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Les premiers effets du Brexit attisent la nervosité sur les marchés financiers

Paris (AFP) – La nervosité était palpable mercredi à la mi-journée sur les places financières mondiales, les Bourses européennes continuant de perdre du terrain, en proie au doute face aux premiers effets économiques concrets du Brexit.

« La visibilité est nulle et on ne sait pas à quoi se raccrocher », souligne Xavier de Villepion, un vendeur d’actions chez HPC.

Vers 12H30 (10H30 GMT), la Bourse de Paris perdait 2,32%, Francfort 2,26% et Londres 0,61% tandis qu’en Asie, Tokyo a fini en baisse de 1,85% après avoir perdu près de 3% peu après l’ouverture.

La livre remontait légèrement après avoir enfoncé le plancher symbolique de 1,30 dollar pour une livre mercredi pour tomber à 1,2798 vers 02H00 GMT, son plus bas niveau depuis mi-1985, tandis que le marché obligataire continuait de jouer son rôle de valeur refuge. 

« L’aversion au risque reprend le dessus avec les craintes d’une diffusion du risque immobilier britannique à l’ensemble du secteur financier européen et les inquiétudes sur les banques italiennes », notent pour leur part les stratégistes de Crédit-Mutuel CIC.

Car les premiers effets économiques concrets du spectaculaire vote des Britanniques pour quitter l’Union européenne commencent à se faire sentir.

Lundi et mardi, trois fonds immobiliers britanniques ont brutalement suspendu leur activité face à l’afflux des demandes de retraits d’investisseurs inquiets.

« Les investisseurs guettent désormais le prochain fonds qui pourrait fermer », souligne Andrew Edwards, d’ETX Capital. 

La croissance du secteur des services, prépondérant au Royaume-Uni, a de plus fortement ralenti en juin, selon des données compilées avant et après le vote historique du 23 juin, et Mark Carney, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, a incité mardi les banques à ouvrir les vannes pour soutenir une économie britannique en proie aux craintes de récession.

Les marchés financiers semblaient dans un premier temps avoir plutôt bien encaissé le choc de ce référendum pour lequel ils espéraient une autre issue, mais les fissures sont bien réelles et des voies d’eau commencent à apparaître.

« Juste quand nous pensions être revenus dans des eaux plus calmes, la livre se fait marteler », relevait Stephen Innes, trader de OANDA Asia Pacific.

La Livre est « le baromètre de l’état d’esprit des marchés après le Brexit », poursuit M. Edwards. 

Selon lui, la monnaie britannique « encaisse le stress du marché, à l’inverse du FTSE 100 », l’indice phare de la Bourse de Londres, « qui reste solide car près de 75% des bénéfices » se font en dehors du Royaume-Uni, explique-t-il. 

– ‘Carnage’ obligataire –

Les investisseurs inquiets recherchent frénétiquement des placements sûrs, comme du yen ou des obligations, une ruée qui provoque mécaniquement une baisse du rendement de ces dernières.

« Le mot est fort, mais il correspond exactement à ce qui est en train de se passer sur les rendements des obligations d’Etat: un carnage », relevait John Plassard, directeur adjoint du courtier Mirabaud securities.

Le graal obligataire, le Bund allemand, s’est enfoncé à des niveaux jamais vu en territoire négatif, à -0,205%.

Mercredi, le rendement de l’obligation américaine à 10 ans, toujours positive, a touché un nouveau plus bas historique à 1,318%.

Au-delà du Brexit, un autre élément pèse sur les marchés: les banques italiennes. 

Elles se font laminer en Bourse et les investisseurs se demandent avec de plus en plus d’insistance si elles ne seront pas le déclencheur d’une nouvelle crise financière en zone euro, d’autant que semble exister un désaccord profond entre le chef du gouvernement italien Matteo Renzi et ses partenaires européens sur la manière dont il faudra les renflouer.

« Renzi a raison, il y a un problème bancaire », écrit dans une tribune dans le Financial Times Philipp Hildebrand, vice-président de BlackRock, le plus gros gestionnaire d’actifs au monde.

Selon M. Hewson, il y a là un « cocktail empoisonné, qui peut potentiellement mettre le système bancaire européen à genoux, et pour l’instant, il semble que les politiques n’ont pas la moindre idée de la manière dont ils peuvent régler le problème ».

La livre sterling chute au plus bas depuis 31 ans face au dollar mercredi entrainant l'euro avec elle . © AFP

© AFP/Archives BEN STANSALL
La livre sterling chute au plus bas depuis 31 ans face au dollar mercredi entrainant l’euro avec elle

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