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Légaliser le cannabis, ça peut rapporter gros

La légalisation du cannabis dans deux Etats américains, ceux du Colorado et de Washington, suivis bientôt par l'Uruguay, relance le débat sur la prohibition. © Reuters

La légalisation du cannabis dans deux Etats américains, ceux du Colorado et de Washington, suivis bientôt par l’Uruguay, relance le débat sur la prohibition. © Reuters

Sa légalisation représenterait « 1 à 2 milliards d’euros de taxes », selon l’économiste Pierre Kopp.

Longtemps marqués par la prohibition du cannabis, les Etats-Unis ont vu les premiers « coffee shop » ouvrir mercredi dans l’Etat du Colorado. Une révolution culturelle qui devrait se poursuivre cet été dans un autre Etat et relance le débat sur la légalisation de cette drogue. Car ramener le commerce de la marijuana dans la légalité représenterait de nombreux avantages, à en croire l’économiste Pierre Kopp, invité vendredi matin d’Europe 1.
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L’austérité avant la croissance© MAXPPP

Des milliards dans les caisses de l’Etat.Légaliser la possession et la vente du cannabis rapporterait « probablement de un à deux milliards d’euros de taxe par an », a estimé Pierre Kopp, professeur d’économie à l’université Panthéon-Sorbonne – Paris I. Sans oublier que la légalisation « créerait forcement de l’emploi. Certains chiffrent de 20.000 à 40.000 emplois ».

Un régime aligné sur celui du tabac. Et l’économiste de préciser : « le système pour le tabac est trop laxiste et mal appliqué. Je pense qu’il faut descendre le niveau d’encadrement du cannabis et augmenter celui du tabac. Dit autrement, il faut aligner les deux régimes l’un sur l’autre. (…) A l’évidence, si on libéralisait ou on légalisait le cannabis, il ne devait pas être vendu aux mineurs, il ne devrait pas faire l’objet de publicité et il serait évidemment impossible de fumer en public ».

Pourquoi les policiers sont-ils en colère ?© MAX PPP

Des forces de l’ordre réaffectées. Une telle légalisation permettrait donc de faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat, mais aussi de réaliser des économies. Car la répression coûte cher et représente « 12 à 15% de l’activité policière, 12 à 15% de l’activité des douanes », dixit Pierre Kopp. Et ce dernier de poursuivre : « les dépenses en matière de répression de l’usage des drogues, en soi, ce n’est pas choquant, mais ce qui l’est, c’est que ça ne marche pas. »

En soulageant les forces de l’ordre de leur traque aux amateurs de la fumette, ces derniers pourraient alors se concentrer à d’autres missions, et notamment à la chasse aux dealers d’autres drogues. Sans oublier qu’une telle légalisation permettrait que « les réseaux criminels cessent de tirer un profit et gangrènent certains quartiers. L’idée est simple, c’est de taper les trafiquants au portefeuille. Pas de marché noir, pas de profit », résume l’universitaire.

Les Etats-Unis découvrent leurs premiers "coffee shops"© REUTERS

Et une priorité accordée à la prévention. Au-delà des aspects financiers et sécuritaires, Pierre Kopp souligne que « légaliser, ce n’est pas tout autoriser et faire n’importe quoi. Légaliser, c’est réglementer intelligemment, de façon à ce que la consommation soit stabilisée, que les gens soient informés ».
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« 500.000 Français fument sur une base régulière, 1,2 millions sur une base mensuelle. Aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, le cannabis est une pratique répandue. Face à cette pratique, il s’agit de l’encadrer pour qu’elle pose le moins de problèmes sécuritaires et sanitaires possibles », a-t-il détaillé. « L’essentiel est qu’une fraction de la jeunesse, qui s’initie à l’âge de 15 ou 16 ans au cannabis, soit sortie des griffes des réseaux criminels », et ce en utilisant une partie des taxes récoltées à la prévention.

De plus, « si le cannabis était acheté de façon légale. Il serait taxé, et on pourrait ajuster le taxe de façon à ce que le cannabis soit suffisamment cher pour ne pas provoquer de rush de consommation et suffisamment bon marché pour ne pas stimuler le marché noir ».

Légaliser le cannabis, ça peut rapporter gros© EUROPE 1

Valls refuse de rouvrir le débat.Invité d’Europe 1 quelques minutes plus tard, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a rappelé que la position du gouvernement n’avait pas changé. « Il n’y a pas de sujet tabou en France. Mais la position du gouvernement, qui est d’ailleurs celle du président de la République, c’est de ne pas lever cet interdit. Une société a besoin de normes, de règles, d’interdits. Et la consommation de cannabis n’est pas quelque chose d’anodin », a-t-il martelé.

Quant au fait que la France soit le pays avec le plus grand nombre de consommateurs en Europe, Manuel Valls estime qu’il « faut développer la prévention auprès des plus jeunes. Il faut continuer de lutter contre cette drogue, ces trafics. »

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