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Les îles de la Société confinées jusqu’au 6 septembre

Devant la saturation des hôpitaux et la progression de l’épidémie, le haut-commissaire Dominique Sorain et le président Édouard Fritch se sont résolus à annoncer un confinement de deux semaines pour Tahiti, Moorea et les îles Sous-le-Vent. Le couvre-feu sera avancé à 20 heures dans tout le pays, et les écoles fermées dès lundi.

« L’interdiction de circulation devient provisoirement la règle ». Pour Dominique Sorain, il ne s’agissait que d’une confirmation, après l’annonce, ce matin, de la fermeture des établissements scolaires par Édouard Fritch à Tarahoi. Les deux responsables avaient pourtant plusieurs fois exprimé leur réticence à cette mesure de confinement généralisé, considérant qu’elle serait difficilement tenable économiquement pour le fenua. Mais la décision, de plus en plus demandée dans les milieux sanitaires ou éducatifs, a été précipitée par l’augmentation continue du nombre de cas – la Polynésie a le taux d’incidence le plus fort de France, et probablement du monde –  et la « saturation structurelle et durable » des capacités hospitalières. 329 personnes sont aujourd’hui hospitalisées pour cause de Covid au fenua. Et la Polynésie a déjà connu 114 décès depuis le début de cette nouvelle vague causée par l’importation du variant Delta, il y a un peu plus d’un mois.

  • Couvre-feu et écoles fermées dans tout le pays

Le nouveau cadre de restrictions sanitaires s’appliquera donc à partir de lundi : Tahiti, Moorea et l’ensemble des îles Sous-le-Vent seront confinées entièrement jusqu’au 6 septembre. Les îles des Tuamotu-Gambier déjà confinées le weekend (ArutuaFakarava, Gambier, MakemoManihiNapukaRangiroaTakaroa et Tureia) conservent ce statut. Mais comme les autres atolls des Tuamotu, ainsi que les Marquises et les Australes, qui ne sont pas concernés par le confinement, ils se verront appliquer un couvre-feu à 20 heures. Des mesures prises pour 15 jours, et qui pourront bien sûr être renouvelées en fonction de l’évolution de l’épidémie. La fermeture des établissements scolaires du premier et second degrés, déclarée par le Pays sur tout le territoire, suit le même calendrier. « Je reconnais que cette décision peut être critiquée, mais la progression constante et forte de l’absentéisme constaté ces dernières 48 heures, nous laisse augurer de mauvais présages pour les jours à venir », précise le président du Pays qui compte « près de 40 % d’absentéisme des élèves dans le primaire et près de 30 % dans le secondaire » ce vendredi, en plus des 20 % d’absentéisme chez les enseignants. La ministre de l’Éducation Christelle Lehartel, qui s’était plusieurs fois exprimée contre ces fermetures ces derniers jours, assure que cette nouvelle continuité pédagogique est « plus préparée » et sera « plus facile à mettre en place » qu’en 2020. Et précisé que le reste du calendrier scolaire n’était pour le moment pas affecté par ces deux semaines de confinement.

  • Confinement plus souple qu’en mars 2020

Ce confinement complet ne « signifie pas que l’ensemble de la société va arrêter de fonctionner » a tout de même expliqué Dominique Sorain. Les activités professionnelles qui permettent le respect des gestes barrières seront bien un motif de sortie du domicile à partir de la semaine prochaine, de même que les obligations de transport (navette, avion…), les motifs familiaux urgents, les achats de première nécessité, et les trajets destinés à se faire soigner ou vacciner. D’après Édouard Fritch, l’ensemble des services de l’administration devraient rester ouverts. Seuls les « déplacements d’agréments seront suspendus ». Parmi les établissements qui devront fermer leurs portes, « les commerces de biens, bars, commerces de loisirs et restaurants », à l’exception de la vente de nourriture à emporter qui devra cesser à 20 heures. De nouvelles attestations de sortie – les troisièmes en 10 jours après celle du couvre-feu et du confinement du weekend – devraient bientôt être mises en ligne sur le site du Haut-commissariat. Dominique Sorain a appelé à la « mobilisation de tous » pour le respect de ces règles, afin de freiner la propagation de l’épidémie : « C’est une nouvelle période qui commence pour nous, plus dure, compte tenu de la saturation du système de soins ».

