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(MàJ) Les perliculteurs lancent un SOS, leur ministre de tutelle leur répond

Heinarii Haoatai, perlicultrice et Mia Williams, présidente du Spmppf. ©PB

Le Syndicat des petits et moyens perliculteurs de Polynésie française a lancé un SOS ce jeudi à leur ministre de tutelle Teva Rohfritsch. Pour le Spmppf, la perliculture est en crise, suite notamment à la pandémie, mais aussi à la difficulté de mettre en place des comités de gestion de la perle dans les 25 îles perlicoles. Teva Rohfritsch a diffusé un communiqué indiquant que les mesures d’allègement des charges des perliculteurs sont à l’ordre du jour du conseil des ministres de demain et d’une prochaine séance de l’assemblée.

« On aimerait que notre ministre de tutelle soit aussi actif que la ministre du tourisme », attaque d’emblée Mia Williams, présidente du Spmppf, lui reprochant de tarder sur le moratoire promis concernant les redevances maritimes de l’année 2020 et l’exonération de la taxe sur les exportations de perles. Car le secteur de la perle est en crise. En crise à cause du coronavirus qui a stoppé net les liaisons aériennes et donc le tourisme, et accessoirement la venue des greffeurs chinois.

Mais la perliculture souffre aussi et surtout de problèmes institutionnels. Si un conseil de la perliculture a été mis en place, celui-ci doit fonctionner avec des comités de gestion. Et c’est là que le bât blesse car ceux-ci tardent à se constituer. Sans comités de gestion, le conseil de la perliculture qui prend les décisions en matière d’organisation de la filière, ne sert à pas grand-chose. Ces comités de gestion sont les représentants de tous les producteurs des îles et les interlocuteurs du décideur politique. Pour l’heure, sur les 25 îles dont l’économie repose sur la perliculture, seuls neuf comités ont été mis en place. Un problème relationnel avec certains tavana, selon un perliculteur, mais aussi d’échéances électorales selon Mia Williams.

Sans comité de gestion pas de possibilité pour un petit perliculteur de se faire entendre. Pour Heinarii Haoatai, perlicultrice à Manihi, les comités de gestion, « portent la voix des îles. »

S’il n’y avait que les comités de gestion qui posaient problème, l’on peut toujours se dire qu’une fois le deuxième tour des municipales passé, tout devrait rentrer dans l’ordre. Mais le Spmppf réclame aussi à cor et à cri le retour du contrôle de la qualité de la perle et son passage aux rayons X. Une suppression responsable de la chute des prix de la perle sur le marché selon Heinarii Haoatai, car beaucoup de perliculteurs en profitent pour écouler leurs rebuts.

Un faux problème selon Pascal Maout, perliculteur à Arutua, qui estime que par la suppression de ce contrôle qualité, le gouvernement a voulu responsabiliser les perliculteurs.

Réponse de Teva Rohfritsch : l’exonération des redevances à l’ordre du jour du conseil des ministres de demain, et une loi du Pays en juillet

Dans l’après-midi, un communiqué de la vice-présidence apportait les réponses du gouvernement. « Contrairement à ce qui a été annoncé, le Ministre de la perliculture va proposer l’exonération des redevances d’occupation maritime à des fins d’exploitation perlicole pour tous les professionnels du secteur, au Conseil des Ministres qui se tiendra à Atuona, île de Hiva Oa, demain, le 26 juin 2020. Il est précisé que l’exonération des droits spécifiques sur les perles exportées (DSPE), qui nécessite la rédaction d’une loi du Pays, sera proposée au vote de l’Assemblée de la Polynésie française au mois de juillet 2020. »  Le communiqué rappelle également la batterie d’aides exceptionnelles mises en place pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire, dont peuvent bénéficier les perliculteurs. Il précise aussi que le minister réunira le Conseil de la perliculture au mois d’août.

