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Le « pays souverain associé à la France », star de la campagne du Amuitahiraa

©CP/Radio1

Gaston Flosse a présenté officiellement, ce jeudi matin, les candidats aux élections législatives du Amuitahiraa O Te Nunaa Maohi et leurs suppléants, ainsi que l’axe principal des campagnes qui s’annoncent : le « pays souverain associé à la France », marchepied vers l’indépendance pleine et entière.

Sur la 1ère circonscription, le candidat est « le vieux qui vous parle, là », déclare un Gaston Flosse très en forme, mais qui doit attendre la décision de la Cour de Cassation pour confirmer sa candidature (lire encadré ci-dessous). Sa suppléante est Lydia Nouveau, dont la dernière apparition en politique remonte à sa candidature auprès de Christian Vernaudon aux dernières élections sénatoriales. Sur la 2e circonscription, c’est le maire délégué de Vairao (Taiarapu-Ouest) Jonathan Tarihaa, dont la suppléante est Juliette Tehuhuatua qui préside la fédération Amuitahiraa  de Tubuai, et sur la 3e circonscription, Tauhiti Nena, dont le suppléant est Martial Teroroiria, maire délégué de Patio (Tahaa).

Le thème principal de la campagne, c’est bien sûr l’idée de révolution statutaire que développe Gaston Flosse depuis quatre ans, le pays souverain associé à la France. L’autonomie, « on peut dire quand même que ça a été une réussite sur le plan politique, du moins pendant un certain temps » – jusqu’à ce que Jacques Chirac quitte le pouvoir, après quoi, dit Gaston Flosse, les gouvernements successifs n’ont fait que rogner les prérogatives de la Polynésie : « Si nous continuons, nous allons devenir un département. L’autonomie est en bout de course. » Et l’objectif final est bien l’indépendance, mais le tiamara’a orange n’est pas le tiamara’a bleu ciel. « On ne peut pas passer directement à la souveraineté, » soutient le Vieux lion, pour des raisons institutionnelles, de moyens humains aussi, mais « surtout financières, c’est là où nous avons quelques problèmes », euphémise-t-il. Pas non plus question de recourir aux bons offices de l’ONU pour accéder à l’indépendance, le processus  prévu est strictement bilatéral.

Le pays souverain associé à la France est donc vu comme une étape intermédiaire, durant laquelle « on demandera à la France de gérer certains domaines » et d’en assumer le coût, estimé à « environ 118 milliards » par an pour la sécurité, les communes et l’enseignement supérieur. La durée exacte de cette période de transition ? « Personne ne peut le dire ».

Est-ce que la France acceptera ? Gaston Flosse table sur les ambitions françaises dans l’Indo-Pacifique qui nécessitent d’avoir un pied dans la région, et sur les richesses sous-marines polynésiennes que la France ne voudrait pas voir lui échapper. Et « si la France n’accepte pas, nous irons rencontrer d’autres nations, et il y en a qui sont très intéressées… mais la France acceptera », assure-t-il.

« Il va vraiment falloir cravacher »

« La première condition pour enclencher ce processus, c’est que le Amuitahiraa gagne au moins deux des trois sièges à l’Assemblée nationale ».  Et puis il faudra gagner les territoriales en 2023.

« Bien sûr, s’il y avait une alliance avec Oscar Temaru, ça ne poserait aucun problème, dit Gaston Flosse en rappelant que le total des voix orange et bleues en 2018 était supérieur aux voix du Tapura, mais il n’y a pas d’alliance pour l’instant, il va vraiment falloir cravacher ». La présence ce matin de Christiane Kelly, du Tavini de Moorea, préfigure-t-elle cette alliance ? Elle assure « tout faire » dans ce sens. Oscar Temaru « refuse catégoriquement l’association avec la France », rappelle Gaston Flosse.

