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Le Kremlin dément vouloir faire gagner Trump à la présidentelle américaine

Moscou (AFP) – Le Kremlin a démenti mercredi toute ingérence dans la campagne électorale américaine en réponse aux déclarations du président Barack Obama selon qui la Russie pourrait chercher à faire gagner le candidat républicain Donald Trump dans la course à la Maison Blanche.

En quelques jours, le climat de nouvelle Guerre froide qui caractérise depuis deux ans les relations entre Washington et Moscou a fait une entrée fracassante dans la campagne présidentielle aux Etats-Unis.

Le déclencheur ? Une vaste fuite d’emails de hauts responsables du parti démocrate, rendus publics par le site internet Wikileaks à la veille de l’ouverture de la convention démocrate et qui montrent le mépris de dirigeants du parti pour Bernie Sanders, l’ex-rival d’Hillary Clinton à la primaire démocrate. Rapidement, responsables démocrates et experts en piratage ont montré du doigt la Russie et ses redoutables hackers et accusé le Kremlin de chercher à nuire à Mme Clinton pour favoriser Donald Trump.

Mercredi, cela a été au tour de Barack Obama d’évoquer, certes prudemment, la piste russe : « Tout est possible », a-t-il dit, interrogé par la chaîne de télévision NBC sur l’éventuelle responsabilité de la Russie dans cette affaire.

« Ce que nous savons, c’est que les Russes piratent nos systèmes. Pas seulement ceux du gouvernement, mais aussi des systèmes privés », a-t-il ajouté.

Mais au-delà de l’éventuel piratage, c’est la question de la préférence présumée de Vladimir Poutine pour Donald Trump que le président américain a imposée dans le débat.

« Je pense que Trump a bénéficié d’une couverture plutôt favorable en Russie », a déclaré M. Obama, avant de rappeler que le milliardaire « a exprimé son admiration pour Vladimir Poutine à plusieurs reprises ».

« Je n’ai rien à voir avec la Russie », s’est pour sa part défendu mercredi devant la presse Donald Trump, soulignant qu’il n’avait jamais rencontré le chef de l’Etat russe.

Quant au Kremlin, sa réponse, par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov, a été ferme : « Le président Poutine a dit à plusieurs reprises que la Russie ne s’était jamais ingérée et ne s’ingère pas dans les affaires intérieures (d’un pays), surtout pas dans les processus électoraux d’autres pays ».

Moscou fait « très attention à éviter toute action, toute parole pouvant être considérée comme une ingérence directe ou indirecte dans la campagne électorale », a martelé le porte-parole.

 – Cheval de Troie de Poutine ? –

Selon le New York Times, les agences de renseignement américaines ont la « forte conviction » que le gouvernement russe est bien derrière ces fuites, mais ignorent si cette affaire relève d’un espionnage de routine ou si elle fait partie d’une opération visant à influer sur la présidentielle.

Des experts mettent en garde contre les assertions trop rapides et rappellent que des pirates informatiques ont pu camoufler l’attaque pour faire accuser les Russes.

A l’origine du scandale, le fondateur de WikiLeaks Julian Assange a refusé de dévoiler ses sources. « Peut-être que la ou les sources sortiront de l’ombre. Ce pourrait être un moment intéressant, certaines personnes pourraient se retrouver dans l’embarras », a-t-il relevé dans un entretien avec CNN.

Plusieurs médias américains ont voulu faire de Donald Trump le cheval de Troie de Vladimir Poutine, en voulant pour preuve les déclarations bienveillantes du candidat républicain à l’égard de ce dernier et soulignant la communauté de vues entre les deux hommes.

Vladimir Poutine s’est exprimé à deux reprises sur le candidat républicain. En juin, il a salué sa volonté de rétablir entièrement les relations entre Moscou et Washington. En décembre, il l’avait qualifié d' »homme brillant et plein de talent ».

En outre, traditionnellement, l’histoire des relations entre Moscou et Washington montre que les Russes apprécient un pragmatisme supposé des Républicains.

« Un gouvernement républicain ne se donne pas pour objectif l’ingérence dans les affaires des autres pays, la lutte pour les droits de l’Homme, et en ce sens, il est plus facile de négocier avec les Républicains », explique à l’AFP l’analyste politique indépendant Nikolaï Petrov.

Par ailleurs, la position de Donald Trump sur la crise des réfugiés, sur un désengagement des Etats-Unis du Proche-Orient ou même d’Europe, a en théorie de quoi plaire à Moscou. A contrario, si Vladimir Poutine n’a jamais manqué de critiquer Hillary Clinton, elle a le mérite pour la Russie d’être connue, avec son passage au Département d’Etat, et donc plus prévisible que le milliardaire.

Le candidat républicain à la Maison Blanche Donald Trump à Cleveland, aux Etats-Unis, le 21 juillet 2016. © AFP

© AFP/Archives JIM WATSON
Le candidat républicain à la Maison Blanche Donald Trump à Cleveland, aux Etats-Unis, le 21 juillet 2016

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