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Législatives tendues au Monténégro où le pouvoir dit avoir déjoué un complot

Podgorica (Monténégro) (AFP) – Les législatives de dimanche au Monténégro se sont déroulées dans un contexte tendu, les autorités ayant affirmé avoir déjoué un complot de Serbes visant à s’emparer du Premier ministre Milo Djukanovic et proclamer la victoire de partis d’opposition.

Vingt Serbes ont été arrêtées dans la nuit de samedi à dimanche dans ce petit pays balkanique de 640.000 habitants, dirigé depuis un quart de siècle par le pro-occidental Milo Djukanovic, dont le choix d’entrer dans l’Otan suscite les vives critiques des prorusses et divise l’opinion de ce pays majoritairement orthodoxe.   

Dès l’annonce du coup de filet, Andrija Mandic, chef du Front démocratique, le parti prorusse, a dénoncé une opération de « propagande grossière ». 

A Belgrade, le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic a eu du mal à dissimuler ses doutes, jugeant « curieux que cela se produise aujourd’hui ». « Pour le reste, il vaut mieux que je me morde la langue trois fois et que je me taise », a déclaré le responsable serbe.

Belgrade et Podgorica entretiennent des relations en dents de scie depuis que le Monténégro a reconnu l’indépendance du Kosovo en 2008.

Après avoir voté dans une école de Podgorica, Milo Djukanovic n’a pas dit un mot sur les arrestations, se disant convaincu que son pays allait continuer « d’avancer vers ses objectifs européen et euro-atlantique, avec dynamisme et stabilité ». 

Quelque 73,2% des électeurs ont voté, une participation élevée pour la région. Les premiers résultats sont attendus tard dans la soirée. Elle a commencé dans le calme dans les rues de Podgorica, peu après la clôture des bureaux de vote à 18H00 GMT. 

Les applications de messagerie mobiles WhatsApp et Viber ont été coupées à la demande des autorités dans le cadre de l’enquête sur le complot présumé. Elles ont été rétablies environ une heure plus tard après des pressions de l’opposition qui dénonçaient une censure.

Le ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de coalition sortant, Goran Danilovic, qui appartient à l’opposition, a demandé aux Monténégrins de ne pas descendre fêter les résultats dans la rue. 

Des barrières avaient été installées dès le matin près du Parlement, où de violentes manifestations avaient eu lieu sur la question de l’Otan en 2015.

– Réunion anti-Otan –

Selon la police et la justice monténégrines, les complotistes présumés auraient projeté de se munir d’armes et de mener des « attaques » contre la foule attendant les résultats devant le Parlement. Ils auraient également projeté de s’emparer du Premier ministre, de prendre le contrôle du parlement et de « proclamer la victoire de certains partis politiques », selon le parquet de Podgorica qui n’a pas dit de quel parti il pouvait s’agir.

Identifié comme Bratislav Dikic par les médias monténégrins et serbes, le chef du groupe arrêté, Bratislav Dikic, serait un général de gendarmerie serbe retraité, né en 1970, actif dans une association de défense des droits des vétérans. Le 4 mars, il avait pris la parole lors d’un meeting hostile à l’Otan, à Nis, dans le sud de la Serbie, selon des images diffusées par les médias serbes. 

Belgrade et Podgorica entretiennent des relations en dents de scie depuis que le Monténégro a reconnu l’indépendance du Kosovo en 2008. 

A en croire les études d’opinion, le parti démocratique des socialistes (DPS) de Milo Djukanovic semblait en mesure de rester la première formation du pays, qui a engagé en 2012 des négociations d’adhésion avec l’Union européenne. 

Mais cette fois, Djukanovic, 54 ans, qui avait conduit son pays à l’indépendance de la Serbie en 2006, semblait devoir envisager d’aller chercher des soutiens au-delà de ses alliés actuels, les représentants des minorités, pour trouver une majorité stable parmi les 81 députés. 

Les détracteurs du plus ancien dirigeant européen en fonction, l’accusent d’autoritarisme. Pour eux, il se sert de ces enjeux diplomatiques pour détourner l’attention des problèmes intérieurs, corruption ou difficultés économiques: « C’est comme cela que nous nous sommes retrouvés coincés avec lui 27 ans durant », relevait avant le scrutin Ljubo Filipovic, ancien adjoint au maire de la ville côtière de Budva.

Se disant persuadé de la victoire, l’opposant Andrija Mandic, a appelé ses partisans au calme. « Ce soir un grand chaos est attendu, mais uniquement au sein du cabinet du Premier ministre lorsque les résultats seront annoncés », a assuré l’opposant.

Arrestations par la police monténégrine, le 16 octobre 2016 à Podgorica . © AFP

© AFP SAVO PRELEVIC
Arrestations par la police monténégrine, le 16 octobre 2016 à Podgorica

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