Une fois ces menus détails résolus, au dernier trimestre 2023, les députés orange déposeraient donc un vœu à l’Assemblée nationale pour demander au Président de la République d’organiser le référendum d’autodétermination en Polynésie. Début 2024, ils demanderaient audience au Président pour lui faire part de ce projet.

Il y a « quand même un petit problème constitutionnel » : l’article 88 de la Constitution de 1958 qui limite la possibilité de la France de passer des accords d’association aux seuls états vraiment souverains. Il faudrait donc le modifier avant, « ça simplifierait les choses ». Gaston Flosse envisage ensuite une période de deux ans, le temps de parcourir la Polynésie pour expliquer le processus et rédiger la future Constitution polynésienne, sur laquelle le Amuitahiraa est « déjà en train de réfléchir ». Il a déjà écrit la question du référendum, prévu en « 2026-2027 » : « Voulez-vous que la Polynésie française devienne un état souverain associé à la France, et approuvez-vous sa Constitution ? »  « Donc il y a du pain sur la planche », conclut Gaston Flosse.

 

Présidentielle : le Amuitahiraa ne sait pas encore à quel candidat se vouer

Gaston Flosse regrette que Valérie Pécresse n’ait pas répondu à son courrier, envoyé dit-il sans savoir que Marcel Tuihani faisait un « forcing farouche » du siège des Républicains à Paris : « Peut-être qu’ils n’avaient pas regardé ses résultats aux dernières élections, 400 voix aux municipales… » ironise-t-il. De toute façon, la candidate avait marqué, avant le 3e référendum en Nouvelle-Calédonie, son opposition à l’indépendance des Outre-mers, dit-il.

Un représentant de Jean-Luc Mélenchon est également venu à sa rencontre pour lui demander de soutenir la candidature du leader de La France insoumise, mais celui-ci « ne s’est jamais intéressé aux Outre-mers et à la Polynésie ». Recalé aussi. Reste donc, parmi les candidats déclarés, Marine Le Pen ou Éric Zemmour.

Gaston Flosse assure que le Amuitahiraa « choisira quelqu’un » à soutenir : « Ce n’est pas dans nos habitudes de laisser un libre choix ».

 

La candidature de Gaston Flosse suspendue à la décision de la Cour de Cassation

Dans l’affaire de la citerne d’Erima, en décembre 2020 la cour d’appel de Papeete avait alourdi de 3 à 5 ans la peine d’inéligibilité de Gaston Flosse. Celui-ci s’est pourvu en cassation et la décision est attendue pour le 12 janvier. Son avocat estime que l’affaire, qui concerne des faits entre 1989 et 2008, devrait être prescrite. En matière de détournement de fonds publics la prescription est réputée être de 12 ans, mais le point de départ de ce délai fait débat depuis longtemps en droit français. Selon Gaston Flosse, la Cour de Cassation aurait demandé l’avis du Premier ministre et du Conseil constitutionnel car elle aurait elle-même des doutes sur ce délai.

En attendant mardi prochain, Gaston Flosse ne révèle pas qui pourrait le remplacer sur la 1ère circonscription. C’est de toute façon le congrès, prévu le 29 janvier à Pirae après plusieurs reports, qui validera définitivement les candidatures ainsi que le nouveau nom du parti.

 

 

 

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1 Commentaire

  1. 7 janvier 2022 à 5h24 — Répondre

    Le « Vieux lion » se montre sous son vrai jour, le Présidence de Jacques Chirac l’avait mis sur le devant de l’actualité avec tous les avantages qu’il pouvait en retirer, mais au fond de lui il a toujours été sur la même ligne qu’Oscar Temaru, l’indépendance en objectif au final.
    « si la France n’accepte pas, nous irons rencontrer d’autres nations, et il y en a qui sont très intéressées… mais la France acceptera » attention la Chine pourrait être en attente pour venir rafler cette opportunité offerte, dans ce cas la Polynésie pourrait bien regretter cette indépendance tant rêvée par le Tavini. On connait la démocratie chinoise, il n’y a qu’à suivre l’actualité.
    « 

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