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L’Arctique, ce « nouveau Qatar »

 

Riche en hydrocarbures, l'Arctique est un enjeu de taille. © REUTERS

Riche en hydrocarbures, l’Arctique est un enjeu de taille. © REUTERS

A LA DÉCOUVERTE DE – Du pétrole, du gaz et même de l’or : l’Arctique pourrait bien être le prochain Qatar, en plus froid.

Et si l’avenir, c’était le Grand Nord ? Une terre inexplorée, couverte de glace et habitée seulement par les phoques et les ours polaires : dans l’imaginaire collectif, c’est ça l’Arctique. Pourtant, cet immense territoire inhospitalier recèle bien des richesses, à commencer par d’immenses réserves d’hydrocarbures, rendues plus accessibles par le réchauffement et la fonte des glaces. De quoi inquiéter les associations écologistes comme Greenpeace, qui a lancé une action dans l’Arctique en septembre pour dénoncer les risques écologiques liés au forage pétrolier dans la région. Les autorités russes ont arraisonné le navire de l’ONG et arrêté ses militants, sous le coup d’une enquête pour « piraterie ». L’Arctique attise décidément toutes les convoitises. Europe1.fr vous explique pourquoi.

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C’est quoi, l’Arctique ? Dans La documentation française, le géographe Eric Canobbio définit l’Arctique comme étant une région « bornée par le cercle polaire arctique : 66°33’ de latitude nord ». Cette immensité de 21.324.000 km2 est composée pour les deux-tiers de l’Océan arctique et pour un tiers du nord des terres côtières. Une autre définition consiste à s’appuyer sur la courbe des températures : l’Arctique est alors la région « du nord du monde où il fait au maximum 10°C l’été », explique à Europe1.fr Jean-Michel Huctin, anthropologue au CREAC, de l’observatoire de l’Université de Versailles-Saint-Quentin.

A qui appartient l’Arctique ? Mais pour ce spécialiste du monde arctique, « la vraie définition est politique, faite par les membres du Conseil arctique », une « organisation intergouvernementale qui gère les affaires arctiques ». Huit États se partagent le « gâteau » Arctique : la Russie, le Canada, le Danemark (via le Groenland), la Norvège, l’Islande, et les États-Unis (avec l’Alaska).

Des réserves de pétroles et de gaz… D’après une étude de l’Institut géologique américain, l’USGS, les réserves pétrolières de l’Arctique représenteraient 13% des ressources mondiales non découvertes dans le monde, soit 90 milliards de barils. Également enfouis sous la glace, « 1.600 milliards de mètres cubes de gaz naturel », soit 30% des réserves non découvertes. La manne arctique ne s’arrête pas là, puisqu’on y trouve aussi des minerais précieux, or, terres rares et même diamants, ainsi que des réserves de poissons.

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… qui attisent les convoitises. Dans l’Arctique, le réchauffement climatique est une réalité tangible. L’anthropologue Jean-Michel Huctin raconte ainsi qu’au Groenland, les autochtones ont déjà vécu des années sans banquise, du jamais vu de mémoire d’homme. Or, « à la faveur du changement climatique, les grandes compagnies se disent : ‘on va venir chercher du pétrole’ ». « L’Arctique attise les convoitises », estime le spécialiste, qui voit bien le Groenland devenir, peut-être, « le nouveau Qatar ». La ruée vers l’or noir a déjà commencé : Shell a ainsi débuté des forages au large des côtes de l’Alaska, avant de devoir s’interrompre, après une série d’avaries. « Mais ce n’est que partie remise » pour Jean-Michel Huctin. Autre nouveauté : la fonte de la banquise permet l’ouverture de nouvelles routes commerciales pour les bateaux.

Et l’environnement, dans tout ça ? Les associations écologistes s’inquiètent en tout cas de voir les grands pétroliers lorgner la manne pétrolière arctique. Une marée noire dans ces eaux fragiles serait une catastrophe, car le pétrole déversé mettrait des années à se dégrader, en raison du froid, prévient l’Unesco dans un rapport sur le sujet. De son côté, Greenpeace indique, citant des « documents officiels », qu’il serait « ’pratiquement impossible’ de faire face à une marée noire dans les eaux glacées de l’Arctique ». Et met en avant un autre danger : celui de la pêche industrielle, qui menacerait « la pêche durable pratiquée depuis des milliers d’années par les populations locales ».

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Des tensions entre pays sur le sujet ? Il y a six ans, un coup d’éclat de Moscou a mis en évidence un autre risque : celui des tensions pour capter la manne arctique. En 2007, un mini sous-marin russe a planté, au nez et à la barbe de tout le monde, un drapeau aux couleurs de la Russie au fin de l’océan Arctique, en pleine zone internationale. Une provocation pour les autres membres du Conseil Arctique, mais un geste au final sans grande conséquence. Car ces eaux internationales sont régies, comme les autres, par le Traité du droit de la mer. « Les experts sont plutôt optimistes aujourd’hui : peut-être même que l’Arctique pourra constituer une zone de coopération internationale », souligne Jean-Michel Huctin, estimant que « tout cela est bien cadré au niveau juridique » et ajoutant : « ce ne sera pas le Far West ! Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de tensions ».

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Source : Europe1

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