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L’Autorité polynésienne de la concurrence s’attaque à l’importation et la distribution

L’Autorité polynésienne de la concurrence (APC) a publié vendredi son « avis relatif aux mécanismes d’importation et de distribution en Polynésie française »,  résultat d’une autosaisine qu’il aura fallu plus de trois ans pour livrer. Un rapport de 122 pages qui examine la structure des prix en Polynésie française, que Radio1 va détailler toute la semaine. Pour commencer, les chiffres.

C’était la première autosaisine que l’Autorité de polynésienne de la concurrence a voulu faire, à sa création en 2016. Mais l’étude sur l’importation et la distribution des produits de consommation courante avait été repoussée par le calendrier chargé de l’APC, qui se doit de donner la priorité aux saisines du gouvernement, et par un service d’instruction qui n’a pas toujours été au complet. Ce n’est que début 2019, confie le président de l’APC Jacques Mérot, que l’autorité a pu reprendre ses travaux, notamment soumettre les principaux acteurs à des auditions et des questionnaires, et mettre en place une consultation publique qui a eu lieu du 14 juin au 15 juillet dernier.

Le territoire ultramarin le plus cher de la République

Selon les enquêtes de l’ISPF, en 2016 le prix du « panier » moyen polynésien était plus élevé de 38,5% que le même panier en métropole (+33% en Nouvelle-Calédonie, +12,5% en Guadeloupe, +7,1% à La Réunion), faisait de la Polynésie française le territoire ultramarin le plus cher de l’ensemble français.

« Ces écarts sont croissants et particulièrement élevés pour les produits alimentaires, dont les prix ont augmenté de 47% depuis 2007, note l’APC, ce qui affecte plus sensiblement encore le pouvoir d’achat des ménages les plus modestes, pour lesquels ces produits représentent une part importante de leur budget (plus de 30% contre 12% pour les ménages les plus aisés) ». Après une courte pause en 2018 due à la baisse des prix des produits de la mer,« l’inflation des produits alimentaires est repartie en 2019 ».

La réglementation des prix (produits de première nécessité et produits de grande consommation), des protections de marché élevées et le développement de la grande distribution « n’ont donc pas permis de modérer les prix payés par les ménages polynésiens, » écrit l’APC.

La marge des distributeurs représente 44% du prix total  

L’Autorité polynésienne de la concurrence détaille la structure de coût des produits. Le prix d’achat initial ne représente que 27% du prix total d’un produit. Les coûts de transport représentent 8%, les droits et taxes d’importation 8% également :« L’éloignement et l’isolement de la Polynésie française ne suffisent pas à expliquer la totalité des surcoûts ».La TVA représente 13% en moyenne. Reste 44%, imputables à la marge commerciale des distributeurs – importateurs-grossistes et détaillants.

Trois types de facteurs en jeu

L’APC examine ensuite les facteurs géographiques, en se penchant sur la provenance des produits, le transport international et ses relais locaux (port et acconiers), et même le facteur foncier. Puis viennent les facteurs réglementaires, avec les barrières tarifaires et non tarifaires (comme les quotas-, la réglementation des prix, l’effet de la défiscalisation locale et les restrictions aux investissements étrangers.,Enfin, vient la structure du marché, avec un examen de la production locale, des circuits d’importation, la situation des petits commerçants, et même « une faible  culture de la concurrence et des droits des consommateurs. »

Focus sur 4 problématiques et les recommandations de l’APC

L’Autorité polynésienne de la concurrence détaille ensuite 46 propositions « visant à dynamiser l’animation concurrentielle ». Radio1 vous présentera cette semaine cinq articles plus détaillés tirés de cet avis :

– La Taxe de développement local

– La politique agricole et les quotas

– Les exclusivités d’importation

– Le fret, le fonctionnement du port et l’acconage

– Les recommandations : et après ?

 

L’avis de l’Autorité polynésienne de la concurrence dans son intégralité :

Avis Mecanismes Importations Distribution by Fred Ali on Scribd

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2 Commentaires

  1. Ieronimox
    23 septembre 2019 à 11h02 — Répondre

    Voilà un excellent travail, qui mériterait d’être fait également en Nouvelle Calédonie.
    J’ai le sentiment pour avoir fait plusieurs aller-retour entre Nouméa et Papeete, que la Nouvelle Calédonie doit maintenant détenir le record sur la cherté de la vie (TGC et marges élevées). 44 % de marge sur les coûts des produits c’est excessif. Pas facile de réguler cela.

  2. motook
    23 septembre 2019 à 15h52 — Répondre

    Ne pas se leurrer, la grande distribution est protégée au détriment des simples particuliers. Il suffit regarder comment sont taxés les produits importés par les grandes entreprises (Grande distribution, concessionnaires auto et moto, tec …) et comment sont taxés ceux importés par les particuliers. Quelques exemples : 1 bouteilles de vin à 5,00€ est taxée à 2250 XPF alors qu’un professionnel sera taxé à 33% soit 1,65€. 1 bouteille de whisky à 20,00€ sera taxée à 4500 XPF pour un particulier mais pour un professionnel, la taxe sera de 31% soit 6,20€ (740 XPF). Il en est de même dans tous les domaines afin de protéger les importateurs et distributeurs qui se permettent de pratiquer des marges astronomiques. Nous sommes pris en otages et n’avons pas d’autres solutions que de nous servir chez eux. Il es est de même pour les voitures et tous autres produits que nous pourrions importer nous même. Le prix d’une voiture importée par un particulier est plus que doublé avec les différentes taxes, je doute qu’il en soit de même pour les concessionnaires car ils devraient vendre à perte.
    A quand une plus grande justice pour les consommateurs ? Mais est-ce que le gouvernement y serait favorable ? J’en doute.

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