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La Turquie tire sur les combattants kurdes dans le nord de la Syrie

Karkamis (Turquie) (AFP) – La Turquie a procédé à des tirs d’obus jeudi soir contre les combattants kurdes dans le nord de la Syrie, au deuxième jour d’une offensive militaire majeure, accusant ceux-ci de ne pas respecter un accord passé avec les Etats-Unis sur leur retrait.

Jeudi matin, la Turquie a envoyé un nouveau convoi de blindés en territoire syrien, au lendemain d’une offensive éclair des rebelles syriens qu’elle a soutenue et qui a permis de reprendre au groupe Etat islamique (EI) la localité de Jarablos, près de la frontière.

Avec cette opération la Turquie vise aussi à stopper l’expansion kurde à sa frontière, alors que le Parti de l’Union démocratique (PYD), principale milice kurde de Syrie, qui bénéficie du soutien militaire américain, élargit ses territoires. 

Les forces turques ont ouvert le feu sur les hommes du PYD à partir de 18H00 (15H00 GMT), après que les services de renseignement ont vu qu’ils progressaient sur le terrain en dépit d’une promesse des Etats-Unis selon laquelle ils allaient reculer, a expliqué l’agence Anadolu.

L’agence progouvernementale a ajouté, citant des sources sécuritaires, que l’intervention turque contre les combattants du PYD se poursuivrait tant qu’ils n’auraient pas entamé leur retrait. Selon Anadolu, le PYD a repris sept villages depuis mercredi, à la faveur du retrait de l’EI.

Le quotidien Hurriyet a indiqué que des drones turcs avaient détecté les éléments du PYD à 10 km au nord de la ville de Manbej. Les obusiers turcs sont ensuite entrés en action depuis la Turquie, « éliminant » le groupe de combattants.

– stopper l’avancée des Kurdes –

Jeudi matin, dix chars, dix véhicules blindés de transport de troupes, des ambulances ainsi que des engins lourds ont franchi la frontière à la hauteur de Karkamis (sud-est) et sont entrés sur le sol syrien, où l’on entendait sporadiquement des rafales et des explosions, selon un photographe de l’AFP sur place.

En quelques heures seulement la veille, lors de cette opération « Bouclier de l’Euphrate », des centaines de rebelles syriens appuyés par l’aviation et les chars turcs ont pris Jarablos (nord de la Syrie).

Par cette opération militaire, la plus grosse jamais lancée par la Turquie depuis le début du conflit syrien, Ankara répond d’abord à l’attentat qu’il a attribué à l’EI qui a tué 54 civils à Gaziantep (sud-est) samedi dernier. 

Après plusieurs attaques meurtrières de l’EI en Turquie depuis 2015, le gouvernement, longtemps accusé de complaisance à l’égard des jihadistes, ne pouvait que réagir.

L’autre grand objectif avoué de l’opération est de mettre un terme à l’avancée de milice kurde. « Nous allons faire en sorte que le PYD ne remplace pas Daech (acronyme arabe de l’EI) dans cette zone », a dit jeudi le ministre turc de la Défense Fikri Isik.

– Pas de jihadistes ni de Kurdes –

La Turquie, en conflit avec les Kurdes sur son propre territoire, est farouchement hostile à l’idée que les Kurdes syriens forment une ceinture continue le long de sa frontière.

Pour le régime turc, le PYD et son aile militaire, YPG, sont des organisations « terroristes », au même titre que le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), mouvement armé actif depuis 1984 sur le sol turc.

Le vice-président américain Joe Biden, qui s’est entretenu avec les dirigeants turcs mercredi à Ankara, a mis en garde les Kurdes de ne pas franchir l’Euphrate, comme le réclame la Turquie.

Jeudi, à Stockholm, M. Biden a estimé que « les Turcs (étaient) prêts à rester aussi longtemps qu’il le faudra (en Syrie) dans l’objectif de neutraliser l’EI », saluant « le changement graduel de mentalité » d’Ankara à l’égard du mouvement jihadiste.

Il avait indiqué à Ankara que Washington avait clairement demandé aux YPG de ne pas aller à l’ouest de l’Euphrate.

Jeudi, le chef de la diplomatie américaine John Kerry a indiqué au téléphone à son homologue turc Mevlüt Cavusoglu que « les forces YPG/PYD sont en train de se replier vers l’est de l’Euphrate », selon un communiqué des services du ministre turc.

Le ministre turc de la Défense, Fikri Isik, a pour sa part exigé que ce repli se termine rapidement et a averti, à défaut, que « la Turquie a tous les droits d’intervenir ».

Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Office syrien des droits de l’homme (OSDH) a de son côté affirmé qu' »il y a eu une petite partie des FDS (alliance de Kurdes et d’Arabes) qui s’est retirée à l’est de l’Euphrate », mais que « le gros de ces forces est encore à l’ouest ».

Une colonne de chars turcs se dirige vers la frontière syrienne, le 25 août 2016 près de Karkamis. © AFP

© AFP BULENT KILIC
Une colonne de chars turcs se dirige vers la frontière syrienne, le 25 août 2016 près de Karkamis

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