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Législatives : « Notre combat n’est pas tourné contre les Français », dit Steve Chailloux

©CP/Radio1

Steve Chailloux était ce jeudi l’invité de la rédaction de Radio1. Candidat à la députation sur la 2e circonscription, il met en avant les valeurs d’honnêteté et de transparence, et clarifie les contours de la fonction de député. Il souhaite un moratoire sur l’exploitation des fonds sous-marins, la reconnaissance des langues polynésiennes en tant que langues officielles, et la généralisation des écoles entièrement bilingues français-tahitien. Il estime que la loi sur les transactions immobilières est « de la poudre aux yeux à l’approche des élections », et défend Eliane Tevahitua qui s’inquiète de l’emploi local tout en précisant que le Tavini n’est pas dans un combat « ethnique » mais dans un combat anticolonialiste. 

Démissionner en cas de condamnation ou de changement de parti, adhérer aux chartes d’ONG qui combattent la corruption – comme Moetai Brotherson avant lui – s’affichent tout en haut de la profession de foi de Steve Chailloux. « On a vécu des années où les responsables politiques ont fait un peu n’importe quoi, et aujourd’hui il est important de retisser du lien avec nos administrés. Je m’engage là-dessus pour éviter le vagabondage politique, tellement habituel en Polynésie française.»,  dit le jeune homme de 36 ans.

Steve Chailloux tient à expliquer le périmètre d’action d’un député, face à la méconnaissance d’une partie de la population sur ce point, entretenue par d’autres candidats :  « Non, le député ne va pas créer 10 000 emplois, ce n’est pas le rôle du député. »

Le candidat Tavini s’engage, s’il est élu, à défendre la Polynésie contre toute restriction législative de la « souveraineté » de la Polynésie. Car, dit-il, l’ingérence de l’État est encore bien réelle : il prend pour exemple la gestion de la crise sanitaire, imposée depuis la métropole, ou encore la question des ressources minières sous-marines : « On voit bien que les grandes puissances sont en train de se préparer sous nos yeux à exploiter ces ressources-là. » Le Tavini soutient donc le principe d’un moratoire sur cette exploitation, et rejoint l’argument de Heiura-Les Verts : « Je ne pense pas que nous ayons développé les technologies suffisamment avancées pour pouvoir exploiter sans détruire les fonds marins. »

Faire des langues polynésiennes des langues officielles

Steve Chailloux, qui est professeur de reo Tahiti, souhaite que les langues polynésiennes soient reconnues comme langues officielles, un dossier qu’il veut défendre à Paris. Pour y parvenir, dit-il, il faut d’abord réintroduire dans la Constitution la notion de « peuple » qui en a été gommée au profit du terme « population ».

Il est favorable à l’extension de l’expérimentation en cours dans une quinzaine d’écoles où l’enseignement est donné, dans toutes les matières, moitié en français et moitié en tahitien : « Scientifiquement, ça a été prouvé par les linguistes que le fait de maîtriser plusieurs langues développe la cognition des enfants, et donc ça va dans le sens de leur réussite scolaire et, plus tard, universitaire. Ça devrait devenir la norme dans notre pays. »

La « loi des 1000% » : « de la poudre aux yeux »

Même si le texte a été voté à l’unanimité, Steve Chailloux estime que la loi qui augmente de 1000% les droits d’enregistrement et de publicité sur les ventes immobilières relève de « la politique politicienne à l’approche des élections. » Et il pointe que la loi, si elle est applicable, ne fera que réserver les ventes à « une certaine élite ».

Steve Chailloux s’est également exprimé sur la passe d’armes entre Eliane Tevahitua et Virginie Bruant, ce matin à l’assemblée, sur la protection de l’emploi local. Il a défendu l’élue Tavini et le parti : « Notre combat n’est pas tourné contre les Français. Nous sommes dans un parti politique qui combat un système, en l’occurrence le système colonial. » Pour lui, le moyen d’arriver à une « océanisation des emplois », et pas seulement des cadres, serait la reconnaissance dans la Constitution française d’une citoyenneté polynésienne « à l’instar de Kanaky ».

S’il  est élu, Steve Chailloux siègera à l’Assemblée nationale avec la Nupes – la Nouvelle union populaire, économique et sociale – l’alliance créée à l’initiative de la France insoumise, dont l’antenne locale soutient sa candidature. La question de l’accession à l’indépendance n’est pas réellement un sujet dans ce contexte, dit-il : « Il ne s’agit pas non plus de demander à des mouvements politiques nationaux de faire la promotion de l’indépendance des Outre-mer, c’est presque contradictoire pour des mouvements nationaux. Par contre,  ce qui est important pour nous c’est de trouver des partenaires qui sont au moins ouverts sur la question de l’autodétermination. C’est le cas de Jean-Luc Mélenchon qui avait été favorable dès le départ au processus calédonien. »

 

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2 Commentaires

  1. Teriivaea
    13 mai 2022 à 8h00 — Répondre

    A Aruba, île des Caraïbes et territoire d’outre-mer des Pays-Bas, le Papamiento est langue officielle à côté du Néerlandais. Cela n’a donc pas posé une difficulté indépassable pour leur métropole! En réalité une bonne partie de la population est trilingue car l’Anglais est enseigné très tôt à l’école et 80% des touristes viennent des USA. Une partie importante de la population parle aussi Espagnol couramment.

  2. huguet
    13 mai 2022 à 15h24 — Répondre

    alors ca ; » notre combat n’est pas contre les Français  » a toujours été une belle hypocrisie du discours des Independantistes . on repete a qui veut l’entendre que « tout » est de la faute de la colonisation , et de l’etat français ,y compris l’incompetence des services gérés par des Polynésiens , mais ce n’est pas contre les Français !!!!!???????? et les insultes fréquentes ,racistes ,  » va t’en sale farani , rentre chez toi « , elles sont venues toutes seules dans la bouche de certains ?????????????? quelle belle HYPOCRISIE !!!!
    le peuple polynésien a parfaitement le droit a l’autodetermination , et a l’independance , mais dommage que le discours de ces politiciens soit aussi fallacieux , et tend toujours a susciter le rejet , la revolte , le mepris , et le racisme ! et jamais un embryon de reconnaissance de ce qui a été fait en Polynésie et qui n’est pas toujours , loin s’en faut, une consequence du colonialisme !!
    dommage encore que le discours independantiste ressemble beaucoup a celui des Le Pen !!!!!!!!

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