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L'Equateur vote pour élire le successeur du président Correa

Quito (AFP) – L’Equateur a commencé à voter dimanche pour élire le successeur du président Rafael Correa et choisir entre poursuivre son expérience de « Socialisme du XXIe siècle » ou prendre un virage à droite, comme d’autres pays d’Amérique latine.

A l’issue de trois mandats en dix ans, M. Correa ne se représente pas et va laisser un pays stabilisé, modernisé, aux inégalités sociales réduites. 

Quelque 12,8 millions d’électeurs doivent désigner son successeur parmi huit candidats, le vice-président, 137 députés et cinq représentants au Parlement andin, en présence de quelque 200 observateurs internationaux.

 L’ouverture des bureaux de vote à 07H00 (12H00 GMT) a été solennellement annoncée à Quito par une cérémonie, en présence notamment du chef de l’Etat, dans un musée militaire situé sur les flancs du volcan Pichincha qui domine la capitale.

 « Donnons un exemple au monde et continuons sur la voie démocratique », a déclaré le président du Conseil national électoral (CNE), Juan Pablo Pozo.

Le scrutin s’annonce serré dans ce petit pays pays pétrolier, dont l’économie dollarisée est affectée par la chute du brut et la hausse du billet vert.

La crise économique mécontente les classes moyennes, lasses aussi de la confrontation de M. Correa avec de multiples secteurs, dont les milieux d’affaires et les médias. De récentes révélations de cas de corruption ont encore assombri le panorama.

Des estimations de sortie des urnes sont attendues à la fermeture des bureaux de vote à 17H00 (22H00 GMT), avant les décomptes officiels prévus à partir de 20H00 (01H00 GMT lundi).

– ‘Deux visions de la société’ – 

Selon Rafael Correa, économiste qui a utilisé la manne pétrolière pour redistribuer les richesses et améliorer les infrastructures, « ce qui est en jeu, ce sont deux visions de la société, deux visions du développement, deux visions de l’Etat ».

Les Equatoriens votent entre poursuivre la « Révolution citoyenne » de l’héritier du leadership latino-américain du Vénézuélien Hugo Chavez, ou basculer à droite à l’image de l’Argentine, du Brésil et du Pérou.

L’issue du premier tour devrait se jouer entre l’ex vice-président Lenin Moreno d’Alliance Pays (AP, au pouvoir), premier dans les sondages mais avec seulement 32,3%, face à Guillermo Lasso (21,5%) du mouvement conservateur Créant des opportunités (Creo – « Je crois »).

Suivent l’ex-députée de droite Cynthia Viteri (14%), qui pourrait peser en cas de second tour, et l’ancien maire de gauche de Quito, Paco Moncayo (7,7%).

« Le peuple équatorien (…) est décidé à continuer avec un processus qui ne sera pas stoppé », a assuré à l’AFP M. Moreno, 64 ans en mars, qui n’a cependant repris les credos du corréisme qu’en fin d’une campagne sans relief.

Maria Astudillo, 50 ans, vendeuse de rue, espère que « Lenin nous donne des logements » et qu' »il ne nous trahisse pas ».

De son côté, M. Lasso, 61 ans, a assuré à l’AFP avoir « la certitude qu’il va y avoir un second tour ». « Nous allons gagner », a-t-il lancé lors de son dernier meeting jeudi.

Franco Sandoval, 23 ans, étudiant, parie sur le « changement économique » car les actuels gouvernants « sont restés longtemps au pouvoir ». 

Le candidat de droite appelle à « voter pour le changement afin de lutter contre la corruption », affirmant que le gouvernement « ne veut pas que nous sachions qui sont les bénéficiaires des pots-de-vin d’Odebrecht ».

A propos de ce scandale, la justice américaine a révélé que le groupe de construction brésilien a versé 33,5 millions de dollars, entre 2007 et 2016, à des fonctionnaires équatoriens.

– Second tour en avril ? –

Le gouvernement a averti qu’il n’admettrait pas d’accusations « sans preuve » et M. Correa a dénoncé des « distorsions » dues à la période électorale.

Un ex-ministre, Carlos Pareja, est toutefois impliqué dans une autre affaire visant l’entreprise publique Petroecuador, et le nom du vice-président Jorge Glas, candidat à la réélection, a été mentionné.

S’il est élu, M. Lasso entend aussi retirer « dans un délai de 30 jours » l’asile à Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks réfugié à l’ambassade équatorienne de Londres depuis 2012.

Pour l’emporter dimanche, le permier candidat doit recueillir au moins 40% des voix, avec dix points d’avance sur le suivant. Mais le nombre d’indécis est exceptionnellement élevé, de 30 à 35%. 

« Il n’y a jamais eu autant d’incertitude », a déclaré à l’AFP le politologue Franklin Ramirez, de la Faculté latino-américaine de sciences sociales (Flacso).

« Les candidats ne sont pas attractifs, surtout si on les compare au fort leadership de Rafael Correa », réélu en 2013 avec 57% des voix au premier tour, souligne l’analyste Simon Pachano, invoquant « la faiblesse » de M. Moreno « et la division des candidats anticorréistes ».

Pour la première fois depuis dix ans, la présidentielle pourrait donc se jouer lors d’un second tour, le 2 avril.

Des militaires apportent du matériel électoral aux différentes bureaux de vote de Quito, la veille de l'élection présidentielle, le 18 février 2017 en Equateur. © AFP

© AFP Rodrigo BUENDIA
Des militaires apportent du matériel électoral aux différentes bureaux de vote de Quito, la veille de l’élection présidentielle, le 18 février 2017 en Equateur

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