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L'Equateur vote entre socialisme et virage à droite

Quito (AFP) – L’Equateur vote dimanche pour élire le successeur du président Rafael Correa et choisir de continuer sa « Révolution citoyenne » socialiste ou de basculer à droite comme d’autres pays de la région, lors d’un scrutin crucial pour la gauche latino-américaine.

A l’issue de trois mandats en dix ans, le charismatique, mais polémique Rafael Correa, ne se représente pas. Il laisse un pays modernisé et aux inégalités sociales réduites, mais polarisé et en proie à la crise économique.

Le chef de l’Etat sortant a appelé dimanche à accepter « en tout esprit démocratique, la volonté du peuple équatorien exprimée dans les urnes », mais il s’est dit certain que le candidat du parti au pouvoir, Lenin Moreno, allait l’emporter dès le premier tour. « On veut donner l’impression qu’il va y avoir un second tour. Les sondages disent clairement le contraire », a affirmé M. Correa.

Quelque 12,8 millions d’électeurs doivent désigner son successeur parmi huit candidats, le vice-président, 137 députés et cinq représentants au Parlement andin, en présence de quelque 200 observateurs internationaux.

Les quelque 43.600 bureaux de vote ont ouvert à 07H00 (12H00 GMT).

– Premier tour incertain –

Le scrutin s’annonce serré dans ce petit pays pétrolier, dont l’économie dollarisée est affectée par la chute du brut et la hausse du billet vert.

La crise mécontente les classes moyennes, lasses aussi de la confrontation de M. Correa avec les milieux d’affaires et les médias, entre autres. De récentes révélations de cas de corruption ont encore assombri le panorama.

Des estimations de sortie des urnes sont attendues à la clôture du vote à 17H00 (22H00 GMT), avant les décomptes officiels à partir de 20H00 (01H00 GMT lundi).

Selon Rafael Correa, « ce qui est en jeu, ce sont deux visions de la société, deux visions du développement, deux visions de l’Etat ».

Les Equatoriens vont décider de poursuivre le « Socialisme du XXIe siècle » de l’héritier du leadership latino-américain du Vénézuélien Hugo Chavez, ou prendre un virage à droite, à l’image de l’Argentine, du Brésil et du Pérou.

Le premier tour devrait se jouer entre l’ex vice-président Lenin Moreno d’Alliance Pays (AP, au pouvoir), premier dans les sondages avec seulement 32,3%, face à Guillermo Lasso (21,5%) du mouvement conservateur Créant des opportunités (Creo – « Je crois »).

Suivent l’ex-députée de droite Cynthia Viteri (14%) et l’ancien maire de gauche de Quito, Paco Moncayo (7,7%).

« Le peuple équatorien (…) est décidé à poursuivre un processus qui ne sera pas stoppé », a assuré à l’AFP M. Moreno, 64 ans en mars.

« Ces dix ans sont une démonstration du progrès du pays (…) Je crois que nous allons continuer », estimait dimanche une électrice, Nora Molina, 53 ans, fonctionnaire. 

A l’inverse, Alexandra Orbe, employée de 48 ans, a dit, après avoir voté, vouloir « un changement car la crise ne s’est jamais fait autant sentir ».

– Allégations de corruption –

Le candidat conservateur Guillermo Lasso, 61 ans, appelle à un « changement afin de lutter contre la corruption », affirmant que le gouvernement « ne veut pas que nous sachions qui sont les bénéficiaires des pots-de-vin d’Odebrecht ».

Selon la justice américaine, le groupe de construction brésilien a versé 33,5 millions de dollars, entre 2007 et 2016, à des fonctionnaires équatoriens.

Le gouvernement a averti qu’il n’admettrait pas d’accusations « sans preuve », M. Correa dénonçant dimanche « une campagne si négative, si sale ».

Un ex-ministre est toutefois impliqué dans une affaire visant l’entreprise publique Petroecuador.

S’il est élu, M. Lasso entend retirer l’asile à Julian Assange, fondateur de WikiLeaks réfugié à l’ambassade équatorienne de Londres depuis 2012.

Pour l’emporter dimanche, le premier doit recueillir au moins 40% des voix avec dix points d’avance sur le suivant. Mais le nombre d’indécis est exceptionnellement élevé, de 30 à 35%. 

« Les candidats ne sont pas attractifs, surtout si on les compare au fort leadership de Rafael Correa », souligne l’analyste Simon Pachano.

La présidentielle pourrait donc se jouer lors d’un second tour, le 2 avril.

Les Equatoriens doivent aussi se prononcer par référendum sur un projet du gouvernement d’interdire aux élus de détenir des capitaux dans des paradis fiscaux.

Des équatoriens font la queue pour aller voter, le 19 février 2017 à Cangahua. © AFP

© AFP JUAN RUIZ
Des équatoriens font la queue pour aller voter, le 19 février 2017 à Cangahua

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