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Le méga contrat du RER devrait échoir à Alstom-Bombardier

Paris (AFP) – L’affaire de Belfort pourrait bien avoir rebattu les cartes dans la course au méga contrat du RER nouvelle génération: le consortium franco-canadien Alstom-Bombardier est désormais seul en lice, leur rival espagnol CAF ayant été éliminé malgré une offre moins coûteuse.

Le constructeur ferroviaire CAF a confirmé mercredi à l’AFP avoir reçu il y a quelques jours un courrier de la SNCF « lui signifiant qu’il ne pourra « pas participer à l’offre finale du fait d’une évaluation négative de (ses) capacités » de construction de trains, jugée insuffisante par la compagnie publique, selon Francis Nakache, directeur général de CAF en France.

Bombardier, de son côté, se prépare à remettre son offre définitive, dans le cadre du consortium qu’il a formé avec Alstom pour remporter ce contrat. « On nous a demandé de la remettre pour le 7 novembre », a indiqué une porte-parole du constructeur canadien.

Ce contrat pour le RER nouvelle génération est l’un des plus importants dans l’histoire du rail français. Il porte sur la fourniture de 271 trains, pour 3,7 milliards d’euros, financés intégralement par le Syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif).

Alstom et Bombardier sont désormais assurés de remporter cette méga commande, sauf énorme rebondissement, alors que CAF, avec un prix inférieur d’environ 15% à celui proposé par ses concurrents, paraissait pourtant comme le grand favori.

Mais l’annonce début septembre de la quasi-fermeture de l’usine Alstom de Belfort, puis son sauvetage à coups de commandes de TGV par la SNCF pour équiper des lignes classiques, sous la pression du gouvernement, semble avoir changé la donne. Un spécialiste du ferroviaire a indiqué à l’AFP, sous couvert d’anonymat, que « le politique a joué un rôle très important là-dedans ».

Et selon la lettre spécialisée Mobilettre, qui avait révélé l’élimination de CAF vendredi, « en appuyant sur la question de la capacité industrielle, la SNCF a saisi in extremis le seul et mince critère disponible pour inverser la tendance ».

La compagnie ferroviaire publique, après un audit de dernière minute, a donc jugé que le constructeur espagnol ne serait pas en mesure de livrer 70 rames par an.

Faux, répond l’intéressé: « Nous avons démontré que nous sommes capables de faire des grandes productions (…). C’est pour ça que nous ne sommes pas tout à fait d’accord, c’est un euphémisme, pour dire que nous n’avons pas les capacités de production ».

– Éviter un recours –

CAF promettait 500 à 600 embauches pour faire tourner à plein son usine de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), qui compte aujourd’hui une centaine de salariés. Les RER y auraient été produits en partie, le reste dans ses usines espagnoles. 

Le constructeur explique que ses salariés, côté français, sont « inquiets pour leur avenir », car le site a « une visibilité zéro » sur sa production à partir du printemps 2018.

« Nous ferons ce qu’il faudra faire pour essayer d’éviter » des licenciements, affirme M. Nakache.

A l’inverse, Alstom et Bombardier, qui ont déjà construit ensemble des métros, des RER, et même des TGV, comptent sur ce contrat pour faire travailler leurs usines respectives de Petite-Forêt et Crespin (Nord), distantes d’une quinzaine de kilomètres, et qui comptent 1.200 et 2.000 employés. Le méga contrat fera également travailler six autres sites d’Alstom.

C’est donc une bonne nouvelle pour les employés du consortium. Le président de Bombardier Transport France, Laurent Bouyer, avait lui-même récemment averti que si CAF remportait l’appel d’offres, cela entraînerait « une catastrophe pour la filière ferroviaire française ».

L’allemand Siemens, initialement candidat, avait lui rapidement jeté l’éponge.

Selon Mobilettre, la SNCF pourrait verser un dédommagement à CAF « pour éviter un recours » du groupe espagnol.

A ce sujet, s’il n’exclut pas la possibilité d’un recours, Francis Nakache note néanmoins que « traîner nos clients publics devant les tribunaux, c’est commercialement assez mal aisé ». Il table plutôt, pour faire tourner l’usine pyrénéenne, sur d’autres appels d’offre en cours, notamment pour des tramways en Ile-de-France.

Alstom et Bombardier ont désormais jusqu’à fin décembre pour négocier avec la SNCF, avant l’attribution du marché attendue début janvier.

Bombardier se prépare à remettre son offre définitive, dans le cadre du consortium qu'il a formé avec Alstom pour remporter ce contrat.. © AFP

© AFP/Archives ERIC PIERMONT
Bombardier se prépare à remettre son offre définitive, dans le cadre du consortium qu’il a formé avec Alstom pour remporter ce contrat.

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