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Les derniers rebelles appelés à quitter la ville syrienne d'Alep

Alep (Syrie) (AFP) – L’armée syrienne a appelé mardi à l’aide de haut-parleurs les derniers rebelles à quitter Alep en vue de parachever la reprise totale de la deuxième ville du pays, sa plus importante victoire depuis le début de la guerre.

Dans le même temps, la Russie, l’Iran et la Turquie se sont dits favorables à un cessez-le-feu « élargi » en Syrie et prêts à être les « garants » de pourparlers de paix, dans une déclaration commune après des discussions tripartites à Moscou de leurs chefs de la diplomatie.

En vertu d’un accord parrainé par ces trois pays, quelque 25.000 personnes, des rebelles et des civils, ont déjà été évacuées de la métropole septentrionale d’Alep depuis jeudi, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Une fois les évacuations terminées, le régime de Bachar al-Assad devrait proclamer la « libération » de la ville, son plus important succès en près de six ans d’une guerre qui a fait plus de 310.000 morts.

Cette victoire est aussi celle de la Russie et de l’Iran, alliés indéfectibles du pouvoir syrien auquel ces deux pays ont fourni un soutien militaire crucial.

Mardi, l’armée a lancé un appel via des hauts-parleurs aux rebelles et civils qui le souhaitent pour qu’ils quittent le réduit rebelle à Alep, a indiqué une source militaire syrienne à l’AFP. « L’armée veut nettoyer la zone après la sortie des hommes armés ».

Des « milliers » de personnes attendent encore d’être évacuées, a déclaré une porte-parole du CICR, Ingy Sedky. Et le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a estimé que l’évacuation des civils serait finie « d’ici un, deux jours maximum ».

Un convoi pour transporter les derniers habitants voulant quitter Alep attendait un départ simultané de près de 2.000 habitants cherchant à sortir des villages chiites prorégime de Foua et Kafraya assiégés par les rebelles dans la province d’Idleb (nord-ouest), selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Mardi, seuls dix bus ont transporté des civils et des insurgés d’Alep vers des quartiers gouvernementaux avant d’être emmenés dans d’autres régions sous contrôle rebelle à l’ouest de la ville.

Vieillards, femmes et enfants pour la plupart, se sont agglutinés dans les bus avec les rares affaires qu’ils ont pu emporter. Plusieurs étaient en pleurs et d’autres grelotaient de froid, selon des correspondants de l’AFP.

– ‘Etat lamentable’ –

« Leur état est lamentable, tout le monde avait froid », a indiqué un responsable de l’Union des organisations des secours et soins médicaux, Bachar Babbour, à Khan al-Assal, point de rassemblement en zone rebelle. 

« La plupart des gens qui vont voir les équipes médicales, demandent de l’eau et à manger, en plus de couvertures », a-t-il ajouté. D’autres veulent un accès à internet pour pouvoir entrer en contact avec leurs amis ou proches.

Avant d’être évacués lundi, nombreux étaient ceux à prendre des photos d’Alep avec leurs portables. « Peut-être ne reverrons-nous plus jamais notre ville », confiait l’un d’eux abattu tandis qu’un vieillard éclatait en sanglots.

Minés par la faim, la plupart des passagers avaient le visage émacié à tel point que même entre connaissances, certains ne se reconnaissaient pas après avoir vécu des mois de siège, terrés pour se protéger de bombardements incessants du régime.

Pour parvenir en zone rebelle, ils devaient franchir les barrages de l’armée, des Russes et des miliciens iraniens et irakiens, tous alliés du régime.

En échange des évacuations d’Alep, 750 personnes ont déjà quitté Foua et Kafraya, selon le CICR.

– ‘Garants’ de négociations de paix –

Un mois après le début le 15 novembre d’une offensive aérienne et terrestre par le régime Assad et ses alliés, qui a dévasté l’enclave rebelle, l’opération complexe d’évacuation a débuté jeudi.

A l’initiative de la France, le Conseil de sécurité a voté à l’unanimité une résolution prévoyant le déploiement rapide à Alep du personnel humanitaire de l’ONU déjà présent en Syrie pour surveiller les évacuations et évaluer la situation des civils.

Avec cette résolution, l’objectif de la France est « d’éviter un nouveau Srebrenica », ville de Bosnie où fut commis en 1995 le pire massacre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, a dit l’ambassadeur français, François Delattre, alors que l’ONU et des ONG internationales avaient fait état d’atrocités qu’aurait commises le régime dans les secteurs reconquis à Alep.

L’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura a, lui, annoncé son intention de convoquer des négociations intersyriennes le 8 février à Genève, mais on ignorait dans l’immédiat les éventuelles réponses des principaux protagonistes.

Réunis à Moscou, les chefs de diplomatie de Russie, d’Iran et de la Turquie, pays soutenant les rebelles, ont souligné être prêts à être les « garants » de négociations de paix entre régime et opposition.

Les trois pays ont montré ainsi qu’ils avaient pris la main dans le dossier syrien, Etats-Unis et Occidentaux n’ayant pas été conviés à la réunion. Les soutiens militaires russe et iraniens ont été déterminants pour renverser la situation au profit du régime en Syrie.

Déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques pro-démocratie, le conflit syrien s’est complexifié au fil des années avec l’implication de multiples belligérants soutenus par différentes puissances régionales et internationales.

Des Syriens évacués des quartiers tenus par les rebelles à Alep arrivent le 19 décembre 2016 dans la région de Khan al-Assal contrôlée par l'opposition . © AFP

© AFP Baraa Al-Halabi
Des Syriens évacués des quartiers tenus par les rebelles à Alep arrivent le 19 décembre 2016 dans la région de Khan al-Assal contrôlée par l’opposition

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