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Réforme du CDD : « Le salariat est menacé » selon les syndicats

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Alors qu’une première réunion tripartite syndicats/patronat/gouvernement a eu lieu jeudi à la présidence, les discussions bipartites des partenaires sociaux sur la réforme du code du travail se poursuivent en parallèle. Au cœur des discussions aujourd’hui, le patronat entend « assouplir » la législation sur les CDD. Les syndicats se disent plus que réticents et craignent « la disparition du CDI ».

La première réunion tripartite entre les syndicats de salariés, les organisations patronales et le gouvernement depuis la période électorale a eu lieu jeudi à la présidence. Mais en parallèle, les syndicats et le patronat continuent de discuter à l’inspection du travail sur la future réforme du code du travail. Lors de la dernière réunion, les partenaires sociaux ont étudié les cinq « propositions communes » du Medef et de la CPME concernant l’assouplissement des contrats à durée déterminée (CDD).

Les syndicats patronaux mettent sur table une « création d’un CDD de pré-embauche d’une durée maximum de 6 mois, dans l’attente pour le salarié d’être confirmé en CDI », accompagnée du remplacement des termes « surcroît exceptionnel d’activité » par « accroissement temporaire d’activité », ainsi que la justification de « création d’un emploi nouveau dont la pérennité n’est pas certaine » pour recourir au CDD, l’argument de « création d’un nouveau CDD suite au départ définitif d’un salarié et dans l’attente de son remplacement définitif », ou encore l’élargissement de « la liste des secteurs, dans lesquels les contrats d’usage peuvent être conclus » comme dans le gardiennage, le nettoyage et la restauration.

Pour la CPME, co-porteur du projet, Christophe Plée préfère positiver, satisfait de partenaires sociaux partageant la volonté d’avancer sur le Code du Travail. Pas d’acrimonie, mais « des échanges fructueux » de part et d’autre, car tous « ont  fait des pas pour avancer dans le bon sens ». Lui aussi souhaite calmer les craintes, affirmant que la durée des CDD modifiés « reste inchangée ». Il anticipe des retombées bénéficiant aux comptes du Pays et de la CPS, en liant la hausse attendue de salariés à une baisse équivalente de patentés : « Il vaut mieux un bon CDD salarié qu’un mauvais patenté illégal car il y a certains patentés qui ne travaillent que pour une entreprise ».

Du même côté de la table de discussion, le co-porteur du projet et président du Medef, Patrick Bagur, n’y voit lui que des propositions qui vont « améliorer les conditions des CDD ». Il veut rassurer sur une conception commune de la place du travailleur : « une entreprise qui a un salarié c’est pour le conserver, c’est le salarié qui fait travailler l’entreprise ». C’est donc dans cette optique que le leader patronal défend les modifications du CDD, afin de mener les salariés au CDI tant recherché, garant d’une « stabilité aux employés ».

Mais côté syndicats, le son de cloche est bien différent. La secrétaire générale de Otahi, Lucie Tiffenat, réplique que certaines des propositions du patronat existent déjà dans l’actuel Code du Travail, bien que formulées autrement, à l’instar de « la création d’un nouveau CDD pour des nouveaux métiers dans une entreprise et dont on ne peut pas garantir la pérennité ». De la mouture actuelle à celle proposée par ses homologues du patronat, la leader syndicale ne distingue aucune « différence » entre le « surcroît » et « l’accroissement » d’activité.

Lucie Tiffenat dénonce l’esprit général des modifications du patronat grâce auxquelles il sera « facile de rompre tous les contrats de travail comme ils veulent (…) Cela veut dire que demain un employeur peut disposer de son salarié comme il veut ». Elle prévient que depuis de nombreuses années « on a su (…) accepter le gel de salaire mais ça c’est hyper important pour le salarié ». Endossant le rôle de la Pythie ou de Cassandre, la dirigeante d’Otahi prophétise déjà à terme une disparition du CDI, synonyme de « rupture de la paix sociale ».

L’accueil sibérien réservé aux propositions patronales se retrouve à la CSIP, dont le 1er secrétaire adjoint Cyril Le Gayic annonce que son syndicat est lui aussi « très réticent sur les créations de ces CDD ». Lui non plus il ne parvient pas à visualiser un avenir au CDD rénové, estimant que l’objectif que veut atteindre le patronat via ce texte « n’est pas du tout clair ».

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