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Le régime syrien presse les derniers rebelles de quitter Alep

Alep (Syrie) (AFP) – Le régime syrien pressait mardi les derniers rebelles et civils de quitter Alep en vue de parachever sa plus importante victoire depuis le début de la guerre, avec la reprise de la totalité de la deuxième ville du pays.

Dans le même temps, la Russie, qui a apporté un soutien crucial à Damas dans son combat contre les rebelles, réunissait à Moscou des ministres de l’Iran et de la Turquie, respectivement allié et opposant au régime de Bachar al-Assad, mais sans les Etats-Unis, non conviés aux discussions.

Quelque 25.000 personnes ont déjà été évacuées de la métropole septentrionale depuis jeudi en vertu d’un accord entre Moscou, Téhéran et Ankara.

Le Conseil de sécurité a décidé lundi à l’unanimité, y compris la Russie de déployer rapidement des observateurs onusiens à Alep-Est, la partie conquise en 2012 par les rebelles, pour y superviser les dernières évacuations et évaluer la situation des civils.

« L’armée a lancé un appel via des hauts-parleurs aux rebelles et civils qui le souhaitent pour qu’ils quittent les quartiers Est » de la métropole, a indiqué une source militaire syrienne à l’AFP, affirmant que l’armée voulait « nettoyer la zone après la sortie des hommes armés ».

Selon une porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Ingy Sedky, des « milliers » de personnes attendent encore d’être évacuées du réduit rebelle.

Rien que pour la journée de lundi, « nous avons évacué 15.000 personnes d’Alep-Est. Depuis jeudi, le total est de 25.000 », a-t-elle indiqué à l’AFP. 

– ‘Etat lamentable’ –

Parmi ceux à avoir été évacués dans la nuit figurent 14 blessés se trouvant « dans un état grave », tandis que plusieurs autres sont partis mardi matin à bord de bus, d’après elle.

Le directeur de l’Union des organisations des secours et soins médicaux dans le sud de la province d’Alep, Bachar Babbour, a affirmé à l’AFP que huit bus étaient arrivés en zone rebelle mardi matin avec à bord des personnes évacuées dont des blessés.

« Leur état est lamentable, tout le monde avait froid (…) il y avait un vieil homme qui grelottait », a-t-il dit.

En échange des évacuations d’Alep, 750 personnes ont quitté jusqu’à présent Foua et Kafraya, deux localités chiites assiégées par les jihadistes dans la province d’Idleb (nord-ouest), voisine de celle d’Alep et quasiment entièrement contrôlée par les rebelles, selon le CICR.

Un mois après le début d’une offensive aérienne et terrestre par le régime Assad et ses alliés, qui a dévasté l’enclave rebelle, l’opération d’évacuation a débuté jeudi mais a été suspendue pendant le week-end après des accusations de violation de cet accord par les rebelles.

Une fois les évacuations terminées à Alep, le régime Assad devrait proclamer la « libération » de la ville, son plus important succès dans la guerre qui a fait plus de 310.000 morts depuis mars 2011.

A l’initiative de la France, le Conseil de sécurité a voté à l’unanimité une résolution prévoyant le déploiement rapide à Alep du personnel humanitaire de l’ONU déjà présent en Syrie pour surveiller les évacuations.

– Négociations en février ? –

Selon l’ambassadrice des Etats-Unis Samantha Power, 118 employés de l’ONU se trouvent actuellement à Alep-Ouest et pourront être rapidement déployés dans les quartiers concernés. « Notre objectif, c’est immédiatement ».

Avec cette résolution, l’objectif de la France est « d’éviter un nouveau Srebrenica », ville de Bosnie où fut commis en 1995 le pire massacre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, a dit l’ambassadeur français, François Delattre, alors que l’ONU et des ONG internationales avaient fait état d’atrocités qu’aurait commises le régime dans les secteurs reconquis à Alep.

L’émissaire des Nations unies Staffan de Mistura a annoncé de son côté son intention de convoquer des négociations intersyriennes le 8 février à Genève, mais on ignorait dans l’immédiat les éventuelles réponses des principaux protagonistes.

Entretemps, il « suivra avec intérêt » des rencontres prévues mardi à Moscou avec les ministres des Affaires étrangères et de la Défense de Russie, d’Iran et de Turquie, sur le conflit syrien où sont impliqués de multiples belligérants soutenus par différentes puissances régionales et internationales.

Le soutien apporté à Damas par la Russie, qui a lancé en septembre 2015 une opération militaire d’envergure en Syrie, a été déterminant pour renverser la situation au profit du régime.

Selon des statistiques de l’armée russe, l’aviation russe a effectué plus de 30.000 sorties et a frappé plus de 62.000 cibles en Syrie depuis cette date.

L’ambassadeur russe en Turquie a été assassiné lundi à Ankara par un policier turc qui a affirmé agir pour venger le drame de la ville d’Alep.

Des Syriens évacués des quartiers tenus par les rebelles à Alep arrivent le 19 décembre 2016 dans la région de Khan al-Assal contrôlée par l'opposition . © AFP

© AFP Baraa Al-Halabi
Des Syriens évacués des quartiers tenus par les rebelles à Alep arrivent le 19 décembre 2016 dans la région de Khan al-Assal contrôlée par l’opposition

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