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Le paysage politique britannique ravagé par le Brexit

Londres (AFP) – L’onde de choc du Brexit a chamboulé le paysage politique britannique, avec le départ du Premier ministre David Cameron, l’abandon en rase campagne de Boris Johnson et le retrait de Nigel Farage. Reste Jeremy Corbyn qui s’accroche à la tête du Parti travailliste malgré la fronde de 80% de ses députés. Pour combien de temps?

« Ceux qui ont provoqué ce résultat (le Brexit) quittent la scène les un après les autres: Johnson, Farage, d’autres », a commenté mardi le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, les qualifiant « de +rétro-nationalistes+, pas de patriotes ». Car « les patriotes ne quittent pas le navire quand la situation devient difficile, ils restent »

Jason Ferguson, employé d’une maison de courtage londonienne, ne mâche pas non plus ses mots contre ces dirigeants qui, selon lui fuient, leurs responsabilités. « Les rats quittent le navire ». « Ils ne s’attendaient pas à ce que cela arrive (le Brexit). Et maintenant, ils se grattent la tête et se disent, vous savez quoi, je pars. C’est trop facile! », déclare à l’AFP l’homme de 38 ans qui a voté pour rester dans l’Union européenne.

Dès le résultat du référendum connu, le 24 juin, le Premier ministre conservateur David Cameron a annoncé qu’il démissionnait, laissant le soin à son successeur de déclencher officiellement la procédure de divorce d’avec l’UE, en activant l’article 50 du traité de Lisbonne.

S’il avait dit qu’il resterait aux commandes quel que soit le résultat, le départ de M. Cameron est logique. Il est celui qui a convoqué le référendum, il a milité ardemment pour rester dans l’UE et s’est donc trouvé désavoué.

La décision du champion du Brexit, Boris Johnson, de renoncer à briguer sa succession l’est moins.

– Un ‘prétexte’ – 

Celui à qui l’on prêtait depuis le plus jeune âge l’ambition de devenir un jour Premier ministre a décidé jeudi à la surprise générale que finalement non, il n’était pas l’homme de la situation. Et il a désigné un coupable: le ministre de la Justice Michael Gove, son allié pro-Brexit, qui lui a damé le pion en annonçant sa candidature deux heures avant lui.

Pour Jason Ferguson, Boris Johnson n’a jamais eu l’intention d’assumer les conséquences du séisme qu’il a contribué à provoquer et s’est servi de la trahison de Gove comme d’un « prétexte ».

Michael Gove a lui expliqué qu’il avait décidé de concourir parce qu’il s’était rendu compte que Boris Johnson n’était pas à la hauteur de la tâche.

Lundi, c’était au tour de Nigel Farage d’annoncer qu’il sortait les mains du cambouis du Brexit et quittait la tête de son parti europhobe Ukip, avec le sens du devoir accompli. « Mon objectif de sortir de l’UE est atteint (…) j’ai accompli ma mission », a-t-il claironné. Aux autres maintenant de négocier la sortie, donc. Mais il a promis de garder un oeil sur les négociations depuis son poste de député européen. 

– Les travaillistes au bord de l’implosion –

Pour le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici, cela prouve surtout « que les partisans du Brexit ne savaient pas ou ils allaient, qu’ils n’avaient pas de plan pour le jour du lendemain ». Cette décision, couplée à celle de Boris Johnson, « est un aveu d’irresponsabilité, un aveu d’échec », selon lui. 

Le Guardian met lui aussi en cause le sens des responsabilités de « deux des personnalités les plus directement responsables » du Brexit. « Où est le sens moral?  Celui de la responsabilité publique? Ces deux hommes semblent en être complètement dépourvus », écrit le journal. 

Au Parti travailliste enfin, le Brexit a provoqué une crise qui pourrait aboutir à un schisme, entre pro et anti-Jeremy Corbyn. Les députés et l’appareil du parti n’ont jamais digéré l’arrivée de ce gauchiste à leur tête en septembre, estimant qu’il n’était pas le bon candidat pour leur faire gagner les législatives de 2020. La révolte a éclaté au grand jour à la faveur du Brexit, au prétexte que Jeremy Corbyn n’a pas assez milité pour rester dans l’UE.

L’ex-responsable des entreprises de son cabinet fantôme, Angela Eagle, a menacé de contester son autorité s’il ne démissionnait pas. Mais pour l’instant, il tient bon, soutenu par sa garde rapprochée et la conviction qu’il a toujours l’approbation des militants et des syndicats. 

David Cameron lors d'une conférence de presse à Bruxelles, le 28 juin 2016. © AFP

© AFP/Archives PHILIPPE HUGUEN
David Cameron lors d’une conférence de presse à Bruxelles, le 28 juin 2016

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