avec EDT-Engie sur ce point. Mais pas sûr que le concessionnaire, une société privée, soit très pressé d’abandonner ces informations à son futur régulateur.

Problèmes financiers à régler

Une autre série de difficultés relevées par la chambre concerne les contraintes financières pesant sur la TEP « réformée ». Mais il faut tout de même noter que sur ce point, plusieurs problèmes ont déjà été réglés, pendant ou après le rapport. La juridiction relève la diminution des charges, actée notamment fin 2016 avec la suppression des amortissements de caducité. Elle cite la demande d’une hausse de la tarification, validée début 2017 avec l’augmentation de la redevance. Et enfin, elle évoque le financement des investissements lourds du chantier de la boucle nord de Tahiti, réglé en partie grâce au contrat de projet et aux fonds propres de la TEP.

Le véritable problème financier concerne la « résiliation des contrats de sous-traitance » avec EDT-Engie et Marama Nui, chiffrés par la chambre à la bagatelle de 160 millions de Fcfp. Le nouveau rôle de la TEP -son futur statut d’acheteur unique de l’électricité- affectera par ailleurs les contrats passés notamment avec le concessionnaire EDT-Engie. Une question qui n’a pas été anticipée et pour laquelle la chambre dit être beaucoup moins optimiste que la TEP. « Cette attitude conduit la société à ne pas analyser les conséquences financières de la fin prématurée du contrat », juge la juridiction.

L’anticipation de ces dépenses constitue d’ailleurs la dernière des cinq recommandations de la chambre territoriale des comptes. Une conclusion qui n’est pas sans rappeler la principale interrogation du rapport de la juridiction sur l’énergie. Celle du « coût » du plan de transition énergétique du Pays ?

Les recommandations de la CTC :

  • Réviser les statuts de la TEP, notamment en clarifiant les pouvoirs du conseil d’administration et ceux du directeur général ;
  • Construire un projet d’entreprise incluant notamment un calendrier précis de la mutation de la société ;
  • Elaborer des plans d’embauche et de formation afin de doter la TEP des compétences indispensables à la gestion indépendante du réseau ;
  • Etablir un plan prévisionnel stabilisé des investissements comprenant les financements acquis et prévus et le calendrier d’enclenchement des opérations ;
  • Etudier l’éventualité d’une rupture avant terme de la délégation afin d’anticiper les conséquences financières et la mise en compétition qui en découlent.
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1 Commentaire

  1. Iritahua
    23 octobre 2017 à 5h46 — Répondre

    Toutes les SEM sont pareilles, tous les dirigeants des profiteurs.

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