« Le Ministre estime que la remontée du cours de la perle passe impérativement par une meilleure organisation du secteur et un changement de comportement des acteurs, comme évoqué par Madame Williams », poursuit le gouvernement, qui indique toutefois qu’« il est erroné d’indiquer que le Pays a retiré la possibilité aux producteurs de perles de faire expertiser, à titre gracieux, l’épaisseur de la couche nacrière de leurs perles par la direction des ressources marines. Le ministre les invite donc à se rapprocher du service afin d’obtenir la certification par la DRM des perles dont la couche nacrière est supérieure à 0,8 millimètre. »

 

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2 Commentaires

  1. Teiva Hoki
    26 juin 2020 à 7h02 — Répondre

    Il serait véritablement temps que les producteurs de perles se rendent compte que la situation actuelle n’est que de leurs faits… Ils devraient déjà commencer par arrêter de faire venir des greffeurs chinois et de prendre des greffeurs locaux !!! Se rappellent-ils qu’il y a 25 ans, il n’y avait en tout et pour tout qu’une cinquantaine de greffeurs (Japonais et locaux) et qu’aujourd’hui (enfin avant le COVID), il y avait plus de 300 greffeurs chinois !!! Une surproduction de perles et surtout de mauvaises qualités n’a cessé d’entraîner la perle noire (qui valaient 2 blanches) vers un abîme sans fond !!! D’autre part, il est plus que regrettable que le ministre ait pu autoriser la vente des rebuts il y a juste quelque mois, afin d’aider l’empereur à écouler toute sa marchandise de mauvaise qualité, enfonçant encore plus la perle dans les profondeurs sombres des faillites annoncées !!!

  2. 26 juin 2020 à 8h53 — Répondre

    Il est importent de comprendre que pour que nos perles retrouvent des acheteurs il nous faut privilégier la qualité à non pas la quantité. Comme le dit fort justement Mia Williams le contrôle de la qualité de nos perles était un élément important pour séduire nos clients. nombre de perles de piètre qualité se retrouvent actuellement dans des lots présentés localement et sur le marché international. Cela dévalorise notre perle et décourage nos acheteurs. La perle de Tahiti se doit d’être positionnée sur le marché comme un gemme de luxe et si l’on compte sur les perliculteurs pour aller faire expertiser leurs perles c’est du domaine du rêve car pourquoi perdre du temps et prendre un risque inutile qui va leur donner une mauvaise image ? Risque qu’ils ne veulent pas prendre. De plus, la qualité n’est pas forcément le soucis principal de certains producteurs qui n’y comprennent pas forcément grand chose et sont étrangers au monde du luxe.
    L’on constate que des milliers de perles ne trouvent pas acheteur car il y a beaucoup trop de perles sur le marché et celles-ci vont donc se retrouver dans des poubelles et ne trouveront jamais d’acheteur. J’en ai personnellement jeté plus de 200 000 en 2018. Le contrôle de l’épaisseur nacrière et de l’esthétique étaient les seuls remparts à la mauvaise qualité. Actuellement les South Sea Perles issues des Pinctada Maxima produites principalement en Australie, Philippines et Indonésie trouvent immédiatement acheteurs car il n’y a qu’un nombre limité dans la production et un contrôle de qualité sévère.
    Conclusion si l’on souhaite que nos perles retrouvent leur marché, le marché du luxe il faut remettre en place un contrôle sur la qualité et réduire de moitie les quantités produites. Il faut comprendre le monde du luxe avant de produire inutilement des perles rebuts qui les font sortir du monde de la bijouterie, joaillerie et les fait entrer dans le monde des produits de la bijouterie fantaisie c’est un très mauvais calcul.
    Le prix en réalité n’a aucune importance et ce n’est pas parce que l’on va supprimer les taxes à l’export que cela va changer quelques chose, bien au contraire. Les prix sont fixés par les acheteurs et non pas par les producteurs ou les négociants. Les taxes à l’export étaient à l’origine (suggérée par moi même à notre ministre de la mer de l’époque et actuellement notre Président) pour aider à la promotion et cela avait parfaitement fonctionné. A présent cet argent ne sert plus qu’à faire entrer des taxes supplémentaires dans les caisses du pays. Ce n’était pas à l’origine leur destination. Produisons deux fois moins mais deux fois mieux et il y aura peut être de l’espoir. Après plus de 50 années de métier même moi je ne la regarde plus comme avant. Nous avons tué la poule aux oeufs d’or. C’est décourageant.

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