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Le faux architecte échafaude sa défense

L'architecte non diplômé Philippe Leblanc comparaît au tribunal de Versailles. © MaxPPP

L’architecte non diplômé Philippe Leblanc comparaît au tribunal de Versailles. © MaxPPP

NUMEROBIS A LA BARRE – Après 30 ans d’exercice, un architecte comparait devant le tribunal correctionnel. Le parquet a requis un an de prison ferme.

Il exerce sans diplôme. Il a construit des écoles, des crèches et même une polyclinique. Ses bâtiments tiennent debout, pourtant, cet architecte de 60 ans comparaît devant le tribunal correctionnel de Versailles. Et pour cause, l’homme exerçait illégalement la profession car il n’a pas le diplôme requis. Au total, la justice lui reproche d’avoir perçu 926.000 euros d’honoraires entre 2009 et 2013. Pour parvenir à décrocher les marchés publics, l’escroc utilisait le numéro de son beau-frère, architecte en Lozère et inscrit à l’ordre de la profession.

« Une épée de Damoclès ». A la barre, le prévenu, barbe blanche et veste Prince de Galles sur ventre bedonnant, essaie de faire bonne figure malgré cette grosse bêtise qu’il traîne depuis 30 ans. « Je savais que j’avais une épée de Damoclès sur la tête (…) J’ai repoussé, repoussé, et je ne l’ai jamais fait », admet-il, expliquant s’être retrouvé « dans l’engrenage du travail ».

Rien ne s’est effondré… pour l’instant. Ce fils de médecin et ancien président du Lion’s Club de Mantes-la-Jolie, qui a appris le métier alors qu’il était encore étudiant au côté d’un architecte, n’était pas allé au bout de son cursus en architecture. Il ne lui manquait plus qu’à soumettre son mémoire de fin d’études pour espérer décrocher le diplôme et ainsi s’inscrire au tableau de l’ordre des architectes, le sésame pour apposer son tampon sur les permis de construire. Le prévenu affirme pourtant avoir la compétence, insistant sur son respect scrupuleux des budgets qui lui étaient alloués.

Un « travail satisfaisant ». Selon les deux communes pour lesquelles il travaillait, Philippe Leblanc a fourni « du travail satisfaisant ». C’est ce qu’a essayé de mettre en avant son avocat durant la séance. Mais certains clients ont néanmoins émis quelques doutes. Un couple de médecin et d’infirmière évoque ainsi des malfaçons coûteuses. A la suite d’un différend, ce couple avait mené son enquête et découvert avec stupeur que le prévenu était inconnu à l’ordre des architectes. Il avait porté plainte en 2012.

Mais que se passerait-il si un mur s’écroulait en 2020? « Les éventuels sinistres déclarés au titre de son activité d’architecte ne seront pas couverts, parce que M. Leblanc », qui se faisait passer comme ingénieur auprès des assureurs, « a dissimulé la réalité de son activité », ont répondu les avocats des assureurs, Me Capucine Bernier et Me Emmanuel Raynaud.

Un an de prison ferme requis. Certaines parties civiles ont demandé le remboursement d’honoraires et des dommages et intérêts en prévision d’un sinistre, de l’euro symbolique à 260.000 euros. Mais pour Me Fournier, aucune des huit parties civiles n’apporte la preuve d’un « désordre avéré » imputable à l’architecte. Soulignant « l’intention malveillante et frauduleuse » du sexagénaire, le ministère public a requis 3 ans de prison dont deux avec sursis et son exclusion pendant 2 ans des marchés publics. Le tribunal correctionnel de Versailles rendra sa décision le 1er septembre.

Source : Europe1

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