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L'EI assiégé dans son fief d'Al-Bab en Syrie

Beyrouth (AFP) – Les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) sont désormais « complètement assiégés » dans la ville d’Al-Bab, leur dernier fief dans la province syrienne d’Alep (nord), visé par une double offensive.

Al-Bab est dans la ligne de mire de rebelles syriens appuyés par des troupes turques depuis près de deux mois mais les forces du régime de Bachar al-Assad, soutenues par la Russie, ont récemment lancé une offensive pour capturer cette ville symbole.

Si les troupes turques et leurs alliés font du surplace au nord, à l’est et à l’ouest de la ville depuis début janvier, l’armée syrienne et ses supplétifs avancent rapidement depuis une semaine, notamment au sud de la cité.

Il n’est pas clair s’il s’agit d’une course entre les deux parties pour prendre Al-Bab ou s’il y a une entente tacite entre Moscou et Ankara, les parrains de ces forces antagonistes.

Après de profondes divergences sur le dossier syrien, la Turquie a en effet engagé depuis quelques mois un spectaculaire rapprochement avec la Russie.

« Al-Bab est plus importante pour les Turcs, qui ont défini la ville comme un objectif prioritaire de leur opération Bouclier de l’Euphrate », souligne Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie, au sujet d’une campagne lancée le 24 août dans le nord syrien et visant à la fois l’EI et des milices kurdes alliées des Etats-Unis dans la lutte antijihadiste.

Pour le régime syrien, l’important est plutôt de contrôler le sud de la ville pour « prévenir une avancée » des troupes turques et « protéger le flanc est d’Alep », selon M. Pierret.

L’implication d’Ankara en Syrie suscite la colère à Damas, qui a récemment adressé deux missives au Conseil de sécurité de l’ONU pour dénoncer « les violations de (sa) souveraineté ».

Cette situation traduit une dynamique de plus en plus complexe dans le conflit syrien, où le régime a repris le dessus depuis le début de l’intervention militaire de Moscou en Syrie en septembre 2015.

– ‘Forces de mort et de destruction’ –

Avançant par le sud, « les forces du régime, appuyées par des combattants du Hezbollah libanais et des frappes russes, sont parvenues à assiéger complètement Al-Bab et ses environs » en « prenant le contrôle de la seule route aux mains de l’EI qui liait cette ville au reste du territoire syrien », selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Au moins 11 membres des forces gouvernementales ont été tués lundi près d’Al-Bab et 14 autres dans la province de Homs (centre), où l’armée est également engagée contre l’EI, a indiqué l’OSDH.

Les troupes loyales au président Bachar al-Assad redoublent actuellement d’efforts contre l’EI, en particulier dans la province de Damas et près de Palmyre (centre).

Les forces loyalistes ont capturé dimanche le champ pétrolier de Hayyan à l’ouest de la célèbre cité antique dont l’EI s’était à nouveau emparée en décembre, quelques mois après en avoir été chassé par le régime.

Dimanche également, les forces gouvernementales ont affronté l’EI près de l’aéroport militaire d’Al-Sine, au nord-est de Damas, selon l’OSDH.

L’EI subit des offensives simultanées sur des secteurs dont il s’était emparé en 2014 en Syrie et en Irak.

Il est ainsi sous pression à Raqa, son principal bastion en Syrie, vers lequel avancent les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance arabo-kurde appuyée par les Etats-Unis.

Selon un nouveau rapport de l’ONU lundi, le groupe extrémiste sunnite se trouve militairement sur la défensive en raison d’une chute de ses revenus et d’une moindre capacité à attirer de nouvelles recrues. Mais il continue à poser « une grave menace ».

En Irak, l’EI a déjà perdu la partie orientale de Mossoul, reconquise par les forces gouvernementales avec le soutien de la coalition internationale emmenée par Washington, qui dit avoir procédé à près de 18.000 frappes aériennes en Syrie et en Irak depuis août 2014.

Bagdad s’apprête maintenant à lancer l’offensive sur l’ouest de la deuxième ville du pays.

En Floride, au siège du commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom), Donald Trump a assuré lundi que les Etats-Unis et leurs alliés vaincraient les « forces de mort et de destruction » que représente l’EI.

Le président américain n’a toutefois pas donné la moindre indication sur sa stratégie ou un éventuel changement d’approche par rapport à son prédécesseur Barack Obama.

Sur le front politique syrien, M. Assad a de nouveau critiqué les Européens en recevant une délégation de parlementaires belges à Damas: « De nombreux pays ont adopté une politique irréaliste depuis le début de la guerre (…) endommageant les intérêts de leur propre peuple en soutenant des groupes terroristes ».

L’opposition politique au régime a de son côté indiqué qu’elle annoncerait dimanche la liste de ses délégués participant aux négociations devant débuter le 20 février à Genève pour tenter de mettre fin au conflit.

Les forces démocratiques syriennes soutenues par les Etats-Unis avancent dans la région au nord-est de Raqa, le 6 février 2017. © AFP

© AFP DELIL SOULEIMAN
Les forces démocratiques syriennes soutenues par les Etats-Unis avancent dans la région au nord-est de Raqa, le 6 février 2017

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