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Le « RER surfing », cette pratique à risque qui arrive en France

La mode du "metro surfing" selon les pays. Ici en Inde, France et Russie. © Montage Europe 1

La mode du « metro surfing » selon les pays. Ici en Inde, France et Russie. © Montage Europe 1

En France, ce défi baptisé « RER surfing » consiste à s’agripper aux rames de métros en marche et de filmer son exploit. Une pratique venue de Russie qui séduit particulièrement les jeunes.

Prendre des risques pour se sentir exister. Ce comportement, que l’on retrouve particulièrement chez les ados, est bien connu des pédopsychiatres. Et chaque année, sous l’impulsion d’Internet et des réseaux sociaux, de nouveaux défis viennent alimenter ce besoin de reconnaissance. Le dernier en date : le « RER surfing », également appelé « metro surfing » dans les pays anglo-saxons. Comme tous les jeux dangereux, le principe est simple : s’accrocher à un métro circulant à grande vitesse et grimper sur le toit, afin de littéralement « surfer » sur la rame. Le tout devant être filmé et mis en ligne, généralement sur Facebook ou Youtube. Et plus l’exploit est dangereux, plus il recueille de likes. Plus le besoin de reconnaissance de nos ados est assouvi.

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Une habitude dans les métros de Moscou. Ce sport extrême vient de Russie. Un pays que l’on connait déjà pour ses « Spider-Men », grimpant, sans protection, au sommet de tours vertigineuses. Un pays qui s’est également pris de passion pour la GoPro. Les habitants ont en effet la réputation de tous posséder cette caméra miniature fixable n’importe où. Rien d’étonnant, donc, de voir que le phénomène de « metro surfing » est « made in Russia ».

Un exemple de « metro surfing » en Russie :

Il a émergé en 2011 dans le métro de Moscou. C’est un fait divers qui a mis la lumière sur cette pratique dangereuse. Deux étudiants russes sont morts en pénétrant dans un tunnel trop étroit, rappelle Le Point. La même année, les autorités ont procédé à plus de 1.000 interpellations pour endiguer le phénomène. Sauf que les casse-cou qui se font pincer n’écopent que d’une amende dérisoire de 100 roubles, soit 2,50 euros. Pas de quoi dissuader les têtes-brûlées du métro moscovite.

Australie, Etats-Unis, Inde, Afrique du Sud… Un défi également populaire en Australie, un pays où la jeunesse est particulièrement en quête de sensation forte. Rappelez-vous, c’est là-bas qu’avait émergé le phénomène des Neknominations. Aux Etats-Unis, le phénomène semble également prendre de l’ampleur : la semaine dernière, un jeune homme est mort électrocuté, après être monté sur le toit d’un métro reliant le Connecticut à New York.

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En Inde, il s’agit moins d’un défi, qu’une coutume nationale. Il est en effet courant de voir des Indiens s’accrocher aux barreaux des fenêtres des trains et faire frotter leurs chaussures sur le sol, pour reproduire les sensations de la glisse comme au surf, rapporte Le Figaro. En Afrique du Sud, la démarche est plus artistique. De jeunes hommes dansent sur les toits des trains, en évitant les câbles électriques.

Des indiens imitent des surfeurs en s’accrochant à un métro :

Un homme interpellé en France. S’agissant de la France, une vidéo publiée dans le courant de l’été a particulièrement déplu à la RATP. On y voit un homme sauter sur le toit d’un métro en marche, à Barbès. Depuis, ce genre de vidéos fleurissent sur YouTube et Facebook. Mardi, un des protagonistes d’une vidéo dénoncée par la RATP – où l’on voit deux jeunes hommes qui s’accrochent volontairement à l’extérieur d’un train de banlieue pendant qu’il circule – a été interpellé à Neuilly-Plaisance, en Seine-Saint-Denis. « J’ai bien réfléchi à ce que je faisais avant de le faire. C’était juste pour l’adrénaline, sincèrement, c’était de l’orgueil. Je me suis fait beaucoup taper sur les doigts pour avoir fait ça, j’ai conscience que ce n’était pas bien. Mais j’ai eu conscience de ça un peu tard », a reconnu l’auteur, interrogé par BFM TV.

La vidéo du français interpellé à Neuilly-Plaisance :

« Un rite de passage pour les ados ». Comme ce jeune homme, beaucoup d’adolescents passent par ce genre de rite initiatique, qui n’a rien de nouveau, selon Xavier Pommereau, médecin pédopsychiatre à Bordeaux. La recherche de la prise de risques chez les adolescents n’a rien de nouveau. Jamel Debbouze a lui-même confié qu’il avait perdu son bras en faisant l’idiot en gare de Trappes. « Le fait de se laisser traîner par un bus, un tramway, un métro, un RER est une pratique connue, notamment chez les jeunes », estime le pédopsychiatre.

Pour Xavier Pommereau, l’émergence de nouveaux défis dangereux est liée aux manques de rites de passage initiés par les parents. « Avant, l’armée constituait un rite initiatique très fort dans la vie d’un jeune. Aujourd’hui, il n’existe plus de rite de passage un peu dangereux. Les adolescents peuvent passer le Bac, le Bafa, ou encore le permis, mais rien de dangereux qui soit encadré par une personne adulte. Alors ils inventent des jeux dangereux, amplifiés par l’émergence des réseaux sociaux », analyse le spécialiste de l’adolescence.

10.000 likes pour cette vidéo de « metro surfing » :

« Ressentir le grand frisson de la peur. » La pratique à risque la plus répandue chez les adolescents repose évidemment sur la consommation d’alcool. Et le phénomène des Neknominations, qui a émergé l’an dernier en est la parfaite illustration. Concernant la mode du « metro surfing », la notion de risque monte d’un cran. « Elle va concerner les 15% des adolescents qui ont du mal à se trouver, ceux qui se cherchent. Ces jeunes ressentent le besoin de s’infliger des sensations fortes, de ressentir le frisson de la peur, pour se sentir exister », commente Xavier Pommereau.

« Partir à la pêche aux likes ». Cette quête du danger, donc de soi, s’explique aussi par un besoin de valorisation, amplifié avec l’émergence des réseaux sociaux. « Ces prises de risque sont également liées à un besoin de se sentir valorisé. Et cela passe par la reconnaissance des paires. Les ados vont donc poster leurs exploits sur Facebook ou sur Youtube pour recueillir un maximum de likes. Une reconnaissance des paires qui compense l’absence de reconnaissance des adultes », analyse le pédopsychiatre, qui déplore le manque d’intérêt que portent les parents à leurs enfants.

D’autant que ce phénomène pourrait retomber sur ces têtes-brulées. En France, les adeptes de cette pratique risquent en effet d’être poursuivis pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Une infraction passible d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende, selon l’article 223-1 du code pénal.

Source : Europe1

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