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L'incendie de Sand en Californie: une "bête" qui dévore tout

Santa Clarita (Etats-Unis) (AFP) – « Nous avions déjà eu des incendies mais on avait toujours réussi à défendre notre propriété. Celui-ci était une bête. On entendait arriver son grondement, le ‘ffffrrrrr' », raconte Derek Hunt devant les ruines carbonisées de son ranch.

Le Sable Ranch, à Santa Clarita en banlieue de Los Angeles (ouest des Etats-Unis), fait partie de quelque 20 bâtiments détruits par le gigantesque incendie de Sand, comme le nom du canyon où il a démarré vendredi pour une raison encore inconnue. 

Loin d’être maîtrisé, il a déjà englouti 142 km2 de bois et broussailles et pourrait avoir causé une victime: un corps a été retrouvé calciné mais les autorités enquêtaient encore sur les causes du décès. 

Quelque 20.000 personnes ont dû évacuer les alentours de Santa Clarita, une bourgade cossue aux collines abritant de nombreux ranchs, dont les chevaux ont dû également être déplacés.

Les animaux du refuge Shambala de la mythique actrice Tippi Hedren ont eux aussi dû être mis à l’abri. 

Environ 2.000 logements et bâtiments commerciaux étaient menacés, selon les autorités, qui ont déclaré l’état d’urgence lundi soir.

Du Sable Ranch et ses maisons aux façades de western construites dans les années 70 par le père et le grand-père de Derek Hunt, il ne restait lundi guère qu’un gigantesque dinosaure en métal. Il fait partie du plateau d’une future émission de compétition sportive pour Netflix, « The Ultimate beast master ». 

« L’incendie n’a pas réussi à avoir cette bête-là », ironise Derek Hunt, qui parvient à garder le sourire. C’est ici qu’ont été également tournés certains épisodes de « 24 heures chrono », « Maverick », « L’agence tous risques », ou l’émission de téléréalité « Utopia ».

La saison des feux est particulièrement redoutable cette année en Californie à cause d’une intense chaleur et de cinq années de sécheresse extrême. 

Le Sand Fire, l’un des pires dans cette région depuis des décennies, s’est rapidement propagé, attisé par des températures autour de 30 degrés et des vents puissants ce week-end, qui ont fait planer un énorme nuage noir sur toute l’agglomération de Los Angeles.

Autour de Sand Canyon et de Placerita Canyon, les collines boisées étaient dorénavant noircies et fumantes, tandis que d’autres étaient encore en proie aux flammes. 

Quelques 3.000 pompiers étaient mobilisés et arpentaient par bataillons les coteaux pour combattre le feu, secondés par un ballet d’hélicoptères déversant de la poudre rouge ignifuge.

Un gigantesque nuage de fumée sombre s’étendait à des kilomètres, piquant les yeux et la gorge. 

– « Je ne pouvais plus respirer » –

Dans un lotissement en retrait de Sand Canyon, la plupart des habitants sont partis. Une femme rousse d’âge moyen qui refuse de donner son nom a toutefois préféré revenir chez elle malgré la proximité du feu, qui s’est arrêté « juste devant la maison d’à côté ». 

« J’habite ici depuis 40 ans, trop de fois j’ai dû évacuer sans pouvoir rentrer chez moi des jours durant », raconte-t-elle. 

Mary et Bill Sloan ont failli perdre leur maison: « notre clôture a fondu et notre fils qui était chez nous a jeté les meubles de jardin dans la piscine car ils commençaient à flamber ».
Le couple, qui était en vacances à Las Vegas, s’est senti paniqué et « impuissant » quand les voisins les a alertés en leur envoyant des photos apocalyptiques.

Ils vont passer la nuit chez des amis. D’autres ont trouvé refuge aux côtés de dizaines d’autres personnes dans un abri d’urgence mis en place par la Croix Rouge dans un lycée.

Rehab Moawad, 39 ans, et son fils de 14 ans Badr Haikal prévoient d’y passer la nuit après être restés chez eux tout le week-end sur Sand Canyon.

« J’ai de l’ashme, je ne pouvais plus respirer, j’ai un bébé qui était malade et n’arrêtait pas de pleurer, mes enfants avaient peur », explique cette mère qui porte le tchador.

« Je travaille tous les jours pour une dame âgée, j’avais peur pour mes enfants. Aujourd’hui je suis allée en ville on m’a donné l’adresse de cet hébergement d’urgence. Je ne sais pas si ce sera confortable mais nous n’avons pas le choix », conclut-elle.

Un pompier lutte contre l'incendie qui ravage les alentours de Santa Clarita le 25 juillet 2016 en Californie. © AFP

© AFP Frederic J. BROWN
Un pompier lutte contre l’incendie qui ravage les alentours de Santa Clarita le 25 juillet 2016 en Californie

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