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Les « terres rares » pour la Polynésie, les « ressources stratégiques » pour l’Etat

Le toilettage du statut d’autonomie de la Polynésie française prévoit de « mettre un terme aux difficultés d’interprétation » sur la compétence du Pays en matière de « terre rares », précisant bien qu’elles relèvent de la compétence de la Polynésie, alors que l’Etat reste compétent pour ce qui relève des « matières stratégiques ». Pas de quoi apaiser les critiques des indépendantistes sur le sujet, au contraire.

Le projet de toilettage du statut d’autonomie de la Polynésie française, actuellement à l’étude « pour avis » à Tarahoi, prévoit de « mettre un terme aux difficultés d’interprétation » sur le partage des compétences du Pays et de l’Etat en matière de ressources naturelles notamment sous-marines du fenua. Comme précisé en 2015 par Paris lors d’un vif échange avec les élus indépendantistes polynésiens, le statut précisera désormais que l’exploitation des « terres rares » relève bien de la compétence de la Polynésie française. En revanche, l’Etat restera compétent en ce qui concerne les « ressources stratégiques ».

Une précision qui ne risque pas d’apaiser les critiques des indépendantistes sur le sujet. En effet le fond du problème, selon les élus Tavini, c’est la capacité du Premier ministre de modifier par un simple décret la liste des « ressources stratégiques » et donc potentiellement d’y intégrer arbitrairement certaines des fameuses « terres rares ».

L’Etat veut garder la liste des ressources stratégiques « évolutive »

Sur ce dernier point, l’exposé des motifs du toilettage du statut précise justement qu’il a été « envisagé », entre autres solutions, « d’énumérer » les matières premières stratégiques, « d’exclure » les terres rares des matières stratégiques ou encore de « restreindre » la compétence de l’Etat sur ces ressources aux matières stratégiques liées à la défense…

Mais ces options n’ont finalement pas été retenues, puisqu’elles « présentent l’inconvénient de figer une liste des matières stratégiques ayant vocation à demeurer évolutive ». Pas vraiment de quoi rassurer les indépendantistes.

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3 Commentaires

  1. D. BROWN
    8 novembre 2018 à 21h23 — Répondre

    Il ne s’agit pas seulement des indépendantistes mais de tous les polynésiens. Je ne suis pas indépendantiste mais je comprends tout à fait leur interrogation. Ces ressources sont précieuses pour les polynésiens et notre économie et le 1er ministre n’a pas à décider seul à notre place. La France n’a jamais vraiment payer sa dette nucléaire, elle freine l’éducation de nos jeunes et notre développement économique et notre émancipation en même temps qu’elle nous aide à nous développer. Ces ressources doivent d’abord permettre notre développement économique et social et non celui de la France.

  2. Mareva negui
    9 novembre 2018 à 9h41 — Répondre

    Tout à fait d’accord avec toi. C’est tous les polynésiens Nous sommes tous concernés.

  3. maraamu
    9 novembre 2018 à 11h44 — Répondre

    Pourquoi l’état tient-il tant à ces « ressources stratégiques »? Cette formule devrait tout simplement être supprimée du statut.
    Cela donne aux indépendantistes un levier qu’ils devraient actionner pour démontrer que la Polynésie est encore une colonie française et seulement un territoire autonome sur le papier.
    Comme D. Brown l’a dit, le rôle de la France est vraiment ambiguë.
    Si on veut un jour pouvoir exploiter ces terres rares il faut avant tout développer les moyens humains et techniques pour aller les chercher et les valoriser. Je ne veux pas que les polynésiens soient les dindons de la farce qui s’est jouée en Nouvelle-Calédonie avec l’exploitation du nickel: pollution du lagon et des « miettes » pour les populations où les mines sont exploitées.

    A moins que l’état pense que Mururoa a des mines d’Uranium ou de Plutonium?

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