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Les prévenus d’Air Moorea mettent tous le câble hors de cause

Tous les prévenus, et notamment ceux de la compagnie Air Moorea, assurent onze années après l’accident que le crash ne peut être dû à l’usure ou à la cassure du câble. Pourtant à l’époque, nombre d’entre eux étaient persuadés que ce câble était la raison principale de la catastrophe.

Tous les prévenus, un à un, se sont présentés à la barre jeudi au procès Air Moorea pour expliquer notamment leur fonction à l’époque du crash en 2007. Les anciens responsables de la compagnie ont contesté en bloc la mise en cause de la cassure du câble ou de l’usure pour expliquer le crash. Alors même qu’en 2009, tous avaient pourtant incriminé ce fameux câble dans leurs témoignages. Ils estiment aujourd’hui, après avoir pris connaissance du rapport du BEA, qu’il est « impossible que le câble de soit rompu en vol ».

Freddy Chanseau : « c’est impossible que le câble se soit rompu en vol ».

Le directeur général d’Air Moorea en 2009, Freddy Chanseau, est aujourd’hui directeur à l’escale internationale pour la compagnie Air Tahiti. « La proposition m’a été faite d’assumer ses fonctions par Marcel Galenon », explique Freddy Chanseau qui affirme qu’il ne considère pas ce poste comme une promotion.

L’ancien directeur de la compagnie a indiqué : « on travaillait tous dans le même objectif : la sécurité ». Il a assuré que sa porte était tout le temps ouverte. « On avait à cœur de résoudre tous les problèmes ». Le juge a d’ailleurs rappelé qu’un rapport d’expert souligne que la compagnie « avait développé une organisation efficace, car tout était concentré à Air Moorea ».

Lors de l’audition de Freddy Chanseau en 2009 juste après le crash, l’intéressé avait indiqué que « le défaut d’Air Moorea résidait en l’inspection du câble, car cette tâche ne figurait pas dans programme d’entretien ». Aujourd’hui il affirme « ne plus être dans le même état d’esprit ». Il considère même que « c’est impossible que le câble se soit rompu en vol ».

Jacques Gobin : « Le câble ne peut pas être la cause du crash »

Le directeur technique et responsable entretien, Jacques Gobin, affirme que le cumul de ses fonctions relevait d’une proposition de la direction. « C’était mieux ainsi, nous n’avions pas de maintenance externe, c’était avant tout un côté pratique ». Il affirme avoir « été très choqué » après l’accident. « Pour me soulager, j’ai laissé un des deux postes ».

Lors de son témoignage, après le crash en 2009, Jacques Gobin avait affirmé : « je me reproche de ne pas avoir découvert l’anomalie dans le manuel d’entretien concernant le câble. C’est vrai qu’on se pose un milliard de questions. Et cela m’a travaillé. Quelque part forcément, on se pose toujours des questions ».

Onze années plus tard, l’ancien directeur technique d’Air Moorea, aujourd’hui à la retraite, affirme : « après avoir étudié tous les dossiers je suis intimement persuadé que l’avion n’est pas tombé après la rupture du câble. Le câble ne peut pas être la cause du crash ».

Jean-Pierre Tinomano : « je suis persuadé que ce n’est pas le câble »

Le responsable de production de l’époque, Jean-Pierre Tinomano, a pris sa retraite peu de temps après le crash. Il explique qu’il était le planificateur des visites des avions et qu’il avait aussi en charge l’atelier, avec sous sa responsabilité une dizaine de mécaniciens et d’aide mécaniciens. « C’est moi qui était responsable de la maintenance le 9 aout 2007. (…) J’avais tout ce qu’il fallait pour faire mon travail ».

Jean-Pierre Tinomano a aussi précisé que les mécaniciens étaient « tous compétents » car ils avaient tous leur diplôme en aéronautique. Mais il tempère : « ils n’étaient pas réceptifs au travail ». Il considère même qu’après l’accident : « c’était devenu invivable, il n’y avait plus de chef ». Il affirme aussi que lorsque le crash a eu lieu, « en tant que chef d’atelier, je pensais que la faute était due à notre mauvaise action sur ces câbles. (…) Aujourd’hui avec les éléments qu’on a, je suis persuadé que ce n’est pas le câble. Mais j’ai néanmoins une responsabilité en tant que chef d’atelier ».

Stéphane Loisel : « le cable n’a pas pu se rompre »

Le responsable du bureau documentation et études, Stephane Loisel, a intégré la compagnie Air Moorea en 2002. Il affirme que lors du crash, sa première réaction a été de « penser plus à une erreur de manipulation du pilote en vol. Je n’envisageais pas une cause technique qui entraînait ma responsabilité ». Aujourd’hui, il explique qu’il adhère à l’explication du DEA qui démontre selon lui que « le câble n’a pas pu se rompre ».

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1 Commentaire

  1. pat
    12 octobre 2018 à 7h43 — Répondre

    11 ans d’attente pour cela pourquoi un procès si couteux c’est pas la fautes des chefs grassement rémunérés car certains avouent avoir à l’époque 2 postes et d’autres d’avoir reçu une promotion c’est certainement la faute du pauvre pilote décédés dégueulasse de tout lui mettre sur le dos et dire que certains sont encore en poste et sont censés assurer notre sécurité cela fait peur

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