  • Les touristes confinés mais pas expulsés

Cette nouvelle vague de restrictions est bien sûr un coup dur pour toute l’activité du fenua – Le Haussariat promet déjà une nouvelle série d’aides, sans les détailler – et particulièrement dans le tourisme. Les voyageurs présents sur le territoire ne sont pas invités à quitter le fenua, mais seront bien confinés s’ils se trouvent sur une île qui l’exige. Ils seraient environ 9 000 d’après le haut-commissaire, avec des taux de remplissages très importants dans certains hôtels, de Bora Bora notamment. Des avions doivent d’ailleurs encore arriver ce soir puisque les frontières restent ouvertes : une fermeture n’aurait pour les autorités, pas d’intérêt sanitaire, mais provoquerait d’importants problèmes logistiques. « Nous travaillons avec Tahiti Tourisme sur la communication la plus adéquate parce que nous avons pris connaissance de ces mesures dès ce matin, explique la ministre du Tourisme Nicole Bouteau. Il faut que dès ce soir, on puisse indiquer à nos partenaires, les tour-operators et leurs clients les conditions dans lesquelles ils vont arriver. La destination n’est pas fermée, les vols commerciaux opèrent toujours, et ils pourront séjourner avec certaines contrainte, et notamment sans la possibilité de pouvoir sortir de leurs hébergements ». Objectif pour les hôteliers et des transporteurs : obtenir le report des voyages d’au moins deux semaines plutôt que leur annulation.

  • Des renforts sanitaires attendus

Pour aider l’hôpital, « sous une pression énorme », et en attendant que les chiffres de l’épidémie commencent à baisser, le Haussariat a promis de nouveaux renforts de la réserve sanitaire nationale. Des renforts qui seront composés d’infirmiers, mais aussi pour la première fois de médecins. Ils s’ajouteront aux 15 réservistes arrivés dimanche dernier – « et qui sont pleinement au travail au CHPF contrairement à ce que certains ont pu dire », précise le Haussaire – et à la délégation de 8 soignants arrivée hier soir de Nouvelle-Calédonie. « J’ai demandé également cette semaine au Gouvernement national d’étudier toutes les solutions de soutien possibles par des moyens militaires et civils pour venir en appui à nos structures » précise Dominique Sorain. Le lien avec la métropole et le CHPF seront gardés en permanence pour assurer de la disponibilité en matériel, et notamment en oxygène, que nécessitent la plupart des victimes graves du Covid.

  • Moins de dépistage, plus de vaccination

Les deux responsables ont encore une fois appelé à la vaccination de tous les Polynésiens. Et rappelé que la vaste majorité des décès (98% selon Édouard Fritch) et des cas graves concernaient des personnes non vaccinées. « La vie de ces personnes aurait pu être épargnée », appuie le président, quand Dominique Sorain pointe que l’archipel des Marquises, de loin le plus vacciné du fenua est aussi celui qui est le moins touché par le virus et les cas graves. Les deux semaines de confinement doivent notamment servir à augmenter la couverture vaccinale au fenua. « Nous allons réduire drastiquement les points de tests pour donner priorité à la vaccination », a déclaré Édouard Fritch, défendant, comme ce matin à Tarahoi, la loi sur l’obligation vaccinale de certaines professions. « Je sais que ce texte sera contesté mais (…) notre situation sanitaire est insupportable, insoutenable pour nos personnels soignants, situation indigne pour nos malades et nos familles » a-t-il expliqué. Le centre de vaccination de la présidence devrait être ouvert toute la semaine, et les déplacements y seront possibles.

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