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Le puissant ouragan Matthew s'abat sur les Bahamas

Miami (AFP) – Le puissant ouragan Matthew s’est abattu jeudi sur le centre des Bahamas avec des vents à 185 km/h et des pluies torrentielles, après avoir fait au moins 23 morts en Haïti, quatre en République Dominicaine et de nombreux dégâts à Cuba.

Des milliers d’Américains ont reçu l’ordre d’évacuer le littoral atlantique de la Floride où la dépression géante, sans doute la plus importante en dix ans, devait arriver dans la nuit de jeudi à vendredi, selon le centre américain de surveillance des ouragans (NHC). 

Au moins 23 personnes ont été tuées et trois sont portées disparues en Haïti selon un dernier bilan officiel provisoire qui ne comptabilise pas la Grande Anse. Ce département, qui se trouvait sur la trajectoire directe de l’ouragan, a été coupé du reste du pays pendant plus de 18 heures.  

« Nous avons pu brièvement entrer en contact avec la ville de Jérémie (chef-lieu du département) mais nous n’avons pas encore de nouvelles des autres communes », s’est inquiété mercredi le porte-parole de la protection civile haïtienne. Selon le président par intérim, Jocelerme Privert, « la situation des principales villes (haïtiennes) est catastrophique ».

De nombreux Haïtiens passant outre les recommandations de prudence, cherchent à tout prix à rallier le sud de l’île pour retrouver leurs familles.

– Larmes aux yeux –

A Léogane, à une trentaine de kilomètres de la capitale, toutes les rivières ont débordé mais George Irel, un jeune homme de 19 ans dont les proches vivent aux Cayes, traverse tout de même les cours d’eau pour les rejoindre. « Pendant toute la durée du cyclone, je ne pouvais pas les joindre au téléphone mais, depuis ce matin, les communications passent à nouveau », témoigne-t-il, les larmes aux yeux, « si content d’avoir entendu les voix » de ses parents. 

Très vulnérable aux aléas climatiques en raison de l’importante déforestation et peinant encore à se relever du violent séisme de 2010 qui avait fait plus de 200.000 morts, le pays le plus pauvre de la Caraïbe craint la résurgence du choléra, avec la signalisation de 8 nouveaux cas.  

Les vents et les pluies ont inondé près de 2.000 maisons, endommagé dix écoles, détruit d’importantes surfaces agricoles, des entreprises, des routes et des ponts. Plus de 21.000 personnes ont été évacuées dans des abris provisoires. 

Sur la côte est de Cuba, l’ouragan a déchargé toute sa fureur notamment sur Baracoa, la plus ancienne ville du pays dont « il ne reste que des ruines », selon des habitants. 

« Les maisons coloniales du centre qui sont si jolies ont été détruites », raconte à l’AFP Quirenia Peres, une employée de maison de 35 ans. Fondée il y cinq cents ans, la ville n’a déploré cependant aucune victime, selon le vice-ministre des Forces armées révolutionnaires, le général Ramon Espinosa. 

– Montée des eaux –

A 06H00 GMT jeudi, l’ouragan se situait à 160 km au sud-est de Nassau, la capitale des Bahamas où l’aéroport, tout comme ceux du reste de l’archipel, a été fermé. La dépression géante se trouvait à 480 kms de West Palm Beach en Floride, une station balnéaire à une centaine de kilomètres au nord de Miami. 

L’ouragan de catégorie 3 (sur une échelle qui en compte 5) devrait s’intensifier jeudi dans la soirée à mesure qu’il se rapprochera des côtes américaines, selon le NHC. 

Distribution de sacs de sable, péages levés et ouverture de refuges, la Floride, habituée aux tempêtes tropicales, se prépare frénétiquement. 

Barack Obama a averti qu’il s’agissait d’une « tempête sérieuse », appelant les Américains à la vigilance. Les gouverneurs de plusieurs Etats menacés ont décrété l’état d’urgence, mobilisant 500 militaires de la Garde nationale. 

« Si vous pouvez partir, faites-le maintenant », a déclaré mercredi le gouverneur de la Floride Rick Scott, en ordonnant d’évacuer, volontairement ou obligatoirement selon les comtés, les zones sur la trajectoire de l’ouragan. La Floride pourrait être « directement touchée » par le coeur de l’ouragan, a prévenu Rick Scott. 

« De hautes vagues provoquées par Matthew causeront une montée des eaux bien avant et bien au-delà de la trajectoire » de l’oeil de l’ouragan, selon les météorologues. « Il existe un risque d’inondations menaçant les vies humaines ces 36 prochaines heures le long de la côte Est de Floride ». 

Battues par les vents, plusieurs plages d’ordinaire fréquentées par de nombreux touristes étaient désertées mercredi, tandis que les bouteilles d’eau et conserves venaient à manquer sur les étalages de certains supermarchés.

Au nord de la Floride, en Caroline du Sud, déjà frappée en 2015 par de graves inondations, plus d’un million de personnes vivant près des côtes ont reçu l’ordre de se réfugier dès mercredi à l’intérieur des terres. L’armée américaine a mis à l’abri plusieurs navires et avions. 

Un homme, une femme sur son dos, traverse à pied la rivière du Petit Goave le 5 octobre 2016 à Port-au-Prince après le passage de l'ouragan Matthew. © AFP

© AFP HECTOR RETAMAL
Un homme, une femme sur son dos, traverse à pied la rivière du Petit Goave le 5 octobre 2016 à Port-au-Prince après le passage de l’ouragan Matthew

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