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Le « maquis inextricable » des primes de l’administration

Dans un rapport que Radio 1 s’est procuré, la chambre territoriales des comptes passe au crible le fonctionnement de l’administration sous les gouvernements Temaru, Flosse et Fritch entre 2013 et 2018. Parmi les points noirs de ce rapport, le « maquis inextricable » des primes et indemnités des agents. Un régime « inopérant » qualifié lors de débats à l’assemblée en 2017 « d’héritage de privilèges surannées susceptibles d’alimenter un vent de fronde de tout bord ».

Dans son dernier rapport consacré au fonctionnement de l’administration polynésienne entre 2013 et 2018, que Radio 1 s’est procurée, la chambre territoriale des comptes tacle sévèrement ce qu’elle appelle le « maquis inextricable » des primes et indemnités versées aux agents de l’administration territoriale. Une problématique récurrente pour l’administration, mais qui n’a jamais été réformée malgré les « annonces » en ce sens.

Aujourd’hui, pas moins de « 66 primes et indemnités » différentes coexistent dans l’administration locale. Et si elles représentent un total de 2 milliards de Fcfp chaque année -soit 7% de la masse salariale totale de l’administration- elles ne bénéficient qu’à un tiers des agents. Autre signe de l’énorme disparité dans le versement de ces primes au sein de l’administration, dans certains services comme la Direction des impôts et des contributions (95 agents), le niveau moyen des primes dépasse les 2 millions de Fcfp par agents et par an ; alors que pour d’autres comme la Direction générale des ressources humaines (85 agents) par exemple, le niveau moyens des primes atteint 4 690 Fcfp par an…

La chambre territoriale des comptes rappelle que cette disparité fait l’objet de débats réguliers. A l’assemblée en 2017, ce système des primes et indemnités avait été qualifié « d’héritage de privilèges surannées susceptibles d’alimenter un vent de fronde de tout bord ».

Le « dérapage » des indemnités de sujétions spéciales

La juridiction financière s’étonne également du « dérapage » dans l’octroi des « indemnités de sujétions spéciales ». En théorie, ces indemnités relèvent de « situations particulières » pour des agents aux « compétences et aptitudes particulières ». En réalité, ces primes peuvent être octroyées en toute liberté par le président du Pays, sans critères objectifs définis.

Le rapport révèle qu’entre 2012 et 2017, la charge financière de ces primes de sujétions a doublé ! Elle est passée de 206 à 424 millions de Fcfp. La chambre regrette que cet outil tende à devenir « systématique pour certains services » alors qu’il devrait distinguer le niveau de « responsabilité, compétences ou conditions de travail particulières ». C’est le cas des agents de la Direction de l’aviation civile ou des agents mis à disposition des cabinets ministériels. Pour ces agents, les indemnités de sujétions n’ont plus rien de spéciales, puisqu’elles sont octroyées « de droit ».

Les « services à primes »

La chambre évoque également les « effets pervers » du versement systématique des indemnités dans les « services à primes » : la Direction du budget (DBF), la Direction des affaires foncières (DAF) et la Direction des impôts (DICP). Les agents y bénéficient de primes et indemnités automatiques du simple fait de leur affectation dans l’un de ces trois services. Un système qui freine la mobilité des agents et qui annihile le principe des primes.

A propos de la DAF, l’assemblée indiquait en 2017 dans un rapport : « l’octroi d’un régime indemnitaire à une seule partie du personnel est une source importante de démotivation voire de dévalorisation, il est source de conflits et de revendication récurrentes. Il freine toute mobilité du personnel ».

L’urgence de réformer

Pour la chambre territoriale des comptes, ce régimes de primes et indemnités est « axé vers le seul développement de la rémunération des agents » et conduit la Polynésie à « se priver d’un important levier de gestion des ressources humaines ». Elle dit néanmoins espérer qu’une étude demandée fin 2017 par l’actuel président du Pays puisse enfin « permettre de réformer ce régime indemnitaire inopérant ».

