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L'attentat de Nice revendiqué par l'EI, son auteur radicalisé rapidement et récemment

Nice (AFP) – Un basculement vers l’islam radical qui semble s’être opéré « très rapidement » et récemment : après la revendication par les jihadistes de l’Etat islamique de l’attentat de Nice qui a fait 84 morts le 14 juillet, les enquêteurs s’attachaient samedi à cerner le profil du tueur.

Frappée par une tuerie de masse pour la troisième fois en 18 mois, avec un bilan global de 231 morts, la France a entamé un deuil national de trois jours, qui culminera lundi avec une minute de silence à 12H00.

 « Il semble » que Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, le chauffeur-livreur tunisien de 31 ans qui a foncé au volant d’un poids lourd sur la foule qui assistait au feu d’artifice de la fête nationale sur la Promenade des Anglais, se soit « radicalisé très rapidement », a dit samedi Bernard Cazeneuve.

Le ministre de l’Intérieur a évoqué « un attentat d’un type nouveau », sans armes lourdes ni explosifs, qui « montre l’extrême difficulté de la lutte antiterroriste ».

Cinq personnes de l’entourage de l’auteur de la tuerie – son ex-épouse et quatre hommes – étaient toujours en garde à vue, selon une source judiciaire.

Les auditions évoquent un basculement « récent » vers « l’islam radical », selon des sources policières, sans toutefois que l’organisation Etat islamique ne soit, à ce stade, mentionnée.

– « Appels permanents au meurtre » –

Le tueur « est un soldat de l’État islamique » qui a agi « en réponse aux appels lancés pour prendre pour cible les ressortissants des pays de la coalition qui combat l’EI », a affirmé samedi l’agence Amaq. Liée au groupe jihadiste, celle-ci avait déjà revendiqué les attentats parisiens du 13 novembre 2015, les plus meurtriers jamais commis en France, avec 130 morts.

Si cette revendication semble « vague », des experts, interrogés par l’AFP, soulignent que Daech ne s’est jamais jusqu’ici attribué des attaques de manière « opportuniste ».

Le procureur de Paris François Molins, à la tête du parquet antiterroriste saisi de l’enquête, avait relevé dès vendredi que l’attaque correspondait « très exactement aux appels permanents au meurtre » des groupes jihadistes. Au premier rang desquels l’EI, qui incite à commettre des attaques avec les moyens du bord, comme, par exemple, des voitures.

L’homme n’était pas signalé pour une quelconque radicalisation. Il était en revanche connu de la justice pour des « faits de menaces, violences, vols et dégradations commis entre 2010 et 2016 ».

Père de famille en instance de divorce, Lahouaiej-Bouhlel avait fait une dépression au début des années 2000 et n’avait pas de lien avec la religion, a affirmé à l’AFP son père en Tunisie. « Il devenait colérique, il criait, il cassait tout ce qu’il trouvait devant lui ». Il est également décrit par ses voisins à Nice comme n’ayant aucune pratique religieuse affichée, taciturne, violent, notamment envers son ex-femme.

– Fortes critiques de l’opposition –

« Nous n’en avons pas terminé » avec le « terrorisme », a prévenu François Hollande vendredi, annonçant une prolongation pour trois mois de l’état d’urgence, instauré après le 13 novembre et qui devait s’achever le 26 juillet.

Samedi, à l’issue d’une réunion ministérielle à l’Élysée, le chef de l’Etat a lancé un appel à la « cohésion » et à « l’unité » nationale, alors que le semblant de concorde qui avait suivi les attaques jihadistes de janvier et novembre 2015 a fait long feu.

« Je voudrais savoir ce qui était pris comme mesure en situation de guerre, en état d’urgence, pour que l’on ne tue pas avec cette arme-là dans une grande ville de France », a ainsi demandé samedi Christian Estrosi, président Les Républicains de la région Paca, en écho aux critiques de plusieurs figures de l’opposition.

La présidente du FN Marine Le Pen a de son côté dénoncé samedi les « carences gravissimes de l’Etat » dans la « protection de nos compatriotes ».

L’ex-président Nicolas Sarkozy a, lui, estimé que le moment viendra « bientôt » de « dire les choses », et surtout de « les faire ».

A ces critiques, Bernard Cazeneuve a répondu samedi que « La police nationale était présente et très présente » à Nice.

– « On veut que ça s’arrête » –

Lahouaiej-Bouhlel a été abattu par la police au terme d’une course meurtrière de deux kilomètres sur la Promenade des Anglais – piétonisée pour permettre à 30.000 personnes d’assister au feu d’artifice -, après avoir forcé le barrage des forces de l’ordre.

Les enquêteurs ont retrouvé à bord du camion frigorifique de 19 tonnes, qu’il avait loué lundi, un pistolet avec lequel il a tiré sur des policiers, ainsi que des armes factices.

Dix enfants et adolescents ont été tués ainsi que plusieurs étrangers, dont trois Allemands, quatre Tunisiens et deux Américains. Samedi matin, seize corps demeuraient « encore non identifiés ».

Le bilan pourrait encore s’alourdir, car il y a plus de 200 blessés. A l’hôpital pédiatrique de Nice, où cinq enfants étaient samedi dans un état critique, le plus jeune des blessés n’a que six mois.

Sur la Promenade des Anglais, partiellement rouverte samedi, des passants venaient encore déposer des bouquets de fleurs et des messages, dans lesquels percent la peine et la colère. Parmi les bougies et les condoléances, on peut lire : « Assez de discours ! », « Marre des carnages dans nos rues ! « , « Arrêtons le massacre ! »

« On veut que ça s’arrête », a ansi lancé Danièle Rousseille, retraitée native d’Algérie, qui craint qu' »on arrive à une guerre civile ». Et qui attribue clairement la responsabilité « aux fanatiques », à « toutes ces religions » qui « nous disent comment on doit s’habiller ».

Des passants sur la Promenade des Anglais où les drapeaux ont été ramenés à mi-mât, le 16 juillet 2016 à Nice . © AFP

© AFP Valery HACHE
Des passants sur la Promenade des Anglais où les drapeaux ont été ramenés à mi-mât, le 16 juillet 2016 à Nice

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