ACTUS LOCALESLOGEMENTSOCIAL

Les fare de la discorde : Moana Blanchard explique le « malentendu » entre l’OPH et les habitants de Puka Puka

©CP/Radio1

Le 8 janvier dernier, une attributaire de fare OPH à Puka Puka poussait un « coup de gueule » sur les réseaux sociaux, accusant l’Office polynésien de l’habitat de ne pas avoir tenu ses engagements sur la construction de 14 maisons. De son côté, l’OPH affirme qu’un seul attributaire a rempli les conditions contractuelles, et que les autres sont tout simplement en défaut de paiement. Il semble surtout que plusieurs personnes n’aient pas compris les termes des contrats qu’ils ont signés, peut-être induites en erreur par le personnel de l’OPH et le maire de l’atoll.

Accusé d’avoir abandonné 14 familles de Puka Puka qui attendaient la construction de leur fare, non sans avoir procédé à des saisies, l’Office polynésien de l’habitat affirme que ces familles n’ont en réalité pas rempli leurs obligations de paiement qui doivent précéder la livraison des maisons.

L’OPH a diffusé un communiqué expliquant le processus d’accession à la propriété : « Les terrains, d’une superficie moyenne de 500 m², sont mis en location-vente pour une durée de 3 ans, avec des loyers inférieurs à 8000 FCFP toutes charges comprises. À l’issue des 3 ans, et à condition d’avoir payé les loyers, les locataires en deviennent propriétaires. Le fare OPH, d’une valeur entre 10 et 15 millions de FCFP, leur est concédé en contrepartie d’une participation financière entre 2 % et 5 % de sa valeur, soit entre 254 000 et 755 000 FCFP. » Une participation qu’il faut avoir effectuée dans un délai de 5 mois après l’arrêté d’attribution pour que commencent les travaux. « Dès lors qu’un attributaire est à jour sur le règlement de ses loyers et sur sa participation, la construction de son fare est effective dans les semaines à venir. » Total maximum pour le terrain et le fare livré construit, fret et montage compris : 1,043 million de Francs.

Des conditions respectées par une seule famille sur 14

Or, dit l’OPH, la plupart des attributaires n’ont pas rempli ces conditions. Certains n’ont pas réglé les loyers des terrains, malgré une facturation suspendue durant trois mois en 2020 consentie par le Pays pour cause de crise sanitaire et économique. Et l’OPH a mis ces loyers en recouvrement, allant jusqu’à la saisie sur salaire, pour les dossiers accusant plus d’un an de retard. D’autres n’ont pas effectué le paiement du fare. Presque tous, en fait, puisque l’OPH affirme qu’« au 31 décembre 2020, une seule participation financière a été honorée. »

Il s’agirait d’un malentendu. « De ce que j’ai pu comprendre, dit le directeur de l’OPH Moana Blanchard, les gens sont en attente d’une arrivée du fare avant de devoir payer quoi que ce soit. Ce n’est pas du tout le cas. Ils ont signé en avril 2019 un contrat, je ne pense pas que ce soit des gens qui ne savent pas vraiment lire, ce serait faire injure à notre population. » Même s’il reconnaît que certaines demandes remontent à plusieurs années, il rappelle que l’OPH n’a disposé du foncier qu’en depuis 2016 et que les terrains sont viabilisés depuis fin 2018. Il estime donc que l’établissement qu’il préside n’a pas perdu de temps depuis cette date. « Et l’agent comptable, indépendant de l’ordonnateur que nous sommes, fait son travail de recouvrement. Pour arriver à cette ultime saisie, il y a des courriers, il y a un contact qui est établi, donc peut-être que ça a failli à ce niveau-là », conclut le directeur de l’OPH. Qui s’engage à présent à construire le fare de la famille à jour de ses paiements, sans attendre les autres règlements pour minimiser les coûts de transport et de main d’œuvre.

« On a rigolé, dit Irma Purotu, qui avait porté l’affaire sur les réseaux sociaux, parce qu’on sait que ce sont des paroles en l’air. » L’OPH, dit-elle, était déjà revenu sur la promesse de commencer la construction si 5 familles étaient à jour. « C’est comme ça qu’on n’a plus payé nos maisons, parce si on attend les autres, moi je serai morte d’ici là ! » Elle affirme que le maire de l’atoll avait « demandé des arrangements auprès de l’OPH et aussi du ministre du logement » en proposant que les attributaires eux-mêmes réalisent les travaux pour réduire les coûts. Elle dit aussi qu’un envoyé de l’OPH « ne nous a pas bien expliqué » qu’il fallait avoir payé la totalité des sommes dues avant la construction. « En tous les cas ce soir je vais bien relire le contrat », lâche-t-elle.

Elle assure que les paiements reprendront « dans la minute qui suit » si l’OPH confirme par écrit la construction prochaine, ce qui serait une inversion des termes du contrat. Mais Irma Purotu n’a pas peur d’être accusée de diffamation ou de calomnie, comme le laisse entendre le communiqué de l’OPH. « Ils peuvent faire ce qu’ils veulent, moi j’ai pas peur ».

 

Article précedent

Covid : prolongation du couvre-feu sur fond d'incertitudes sur l'épidémie

Article suivant

Trophées du Sport : Vahine Fierro, candidate n°8

1 Commentaire

  1. Andy
    17 janvier 2021 à 12h14 — Répondre

    Ingérence et incompétence hautement placée ! Des membres de ma famille ont attendu 10 ans afin que l’OPH leur livre enfin le kit, sachant que tout était déjà payé. C’est scandaleux de retarder l’accès à la propriété pour des familles nécessiteuses.

Répondre à Andy Annuler la réponse.

PARTAGER

Les fare de la discorde : Moana Blanchard explique le « malentendu » entre l’OPH et les habitants de Puka Puka