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Le réalisateur américain Michael Cimino est mort

Washington (AFP) – Le réalisateur américain de « Voyage au bout de l’enfer », Michael Cimino, est mort à l’âge de 77 ans, a-t-on appris samedi de sources concordantes.

La mort du scénariste et réalisateur a d’abord été annoncée par le directeur du festival de Cannes, Thierry Frémaux puis, plus tard, par le New York Times, citant un ami de Michael Cimino, l’ancien avocat Eric Weissmann. Les causes de la mort n’ont pas été précisées.

Michael Cimino a marqué le cinéma par son « Voyage au bout de l’enfer », film sur la guerre du Vietnam, lauréat de cinq Oscars en 1979 dont celui du meilleur film.

Né à New York le 3 février 1939 (date communément retenue faute de date officielle) d’un père éditeur de musique et d’une mère styliste, il obtient une licence puis un master en peinture, respectivement à l’université de Yale (1961) et à celle de New Haven (1963) avant de réaliser des spots publicitaires pour la télévision.

En 1971, il s’installe à Los Angeles et se lance dans l’écriture de scénarios comme « Silent Running », récit de science-fiction écologique, « L’Inspecteur Harry », « Magnum Force », avant de réaliser « Thunderbolt and Lightfoot » (« Le Canardeur ») en 1974, avec notamment Jeff Bridges et Clint Eastwood qui produit le film.

– La Guerre du Vietnam –

Le vrai succès arrive avec « Voyage au bout de l’enfer » (« The Deer Hunter », 1978), film de plus de trois heures et un des premiers à évoquer la Guerre du Vietnam à travers la vie de trois amis.

Outre l’Oscar du meilleur film, « The Deer Hunter » remporte celui du meilleur acteur dans un second rôle (Christopher Walken), du meilleur réalisateur, du meilleur montage, du meilleur mixage de son.

A contrario, « La porte du paradis » (« Heaven’s Gate », 1980) n’est à l’affiche qu’une semaine. Egratignant le mythe fondateur du melting pot, cette saga est un fiasco critique et financier, fatal pour United Artists qui avait grandement investi pour ses 3H40 de projection.

Même raccourci d’une heure, il reste un échec jusqu’à ce qu’en août 2012, Cimino en dévoile une version intégrale remastérisée qui trouve enfin son public. Le directeur de la Mostra de Venise, Alberto Barber, qualifie même de « chef d’oeuvre absolu » cette évocation du combat sanglant de riches éleveurs du Wyoming contre des immigrés d’Europe centrale, avec l’accord tacite des autorités fédérales.

Cimino doit attendre cinq ans pour revenir en grâce en 1985 avec « L’année du dragon » (« The Year of the Dragon »), sur la mafia chinoise, mais la communauté asiatique l’accuse de racisme.

Suivent trois échecs commerciaux: « Le Sicilien » en 1987, sur le bandit Salvatore Giuliano, que ses détracteurs l’accusent de glorifier, « Desperate Hours », remake de La maison des otages de William Wyler, en 1990, et « The Sunchaser » en 1996, road movie sur les Navajos dans les montagnes du Colorado.

Lorsque la caméra lui fait défaut, Cimino s’exprime par l’écriture, notamment avec « Big Jane », un beau portrait de femme et de l’Amérique des années 1950 publié chez Gallimard en 2001 faute d’éditeur américain. Ce roman lui vaut la même année le Prix littéraire du Festival du film américain de Deauville.

On peut citer également « Shadow Conversations » (« Conversations en miroir »), livre de mémoires, et « Hundred Oceans », roman auto-portrait. Depuis plusieurs années, il travaille à l’adaptation de « La Condition humaine » d’André Malraux.

En 2001, la France, où il aime résider, a remis à Michael Cimino la médaille de chevalier des Arts et Lettres, décoration qui, dit-il, le touche plus que toutes les autres.

Michaël Cimino (d) et l'acteur Mickey Rourke après la présentation de "L'année du dragon", le 10 octobre 1985 à Nice. © AFP

© AFP/Archives LC
Michaël Cimino (d) et l’acteur Mickey Rourke après la présentation de « L’année du dragon », le 10 octobre 1985 à Nice

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