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Les « pierres organiques » de l’artiste Jean-Paul Forest

Des galets évidés préfigurant coquilles et carapaces, des pierres qui disent les plantes, le corail, mais aussi la vie disparue des fossiles et l’érosion des rivières, ou encore des formes anthropomorphiques, c’est le travail artistique que propose Jean-Paul Forest à travers sa nouvelle exposition à la Galerie Winkler. Des formes qui évoquent le passage du minéral au biologique pour une poétique de la pierre à retrouver jusqu’au 30 mars.

 Des pierres de rivières du centre du volcan de Tahiti, voilà où nous emmène le travail artistique de Jean-Paul Forest exposé à la Galerie Winkler jusqu’au 30 mars. Inlassable arpenteur de la vallée de la Papeno’o depuis 25 ans, fin connaisseur et témoin des mutations de ce haut lieu de patrimoine culturel historique mais aussi industriel, Jean-Paul est un faiseur de mythes.

Nouvelle exposition personnelle de l’artiste après 3 ans

Artiste méticuleux et prolifique, bien connu pour son travail de déstructuration/restructuration de la pierre, les deux dernières expositions de l’artiste plasticien remontent tout de même à 2018 (« Multitudes », à la bibliothèque universitaire ; et « Torsions » à la galerie Winkler). Nous retrouvons donc en ce moment l’artiste plasticien, sculpteur et graveur après 3 ans, à travers la quintessence d’un projet commencé depuis 2016.

©VD

Du minéral au biologique : conversation avec la matière

« L’exposition ‘Pierres organiques’ regroupe 3 tentatives étalées sur plusieurs années de faire passer la matière du minéral au biologique. L’univers est basé sur une évolution permanente de la matière, et une des étapes des plus signifiantes, des plus remarquables, est la création du vivant par rapport au minéral. J’ai essayé toujours de faire passer une pierre vers une forme plus minérale. J’ai donc essayé différentes voies qui sont regroupées là sur 5 années de recherche », témoigne l’artiste.

 Étudier les effets du vivant sur la pierre

« Ce sont toujours des pierres de rivière de la Papeno’o, qui viennent du centre du volcan et qui ont déjà une histoire, puisque la rivière, les éléments, le temps, leur a donné une forme, et cette forme, je tiens justement à la garder. Je considère la pierre comme une entité, comme un corps, comme un personnage pourquoi pas, et je tiens à la garder même si je la fais évoluer vers autre chose. »

©DR

Jean-Paul a commencé par les formes organiques simples : comment une coquille, qui est de la pierre, se construit à partir du minéral, par déformation, par creusement ? (série ‘Coquilles et carapaces’) Puis l’artiste a évolué vers la forme la plus humaine, en commençant par l’étude du crâne, qu’est-ce qu’un crâne par rapport à un galet ? C’est un creux, un éclatement, un morcellement. De là, il s’est aventuré vers le corps entier, en conservant certaines formes et vers la pierre anthropomorphe, à forme humaine. (série ‘Anthropomorphismes’) Et puis la dernière tentative, c’est ce qu’il a appelé les ‘Arborescences’, quelque chose qui rappelle davantage la gravure, et qui joue sur la sélection des pierres et l’inscription d’une trace qui ressemble à la fois à un ravinement d’eau, à un arbre, à une plante, à un corail aux dendrites (à la surface d’une roche, figure arborescente ramifiée, formée de petits cristaux, rappelant des branches ou du feuillage, ndlr). »

Pour l’artiste, une exposition en galerie peut intervenir à un moment où il se sent apte à se séparer de certaines pièces. « Les pièces, jusqu’à un certain point, on doit les garder pour soi pour pouvoir évoluer, on en intègre ce qu’elles contiennent que progressivement. À un moment, on se dit, ‘ça c’est cohérent, je peux le montrer, ça fait un ensemble que j’aimerais voir isolé dans un espace comme celui de la galerie.’ »

 

14e exposition chez Winkler depuis mai dernier

©Valmigot

Avec l’allègement des restrictions sanitaires et la réouverture des espaces culturels, et alors que la salle Muriāvai de la Maison de la culture rouvrait ses portes ce mois-ci, la Galerie Winkler, a, elle, pu reprendre ses activités depuis mai dernier.

« Cela fait des années que j’expose Jean-Paul Forest à la galerie. Cette fois-ci, il avait envie de présenter un nouvel aspect de son travail, et j’ai répondu présente. Si on peut parler de continuer dans son travail, Jean-Paul ouvre toujours de nouvelles portes. Pour cette exposition, il en choisit deux qu’il explore pour la première fois devant le public ;  ce sont les ‘anthropomorphismes’ et les ‘arborescences’. Ce sont vraiment deux orientations nouvelles et qu’il avait envie de partager avec le public » nous confie Vaiana Drollet, propriétaire de Winkler.

 

La galerie se dit très satisfaite du retour du public : « Dès qu’on a rouvert les portes de la galerie en mai dernier, le public était présent, en attente des différents événements qu’on propose. On ressent vraiment le besoin de lieux culturels. On continue de maintenir les vernissages, en respectant les jauges, sans cocktails, et en respectant les gestes barrière. »

« C’est un petit peu chamboulé en ce moment. Normalement, on structure les expositions selon le calendrier scolaire. C’est vrai que pendant les vacances, les gens partent normalement davantage en voyage donc on faisait mois d’expositions à ce moment-là. Mais la donne a un peu changé, notamment là pour ‘Les Peuples de l’eau’ : j’engage une exposition la semaine prochaine, alors que c’est censé être les vacances, parce que le public est toujours en attente. Cette année c’est différent du calendrier que je propose d’habitude, on s’adapte aussi aux demandes des gens. »

Vous pouvez retrouver d’autres œuvres de Jean-Paul Forest du 1er au 30 avril aux côtés d’une soixantaine d’artistes dans le cadre de la Journée mondiale de l’art avec l’exposition collective « Les Peuples de l’eau », dans deux lieux associés, la Galerie Winkler et la bibliothèque universitaire ; mais également au Musée de Tahiti et des îles jusqu’au 25 avril dans le cadre de l’exposition collective « Fa’aiho, ta’u tufa’a, regards d’artistes contemporains ».

Du côté de la galerie Winkler, succèderont à Jean-Paul Forest les expositions de Yiling Changues, puis du duo Ken Hardy / Tahe, rendez-vous en avril !

Exposition « Pierres organiques » par Jean-Paul Forest

Jusqu’au mardi 30 mars à la galerie Winkler

Du lundi au vendredi, de 9 heures à 12h30 et de 13h30 à 17 heures ; et le samedi, de 8h30 à midi

 

 

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