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Les Marocains choisissent leurs députés, faible participation

Rabat (AFP) – Les Marocains votaient vendredi pour élire leurs députés dans un scrutin où les islamistes à la tête du gouvernement de coalition depuis cinq ans tentent de conserver la majorité face aux « modernistes ».

Le taux de participation était de 10% à la mi-journée et « le vote se déroule dans des conditions normales », a annoncé à la mi-journée le ministère de l’Intérieur.

Les bureaux ont ouvert à 8H00 (7H00 GMT). « Pour l’instant, c’est plutôt calme. Les gens viendront après la prière, dans l’après-midi », a déclaré en fin de matinée un assesseur d’un bureau installé dans l’enceinte du lycée Hassan II, dans le centre-ville de Rabat.

Les opérations s’y déroulaient de façon bien organisée, avec dans chaque salle de classe faisant office de bureau, un isoloir, un drapeau rouge marocain punaisé au tableau à côté d’un portrait du roi Mohammed VI.

« Je suis venue accomplir mon devoir de citoyenne, notre Maroc a besoin d’une démocratie saine », expliquait une électrice. « C’est une bonne chose pour notre pays, il faut participer » au vote, plaidait Mohammed, retraité.

Le vote doit prendre fin à 19H00 (18H00 GMT), avec des premiers résultats locaux diffusés dans la foulée.

Près de 16 millions d’électeurs sont appelés à voter pour élire leurs 395 députés, dans 92 circonscriptions et selon un système de liste à la proportionnelle.

En 2007 et 2011, l’abstention avait été très élevée (63% et 55%).

Ces législatives s’annoncent comme un face-à-face serré entre le Parti authenticité et modernité (PAM), formation libérale dirigée par Ilyas el-Omari, et les islamistes du Parti justice et développement (PJD).

Le PJD avait remporté une victoire historique en novembre 2011, quelques mois après une révision constitutionnelle menée par le roi pour calmer le « mouvement du 20 février », né dans le sillage du Printemps arabe.

Le PJD reste aujourd’hui la seule formation islamiste encore à la tête d’un gouvernement dans un pays de la région.

Emmené par le Premier ministre Abdelilah Benkirane, le parti islamiste entend décrocher un deuxième mandat pour « continuer la réforme », avec toujours en arrière-plan le « référentiel » islamique.

– Scrutin « transparent » –

Dénonçant de son côté une « islamisation rampante » de la société, le PAM se pose en parti « moderniste », « défenseur des libertés » et de la condition féminine.

Si la campagne s’est déroulée sans incident majeur, la période qui l’a précédée a été marquée par un climat de défiance, avec scandale sexuel, accusations de coup bas et d’intox de part et d’autre.

Tout en se gardant bien de prendre de front le palais, le PJD a accusé de façon récurrente l’Intérieur, ministère régalien avec un technocrate à sa tête, de partialité et d’agissements en sous-main pour favoriser la victoire du PAM.

Le ministère de l’Intérieur s’est engagé à organiser un scrutin « transparent », conformément aux « directives » du souverain.

Sur la trentaine de partis en lice, huit ont une audience véritablement nationale et peuvent espérer obtenir un groupe parlementaire, dont la Fédération de la gauche démocratique (FGD), qui a fait une campagne sur le thème de la « troisième voie », et le parti Istiqlal, parti historique de la lutte pour l’indépendance.

Sur les bulletins de vote, des symboles permettent d’identifier chaque parti alors que près d’un tiers de la population est analphabète: un tracteur pour le PAM, une lampe à huile pour le PJD, un chameau, un parapluie, un avion, ou encore un soleil ou un éléphant pour d’autres formations.

Les principaux leaders politiques avaient déjà voté à la mi-journée. M. El-Omari l’a fait à Rabat, souhaitant à cette occasion que « les Marocains aillent exercer leur droit de vote ».

Le Premier ministre Benkirane a lui aussi voté dans la capitale. Il s’est félicité auprès de l’AFP d’une « campagne réussie » et a pronostiqué la « victoire » du PJD.

« Votons! », « Le vendredi du verdict » ou encore un « scrutin normal dans un royaume serein », a titré la presse locale, qui s’interrogeait par ailleurs sur les possibles difficultés du vainqueur à former la future coalition gouvernementale, alors que les ennemis intimes du PAM et du PJD ont exclu de faire alliance.

Selon la Constitution, le roi nomme le Premier ministre au sein du parti arrivé en tête des élections.

Des électeurs votent aux législatives au Maroc, à Rabat, le 7 octobre 2016. © AFP

© AFP FADEL SENNA
Des électeurs votent aux législatives au Maroc, à Rabat, le 7 octobre 2016

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