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« La Polynésie, ça n’est pas la France » : les indépendantistes font bloc à l’ONU


Présents en nombre à New York, les pétitionnaires indépendantistes, élus du Tavini, représentants religieux ou militants anti-nucléaire, ont appelé l’ONU a adopter un ton plus ferme vis-à-vis de la France et à mettre en place un programme de travail sur la décolonisation de la Polynésie. L’État, toujours pas représenté, a été accusé, entre autres, de « politique d’asservissement » et de « génocide silencieux » du peuple polynésien.

Lire aussi : Édouard Fritch dénonce le combat d’arrière garde et l’énergie perdue du Tavini à l’ONU

Dix-neuf pétitionnaires, quatre minutes par personne, et un message commun, neuf ans après la « réinscription » : les Nations-Unis doivent hausser le ton face à la France sur la décolonisation de la Polynésie. Si c’est René Temeharo – porte-voix du Pays et de l’autonomie et dont le discours a fait écho à celui d’Édouard Fritch à Papeete – qui a pris la parole en premier devant la quatrième commission de l’ONU ce mardi, c’est bien le camp indépendantiste qui s’est fait le plus entendre. Entre les élus du Tavini, les représentants religieux, ou les militants anti-nucléaires, chacun avait poli son discours.

« Il n’y a pas de vraie démocratie dans un territoire où la démocratie est gérée par un autre pays »

Oscar Temaru, « toujours vivant », comme il l’a rappelé, cinquante après ses premières apparitions à la tribune de l’ONU, a longuement décrit les persécutions qu’il estime avoir subi de la part de l’État. Privé de mandat à l’assemblée, harcelé administrativement dans sa gestion de la mairie de Faa’a, attaqué pénalement et saisi financièrement dans l’affaire Radio Tefana, déséquilibré politiquement lors de ses prises de pouvoir, et même menacé par les « special services » français…. À l’entendre, seule l’autodétermination pourra apporter « justice, paix et liberté » à la Polynésie. Quant à la « politique de la chaise vide » de la « puissance administrante » qui se poursuit à l’ONU sur le dossier polynésien, « c’est une honte », insiste-t-il.

Un discours corroboré notamment par Stanley Cross, qui qualifie de tentative « d’assassinat politique » les démêlés judiciaires du leader bleu ciel. Toujours côté Tavini Richard Tuheiva, plus technique, demande à la commission d’adopter un programme de travail sur la décolonisation plutôt que les recommandations qui se répètent d’année en année. Le système éducatif, la répartition foncière, la politique « d’assimilation », voire « d’asservissement » sont dans le viseur d’autres pétitionnaire, de même que le système électoral. « Il n’y a pas de vraie démocratie dans un territoire où la démocratie est gérée par un autre pays » pointe d’ailleurs Oscar Temaru. Ce qui n’empêchera pas Tony Géros de mettre en avant la victoire éclatante du Tavini aux législatives pour inviter l’assemblée à lancer « immédiatement » le dialogue et le processus d’autodétermination.

« Être français ne sera jamais une chance »

Steve Chailloux et Tematai Le Gayic sont là pour donner du corps à cet argument. Quand le premier parle de « pays occupé », et, comme d’autres, de mainmise sur les ressources naturelles par la France, le second témoigne des aspirations d’une nouvelle génération à une « Maohi digne et traitant avec l’état français sur un pied d’égalité« . « Le combat porté aujourd’hui pour l’accès de Maohi Nui à sa pleine souveraineté n’est pas guidé par la rancune, mais par le désir profond d’en finir avec l’héritage colonial et ses manifestations modernes, ajoute-t-il. Dépendance économique, volonté de maitriser les ressources présence militaire, et maintien des autochtones dans la précarité ». 

Du côté de l’église protestante maohi, et de Moruroa e Tatou c’est bien sûr le dossier nucléaire qui est mis en avant. Pour son président François Pihaatae, « les « 30 000 morts » des essais représentent un « génocide silencieux » de la France à l’égard du peuple maohi dont il se fait le porte-parole. Hinamoeura Cross, qui compare son combat pour la reconnaissance des conséquences du nucléaire – et contre sa leucémie – à celui de ses aïeux ayant combattu pendant les deux guerres mondiales, tient quant à elle à répondre à Emmanuel Macron et à son discours de juillet 2021 à Tahiti : « Lorsque l’on sait ce que la France nous a fait subir, à nous peuple maohi, nous faisons passer en 2022 pour des mendiants, être Français pour le peuple de Maohi Nui ne sera jamais une chance. Chez nous, c’est la Polynésie, et la Polynésie, ça n’est pas la France ».

 

 

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1 Commentaire

  1. Huguet
    5 octobre 2022 à 21h24 — Répondre

    Mais quel tissu de mensonges ces messages a l’onu !!!! C’est vraiment pas croyable . Aucun credit . Aucune dignite !

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