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Législatives : les candidats face au Cluster maritime

Stéphane Renard et Tuanua Degage du Cluster maritime. ©CP/Radio1

Le Cluster maritime de Polynésie française, présidé par Tuanua Degage, avait invité mercredi après-midi les candidats aux élections législatives à un débat sur l’économie bleue. Modernisation des infrastructures, surveillance de la ZEE et sauvetage en mer étaient à l’ordre du jour, avec toujours le même constat : l’État doit mieux aider le secteur, disent les professionnels.

Le sujet est dans tous les esprits : pas seulement parce que le Blue Climate Summit se tient cette semaine en Polynésie, mais surtout parce qu’après deux ans de crise, et probablement plus à venir, l’économie bleue est identifiée comme une nécessité et un moteur de la relance. Le Cluster maritime de Polynésie française avait donc invité les candidats aux élections législatives pour entendre ce qu’ils avaient à dire sur le sujet.

Parmi ceux qui avaient répondu présent, Nicole Bouteau et Tepuaraurii Teriitahi, accompagnées de Teva Rohfritsch, rapporteur de la mission d’information du Sénat sur l’exploitation des fonds marins qui sera rendu le 21 juin prochain ; côté Tavini, Temata’i Le Gayic, accompagné d’Oscar Temaru ; et côté Heiura-les Verts, Jacky Bryant et Tati Salmon, qui ont eu la satisfaction d’entendre Tuanua Degage placer l’énergie thermique des mers au premier plan des solutions d’avenir, comme ils le font dans leur programme.

« C’est vrai qu’on a des sujets importants sur la table, et qui méritent d’être portés sur la métropole où beaucoup de choses se décident », dit Tuanua Degage. En un peu plus de trois heures, il a ainsi été question de formation, d’innovation, d’environnement, de sécurité en mer, de surveillance de la ZEE et d’infrastructures stratégiques.

Sur ce dernier point, c’est notamment le remplacement du dock flottant qui intéresse beaucoup les acteurs du monde maritime. Vieux de 50 ans, il n’est plus dimensionné pour les nouveaux navires, obligeant les armateurs à de longues interruptions d’exploitation pour aller caréner en Nouvelle-Zélande ou à Singapour. Un nouveau dock flottant, disent les professionnels qui le réclament depuis 10 ans, servirait non seulement la flotte locale, mais pourrait aussi attirer des armateurs régionaux et ainsi générer chiffre d’affaires et emplois. Nicole Bouteau a rappelé que le sujet avait été évoqué avec Emmanuel Macron lors de sa visite l’an dernier, et que les dépenses publiques dans le secteur représentent 9 milliards de Francs par an, assumées à 70% par l’État. « Nous faisons le lobbying et nous poursuivons ces discussions », a-t-elle assuré. Pour Oscar Temaru, le sujet a parfois été confié à des « incompétents », « et puis c’est aussi dû à une vision de notre développement qui est trop étriquée. »

Des aides de l’État et du Pays pour renouveler la flotte commerciale

Autre sujet d’actualité, comme l’a montré la mésaventure du Taporo VII, le renouvellement de la flotte des goélettes. Il est pratiquement impossible de trouver aujourd’hui des navires d’occasion qui répondent aux exigences techniques et environnementales françaises et polynésiennes – le schéma directeur interdit en théorie l’exploitation de navires de plus de 30 ans. L’aide de l’État et du Pays sera nécessaire, dit Tuanua Degage.

Mais même les armateurs prêts à investir dans du neuf, dit-il, le contexte international de manque de matériaux et de chantiers navals qui n’arrivent pas à suivre la demande complique encore l’équation.

La surveillance de la ZEE en question

Les professionnels de la mer restent sceptiques, voire choqués, par les déclarations de l’armée sur l’efficacité des contrôles, à distance pour la plupart, des flottilles de pêche étrangères. Et Oscar Temaru et Jacky Bryant sont d’accord avec eux : « L’État nous fait croire qu’il contrôle », dit ce dernier. Ce n’est pas Tepuaraurii Teriitahi, douanière de profession, qui a dit le contraire. Même les deux nouveaux patrouilleurs interministériels qui doivent être livrés avant 2025 ne seront pas suffisants, selon elle.

La FEPSM en mal de financement

Tehina Puariitahi, vice-président de la Fédération d’entraide polynésienne de sauvetage en mer (FEPSM), fait aussi le constat d’un manque de moyens pour s’adapter aux spécificités locales. Des besoins parfois mal compris par « les autorités qui sont des Parisiens qui n’ont jamais mis les pieds en Polynésie. » Il demande un nouveau cadre juridique pour clarifier l’action des sauveteurs en mer, qui sont assujettis à la double compétence de l’État et du Pays en matière maritime, qui se renvoient la balle sur la question des coûts de l’utilisation des bateaux personnels des sauveteurs.

La FEPSM a d’ailleurs lancé une cagnotte participative pour financer des formations. « Il y a au moins un sauvetage en mer par jour identifié par le JRCC, dit-il, mais il y en a plus que ça, parce que par exemple aux Tuamotu, JRCC égale gendarmes… »

 

 

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