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Le régime avance à Alep, un million de personnes assiégées en Syrie

Alep (Syrie) (AFP) – Les troupes du régime syrien progressent rapidement dans les quartiers rebelles d’Alep, qui sont soumis depuis quatre mois à la « tactique cruelle » du siège comme « près d’un million » de personnes au total en Syrie selon l’ONU.

assiégées Le nombre de personnes assiégées par les belligérants dans le pays est passé de 393.700 il y a un an à 974.080, a indiqué lundi devant le Conseil de sécurité le patron des opérations humanitaires de l’ONU Stephen O’Brien.

Les habitants « sont isolés, affamés, bombardés et privés d’aide médicale et d’assistance humanitaire afin de les forcer à se soumettre ou à fuir », a-t-il souligné. « C’est une tactique délibérée (…) une forme cruelle de punition collective ».

A Alep-Est, tombée aux mains des rebelles en 2012, ce sont 250.000 personnes qui ne sont plus ravitaillées ou secourues depuis plus de quatre mois.

Mais la communauté internationale semble plus que jamais impuissante à contrecarrer la détermination de Damas et de ses alliés russe, iranien et du Hezbollah libanais à reconquérir l’ensemble de la deuxième ville du pays et principal front d’un conflit qui a fait plus de 300.000 morts en cinq ans et demi.

L’ambassadeur britannique à l’ONU Matthew Rycroft a qualifié lundi de « barbare » la campagne de bombardements sur Alep-Est et son homologue français François Delattre a dénoncé une « stratégie de guerre totale pour reprendre Alep à tout prix ».

rendre des comptes L’ambassadrice américaine Samantha Power a elle égrené devant le Conseil de sécurité les noms d’une douzaine d’officiers syriens accusés d’avoir ordonné d’attaquer des cibles civiles ou de torturer des opposants. « Ils doivent savoir (…) qu’un jour ils devront rendre des comptes », a-t-elle dit.

A Washington, le département d’Etat, dont le chef John Kerry continue de croire à une solution diplomatique multilatérale pour la Syrie, a qualifié d' »abomination l’absence d’aide humanitaire à Alep depuis bien plus d’un mois pendant que les pilonnages et bombardements non seulement continuent mais semblent s’intensifier ».

– ‘Importante percée’ –

Dans les quartiers rebelles d’Alep, le correspondant de l’AFP a constaté lundi que les bombardements étaient incessants, avec des bruits d’explosion d’une violence inouïe.

Au moins 15 civils ont péri d’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), rejoignant les plus de 100 victimes civiles de cette campagne de  bombardements qui a débuté il y a une semaine.

Sur le terrain, les troupes gouvernementales ont consolidé lundi leurs positions après être entrées la veille pour la première fois dans le quartier de Massaken Hanano, dans le nord-est d’Alep, selon l’OSDH.

Ce quartier a une valeur symbolique puisque c’était le premier dont s’étaient emparés les rebelles en 2012.

Le régime, aidé par des combattants iraniens et du Hezbollah, a également chassé les insurgés d’une ancienne zone industrielle dans le nord-est.

« Il s’agit de la plus importante percée du régime dans les quartiers rebelles à ce jour », a précisé le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. La prise de Massaken Hanano lui permet d' »avoir en ligne de mire plusieurs autres zones rebelles » et « d’être en mesure de séparer le nord d’Alep-Est du reste » des secteurs assiégés.

Milad Chahabi, membre du conseil de ce quartier, a déclaré lundi soir à l’AFP que les « civils commençaient à fuir » vers les quartiers du sud de la ville et que les combats se poursuivaient.

– ‘Plus d’hôpitaux’ –

Selon le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, entre 5.000 et 7.000 « hommes armés » « prennent en otages » les habitants d’Alep-Est.

En rencontrant dimanche à Damas l’émissaire de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura, M. Mouallem a fermé la porte à la possibilité d’une « administration autonome » des rebelles à Alep.

Cette idée avait été évoquée par le représentant onusien en échange du départ des centaines de jihadistes du groupe Front Fateh al-Cham (ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) présents dans ces quartiers.

Selon des experts, Damas et son allié russe veulent aller vite pour obtenir une victoire à Alep avant la prise de fonction de Donald Trump à la Maison Blanche le 20 janvier.

« La question est juste de savoir combien de temps ils (les rebelles) vont pouvoir tenir », a estimé un diplomate européen sous le couvert de l’anonymat.

« Il n’y a plus rien à manger, plus d’hôpitaux et les bombardements ne s’arrêtent pas. La pression est donc énorme sur eux ».

M. de Mistura a d’ailleurs prévenu dimanche que « d’ici Noël, (…)  on verra un écroulement (…) de ce qui reste à Alep-Est et vous pourriez avoir 200.000 personnes fuyant vers la Turquie, ce qui serait une catastrophe humanitaire ». « Nous menons une course contre la montre », a-t-il mis en garde.

La situation devient intenable à Alep-Est et il ne reste actuellement plus « aucun hôpital en service », a affirmé lundi l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Un secouriste syrien porte une femme sauvée des décombres d'un immeuble après des bombardements dans le quartier d'al-Hamra à Alep, tenu par les rebelles, le 20 novembre 2016 . © AFP

© AFP THAER MOHAMMED
Un secouriste syrien porte une femme sauvée des décombres d’un immeuble après des bombardements dans le quartier d’al-Hamra à Alep, tenu par les rebelles, le 20 novembre 2016

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