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L’art comme médicament : « Corps et l’armes » de Taina Calissi

Taina Calissi, atteinte d’un cancer du sein en 2020, a puisé son inspiration dans l’épreuve. Un travail resté confidentiel, mais qu’elle a voulu mettre en avant alors que l’opération de sensibilisation Octobre rose touche à sa fin.

Une œuvre artistique pluridisciplinaire (photo, vidéo, danse…) née de la souffrance physique, qui met son auteure à nu, c’est le travail courageux et nécessaire que Taina Calissi offre aujourd’hui à un large public. « ‘Corps et larmes’ c’est un travail que j’ai réalisé en 2020, quand j’étais à Toulouse pour mon traitement, plutôt que de rester inactive face au Covid, face à ce qui m’arrivait, raconte Taina Calissi qui a enduré sept mois de traitement. Si ses media de prédilection sont d’ordinaire le dessin et la peinture, pour ce travail la photo s’est imposée parce qu’elle est « plus réaliste. » Douze photos noir et blanc, une frise participative de 22 clichés et une vidéo « behind the scenes » composent cette œuvre, présentée à huis clos en décembre 2020 à Toulouse et au Belvédère à Tahiti lors de l’exposition Tatou. Elle explique que ce sont les autres femmes qui vivaient la même épreuve qu’elle qui l’ont convaincue de surmonter sa pudeur, et d’affirmer « je suis vivante. »

C’est par la chorégraphie, un enchaînement d’exercices auxquels elle s’astreignait, que Taina a entamé ce travail. Avant la maladie, son corps lui répondait au doigt et à l’œil, « et quasiment du jour au lendemain je me suis retrouvée à ne pas pouvoir monter des escaliers, et ça c’est vraiment choquant. » Les photos – tête rasée, deux-pièces noir – atteignent leur but : montrer la transformation physique induite par les protocoles de traitement du cancer, et aussi la force, la volonté, la résilience.

Un atelier à Paris

Taina Calissi a récemment montré ce travail à la Cité internationale des arts à Paris, où elle était en résidence artistique depuis le 5 juillet dernier à l’issue d’un concours mis en place par le ministère de la Culture, qui a également choisi trois autres artistes polynésiens. Elle a pu développer d’autres aspects de son travail, notamment sur les volumes, en réalisant des masques en argile – le lien de ce thème avec l’expérience transformative de la maladie n’échappera à personne.

Alors qu’elle s’apprête à revenir à Tahiti, elle a décidé cette fois d’écrire un livre qui s’intitulera Un Atelier à Paris, déambulations d’une Polynésienne, dont elle a présenté les premières pages et une vidéo introductive lors d’un « open studio » à la Cité des arts. Elle a également endossé un rôle de commissaire d’exposition pour un show collectif. À son retour, elle reprendra aussi le développement de la plateforme RAW Tahiti, qui veut regrouper et mettre en valeur les artistes polynésiens, et entamera la 3e saison de sa série documentaire Creating Behind the Scenes.

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