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12 Commentaires

  1. Marouo
    4 février 2019 à 20h00 — Répondre

    Aller passer des concours d’abord !! Si ces postes sont réservés aux meilleurs lauréats c’est normal de leur donner des primes comme le font les grandes entreprises privées. Mais pour tous les autres qui sont là sans avoir passer de concours là non ce n’est pas normal.

    • maraamu
      4 février 2019 à 23h19 — Répondre

      C’est l’argent public. Ces agents ne créent aucune richesse et n’ont donc pas à toucher des « dividendes ».

      • djah love
        5 février 2019 à 9h30 — Répondre

        Exact!!! je suis fonctionnaire et je ne trouve pas normal l’existence encore en 2019 de toutes ces primes réservées à une « caste »!!!

  2. 4 février 2019 à 20h17 — Répondre

    Scandaleux !

  3. Iritahua
    5 février 2019 à 6h21 — Répondre

    Un pourri sort, remplacé par un autre et par un autre, c’est un pas de vis sans fin, pendant que la population galère dans les petits emplois et le CAE. Une grande félicitation à l’administration dans l’espérance de pouvoir garder son fauteuil de velours. On pourrai dire que ce dernier fait des économies.

  4. PAT
    5 février 2019 à 7h40 — Répondre

    2 millions de primes aux impôts ????? c’est plus qu’un smic annuel net quelle honte déjà qu’ils ont des salaires indexés a quand les gilets jaunes il y a un moment ou il faut dire stop à toutes ces pratiques sinon la société polynésienne va imploser l’écart entre les plus riches et les plus pauvres est de plus en plus criant

    • djah love
      5 février 2019 à 9h31 — Répondre

      D’accord avec toi!!! Mettons nos pareo jaunes!!!

  5. gaston
    5 février 2019 à 11h19 — Répondre

    Avec quel argent sont rémunéré les administrations local .C’est cette question qu’il faut poser au gouvernent ? Surpris d’apprendre que la CPS a plus de 400 employés pour 60 000 Cotisants et ont parle du numérique Chercher l’erreur .Heureusement que la france est la autrement c’est fini pour nous .Je me rend compte que les politiques sont plein de bonnes intentions ,cependant ils n’innovent pas ils font des copier coller de ce qu’il ce fait en France ce sont des politiques ils n’ont aucune connaissance dans l’entreprenariat .Ou si il en eu le boulot leurs tombaient tous cru dans la bouche .Il y a de moins en moins de boulot et plus de fonctionnaires .Pour faire avancer le bateau il faut viré tous ce beau monde que soit de droite ou de gauche et repartir avec du sang neuf

  6. GERARDIT
    5 février 2019 à 12h27 — Répondre

    Il y a pire, c’est l’administration française (copiée-collée ici en Polynésie) notamment tous les services des finances qui s’en mettent plein les poches en toute illégalité selon la Cour des Comptes dont les magistrats et personnels ne sont pas en reste non plus !!! D’ailleurs le président et les magistrats de la chambre des comptes locale bénéficient de primes astronomiques indexées de surcroit. Pour rire, demandons leur de donner le montant annuel de leurs rémunérations primes incluses dans un souci de transparence !!!!!! ça montrera que cette CTC est du genre « faites ce que je dis mais surtout pas ce que je fais ».

  7. Jurassiens
    7 février 2019 à 16h04 — Répondre

    … combien touchent en primes les fonctionnaires de la chambre territoriale ?

  8. TERAI
    11 février 2019 à 18h00 — Répondre

    on aurait du injecter ces primes pour renflouer l’assurance maladie.

  9. TAATA
    12 février 2019 à 13h08 — Répondre

    Supprimer toutes les primes et les avantages il faut arrêter de gaspiller l’argent des contribuables ce n’est pas normal d’avoir autant de primes avec toutes ses primes on peut créer de l’emploi

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