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Les communes balnéaires multiplient les arrêtés anti-burkini

Marseille (AFP) – Les communes balnéaires du sud-est de la France ont multiplié les arrêtés interdisant le burkini sur leurs plages, dont Nice et Fréjus, en attendant que la justice, saisie par la Ligue des droits de l’Homme (LDH), se prononce lundi.   

Les arrêtés d’interdiction, pris jusqu’à fin août ou mi-septembre selon les cas, sont semblables à celui qu’avait adopté la municipalité de Mandelieu-la-Napoule, la première à avoir édicté l’interdiction en 2013, renouvelée depuis.

A l’instar des autres municipalités, Nice a interdit, dans son arrêté du 18 août, l’accès aux plages publiques « à toute personne n’ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes moeurs et de la laïcité et respectant les règles d’hygiène et de sécurité des baignades ». 

Sans jamais citer le mot « burkini » dans leurs arrêtés, certaines communes, comme Nice, invoquent le contexte d’état d’urgence pour interdire cette « tenue de plage manifestant d’une manière ostentatoire une appartenance religieuse » et « de nature à créer des risques de troubles à l’ordre public ».

Dans les Alpes-Maritimes, 13 communes ont interdit, après Cannes le 27 juillet, le port de telles tenues de plage couvrant le corps et la tête des baigneuses, parmi lesquelles Menton, Cannes, Villeneuve-Loubet, Saint-Laurent-du-Var, Beaulieu-sur-Mer, Saint-Jean-Cap-Ferrat.

A Cannes, 6 femmes ont été verbalisées à ce jour – sur 12 contrôles effectués – pour s’être baignées vêtues d’un burkini ou de tenues intégrales.

Mardi, dans une lettre adressée au Premier ministre Manuel Valls, Christian Estrosi, premier adjoint LR de Nice, avait exprimé son soutien aux maires ayant pris de telles dispositions en demandant au gouvernement de légiférer.

Dans le Var, cinq communes ont pris un arrêté similaire: Le Lavandou, Cavalaire-sur-mer, Cogolin, Sainte-Maxime et Fréjus. Mardi encore, le sénateur-maire FN de Fréjus, David Rachline, affirmait dans une interview à l’AFP: « Il n’y a pas de burkini à Fréjus et s’il y en avait, je prendrais les dispositions qui s’imposent pour l’interdire ». Vendredi, il a expliqué avoir « par deux fois, jeudi, reçu des signalements de quelques cas de burkinis ».

Ailleurs en France, les communes du Touquet et d’Oye-Plage (Pas-de-Calais), de Sisco et de Ghisonaccia (Haute-Corse), et de Leucate (Aude) ont pris des arrêtés similaires.

-« Asservissement de la femme »-

Les burkinis sont extrêmement rares sur les plages françaises. Sur la côte méditerranéenne, une minorité de femmes musulmanes restent voilées et couvertes sur la plage ou pendant la baignade.

En milieu de semaine, le Premier ministre Manuel Valls a apporté son soutien aux maires, majoritairement de droite, qui ont pris des arrêtés d’interdiction.

Selon lui, l’apparition récente des « burkinis » est « la traduction d’un projet politique, de contre-société, fondé notamment sur l’asservissement de la femme ». »Ce n’est pas compatible avec les valeurs de la France et de la République », a-t-il déclaré. 

M. Valls toutefois écarté l’idée de légiférer sur cette question, comme cela a été le cas pour interdire le port du voile intégral dans les lieux publics en 2010.   

L’interdiction et le soutien de M. Valls ont fait grincer des dents à gauche, mais les maires ont reçu le soutien des responsables politiques de droite et d’extrême droite. 

Ils « ont une attitude responsable, dans un contexte d’état d’urgence », a affirmé l’ancien Premier ministre François Fillon. Le président de l’AMF (Association des maires de France), François Baroin, (LR) a abondé en ce sens de même que la présidente du FN Marine Le Pen.

Les associations de défense des droits de l’Homme, vent debout contre l’interdiction, ont en revanche déjà saisi la justice. 

Vendredi, le tribunal de Nice a examiné la demande de suspension de l’arrêté anti-burkini à Villeneuve-Loubet déposée par la LDH et le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF).

Pour l’avocat de la LDH, Me Patrice Spinosi, aucune des justifications avancées ne justifie une telle « atteinte » aux libertés fondamentales. 

« Aujourd’hui, ce sont les plages, demain ce seront les rues », a lancé l’avocat, qui craint que cela n’aboutisse à « exacerber les tensions que ces arrêtés prétendent précisément atténuer ». 

Le tribunal rendra sa décision lundi. A deux reprises il a déjà rejeté, pour des vices de forme,  les requêtes contre les arrêtés pris à Cannes et à Villeneuve Loubet. 

Dans une lettre adressée à Manuel Valls mardi, Christian Estrosi, premier adjoint à la mairie LR de Nice, estime que "la dissimulation intégrale du visage ou le port d'une tenue intégrale pour aller à la plage ne correspond pas à notre idéal de la relation sociale". © AFP

© AFP/Archives Valery HACHE
Dans une lettre adressée à Manuel Valls mardi, Christian Estrosi, premier adjoint à la mairie LR de Nice, estime que « la dissimulation intégrale du visage ou le port d’une tenue intégrale pour aller à la plage ne correspond pas à notre idéal de la relation sociale »

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