INTERNATIONAL

La Turquie reconnaît de possibles "erreurs" dans la purge

Istanbul (AFP) – Des dirigeants turcs ont indiqué pour la première fois lundi que la purge lancée après le coup d’Etat manqué, critiquée à l’étranger pour son ampleur, avait pu donner lieu à « des erreurs ». 

« S’il y a eu des erreurs, nous les corrigerons », a dit le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus, une tonalité nouvelle en Turquie où la traque aux sympathisants du prédicateur Fethullah Gülen — accusés du putsch avorté — a donné lieu à une purge radicale dans l’armée, la justice, l’éducation et les médias.

Les « citoyens qui n’ont pas d’affiliation avec eux (les sympathisants de Gülen) devraient se détendre » car « il ne leur sera fait aucun mal », a ajouté le vice-Premier ministre lors d’une conférence de presse.

Mais ceux qui sont affiliés au prédicateur exilé aux Etats-Unis « doivent avoir peur. Ils paieront le prix », a déclaré M. Kurtulmus, à propos des sympathisants de Gülen, dont Ankara a demandé l’extradition à Washington.

Un peu plus tôt, le Premier ministre Binali Yildirim a évoqué lui aussi la possibilité que parmi les milliers de personnes victimes de cette chasse aux sorcières, certaines l’aient été de manière abusive.

« Un travail méticuleux est en cours concernant ceux qui ont été limogés », a indiqué le Premier ministre cité par l’agence progouvernementale Anadolu. 

« Il y en a certainement parmi eux qui ont été victimes de procédures injustes », a-t-il admis, adoptant lui aussi un ton conciliant, inconnu en Turquie depuis le putsch qui a fait vaciller le pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan quelques heures.

« Nous n’affirmons pas (au sujet d’injustices): +il n’y en a pas+ », a dit le chef de gouvernement. « Nous ferons la différence entre ceux qui sont coupables et ceux qui ne le sont pas ».

Plus de 18.000 personnes ont été placées en garde à vue à un moment ou à un autre au cours des deux dernières semaines, après le putsch avorté du 15 juillet. Environ 10.000 d’entre elles font maintenant l’objet de poursuites et ont été placées en détention préventive dont des journalistes. Plus de 50.000 personnes ont été limogées.

Le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, avait dénoncé jeudi des purges qui « dépassent toute mesure » , estimant qu' »on ne pouvait se taire » face à l’ampleur des arrestations.

« Un pays qui emprisonne ses propres professeurs et ses propres journalistes, met en prison l’avenir » du pays, avait lancé de son côté le chef du gouvernement italien Matteo Renzi.

Pour toute réponse, le président Erdogan avait conseillé aux Occidentaux de « se mêler de leurs affaires ».

Des dirigeants turcs admettent que la purge lancée après le coup d'Etat avait pu donner lieu à "des erreurs". © AFP

© AFP ADEM ALTAN
Des dirigeants turcs admettent que la purge lancée après le coup d’Etat avait pu donner lieu à « des erreurs »

Article précedent

Syrie: cinq militaires tués dans le crash d'un hélicoptère russe

Article suivant

Cyclisme: le transfert de l'été pour Bora, qui engage la rock-star Peter Sagan

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

La Turquie reconnaît de possibles "erreurs" dans la purge