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Le pape va en Pologne pour rencontrer les jeunes et parler des migrants

Cracovie (Pologne) (AFP) – Le pape François a quitté Rome mercredi pour aller aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) en Pologne, où il abordera également la question délicate de l’accueil des migrants.

Symbole, à son départ du Vatican, le pape a été salué par une quinzaine de jeunes migrants récents, neuf garçons et six filles, qui n’ont pas encore obtenu de documents d’identité permettant de voyager à l’étranger. Ceux-ci lui ont souhaité bon voyage et assuré de leur participation « spirituelle » aux JMJ.   

L’avion papal était attendu vers 16H00 (14H00 GMT) à Cracovie, où des foules de jeunes catholiques du monde entier sont déjà réunis, dans une ambiance assombrie par le meurtre mardi par des jihadistes d’un prêtre dans une église en France.

Mais la foule risque d’être moins importante qu’initialement prévu, selon toute vraisemblance à cause de craintes d’attentat.

Plus de deux cent mille personnes ont assisté mardi à la messe d’ouverture des Journées mondiales de la jeunesse, célébrée par le cardinal archevêque de Cracovie Stanislaw Dziwisz, a déclaré le chef de la police nationale Jaroslaw Szymczyk, alors que les organisateurs s’attendaient à un demi-million.

Près de quatre cent mille pèlerins s’étaient officiellement inscrits pour ce « Woodstock catholique » inventé par Jean Paul II, mais « la série d’attentats en Europe a pu avoir un impact néfaste » sur la participation, reconnaît le président de l’agence catholique polonaise KAI Marcin Przeciszewski, dans une déclaration à l’AFP.

Mais il compte toujours sur l’arrivée massive de participants non inscrits qui viendront surtout de Pologne à la rencontre du souverain pontife.

L’attaque jihadiste survenue mardi dans une église en France et l’assassinat d’un prêtre âgé, ont quelque peu affecté l’ambiance festive des JMJ, même si les participants affichaient leur énergie et leur enthousiasme, malgré la pluie qui leur a fait endosser des ponchos de plastique multicolores. 

Cette attaque risque de rendre le message d’ouverture de François, essentiellement envers les migrants, encore plus inaudible auprès des dirigeants conservateurs et des évêques.

Il doit s’entretenir avec le président polonais, le conservateur Andrzej Duda, au château royal de Wawel à Cracovie, avant une rencontre à huis clos avec les évêques du pays dans la cathédrale.

Mais dans la patrie de Jean Paul II, le pape amateur de tango et défenseur d’une « Eglise des pauvres » a du mal à se faire entendre.

 – Pour une Eglise compatissante –

Nostalgiques du charismatique Jean Paul II, pape de 1978 à 2005 salué pour son rôle dans la chute du communisme, les mouvements catholiques ultra-conservateurs, très présents en Pologne, voient d’un mauvais oeil les efforts de François en faveur d’une Eglise plus souple et compatissante.

Selon le vaticaniste Christopher Lamb, beaucoup d’évêques poloonais « sont en désaccord avec la direction de ce pontificat », et en particulier les appels à ouvrir les portes des églises aux « pécheurs », comme les mères célibataires ou les divorcés remariés, écrit-il dans The Tablet.

Sur le plan politique, les gestes du pontife argentin en faveur des migrants, y compris musulmans, passent mal dans un pays où, en phase avec une bonne partie de la société, la Première ministre Beata Szydlo, conservatrice et catholique affirmée, ne veut pas de réfugiés, évoquant des raisons de sécurité.

L’assassinat d’un prêtre français fournit indirectement un nouvel argument à Varsovie. 

Dans un message à l’Eglise locale, le pape s’est dit « bouleversé » par cette violence intervenue pendant une messe.

A Cracovie, beaucoup de jeunes assurent ne pas craindre un attentat mais les autorités, plus inquiètes, n’ont pas lésiné sur les moyens: 20.000 policiers, 9.000 pompiers, 800 membres du service de protection du gouvernement et 11.000 gardes-frontières ont été mobilisés pour assurer la sécurité lors des grands rassemblements prévus jusqu’à dimanche.

En marge des JMJ, le pape visitera jeudi le sanctuaire marial de Czestochowa et vendredi l’ancien camp de concentration d’Auschwitz, où environ 1,1 million de personnes, dont un million de juifs, ont été assassinées par les nazis.

La visite doit s’achever par la traditionnelle veillée de prière samedi et la messe dimanche, avec pour les jeunes participants une nuit à la belle étoile.

Le pape François embarque à l'aéroport de Rome-Fiumicino pour se rendre en Pologne, le 27 juillet 2016. © AFP

© AFP Marco ZEPPETELLA
Le pape François embarque à l’aéroport de Rome-Fiumicino pour se rendre en Pologne, le 27 juillet 2016

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