INTERNATIONAL

L’inculpation de Mohamed Abrini scelle le lien entre les tueries de Paris et Bruxelles

Bruxelles (AFP) – Avancée majeure dans l’enquête sur les attaques de Paris et Bruxelles: Mohamed Abrini, traqué dans le dossier français du 13 novembre et inculpé samedi pour « assassinats terroristes », a avoué être le troisième homme des attentats à l’aéroport de Bruxelles, scellant les liens étroits entre les deux tueries.

« C’est un pas en avant important », a déclaré à l’AFP une source proche de l’enquête.

A l’issue d’une journée riche en rebondissements, le parquet fédéral belge a fait part, dans un bref communiqué, des aveux de Mohamed Abrini: il est « l’homme au chapeau », le troisième suspect de l’aéroport international de Bruxelles-Zaventem qui s’est enfui avant que ses deux complices ne lancent la double attaque-suicide.

« Il a été confronté aux résultats de diverses expertises et a reconnu sa présence lors des faits », a expliqué le parquet en précisant que Mohamed Abrini avait jeté sa veste dans une poubelle, puis « revendu » son couvre-chef!

Le parquet avait auparavant fait part de son inculpation et de celle de deux individus arrêtés vendredi à Bruxelles pour « assassinats terroristes » et « participation aux activités d’un groupe terroriste » dans les dossiers de Paris et Bruxelles.

Mohamed Abrini était l’un des principaux suspects recherchés par les polices d’Europe depuis les tueries du 13 novembre (130 morts).

Le Belgo-Marocain de 31 ans faisait l’objet d’un mandat d’arrêt européen émis par un juge français le 24 novembre. Il a été interpellé vendredi après-midi lors d’un raid éclair, en pleine rue, dans la commune bruxelloise d’Anderlecht.

 – L’homme du métro –

Des traces de son passage avaient été localisées dans deux logements de Schaerbeek, une commune de Bruxelles. Un des logements contenait aussi des traces de Salah Abdeslam, suspect-clé des attentats de Paris, et l’autre, située rue Max Roos, était le point de départ du commando de l’aéroport de Bruxelles.

En près de cinq mois, l’enquête a révélé les liens de Mohamed Abrini avec les attaques parisiennes: possible soutien logistique, cet ami d’enfance des frères Brahim et Salah Abdeslam à Molenbeek a été filmé en compagnie de ce dernier dans une station-service de l’Oise (nord de Paris) dans la voiture qui servira à convoyer les kamikazes au Stade de France deux jours plus tard.

Le deuxième principal inculpé, Osama Krayem (dont l’identité complète n’est pas confirmée par le parquet), lève partiellement le mystère du dénommé Naïm Al Hayed, le nom qu’il avait emprunté lors de son enregistrement sur l’île grecque de Leros dans un flot de réfugiés. Ses empreintes avaient aussi été retrouvées dans le logement de la rue Max Roos.

Les enquêteurs belges ont désormais la certitude qu’il est le « deuxième homme » du métro, que l’on voit sur des caméras de surveillance s’adresser brièvement au kamikaze Khalid El Bakroui.

Grâce à la vidéosurveillance, l’enquête le repère également au centre commercial lors de l’achat des sacs dans lesquels ont été transportés les explosifs à l’aéroport de Bruxelles.

Osama Krayem, Suédois, fils d’exilés syriens, intéresse beaucoup Paris car les enquêteurs soupçonnent Salah Abdeslam d’être allé le chercher, ainsi que le dénommé Amine Choukri, à Ulm (Allemagne), le 3 octobre quand ils sont, très probablement, rentrés de Syrie.

– Même réseau jihadiste –

Décrit dans les médias suédois comme un délinquant oscillant entre religion et consommation de stupéfiants avant de prendre le chemin du jihad en Syrie, Osama Krayem a grandi dans un quartier populaire de Malmö (sud).

En janvier 2015, il pose sur Facebook en tenue de combat, une kalachnikov à la main, drapeau de l’organisation Etat islamique (EI) en arrière-plan, puis disparaît jusqu’à ce que sa trace soit retrouvée à l’automne.

Preuve des liens qui unissent les différents protagonistes au sein d’une même cellule jihadiste, la justice belge a inculpé deux hommes pour « complicité d’assassinats terroristes », soupçonnés « d’avoir aidé Mohamed Abrini et Osama Krayem ».

Hervé B. M., un Rwandais de 25 ans, a été arrêté en même temps qu’Osama K., et Bilal E. M., 27 ans, a été interpellé dans la commune de Laeken vendredi soir.

Selon la télévision flamande VRT, ce dernier est un Bruxellois condamné en 2014 lors du procès du groupuscule islamiste Sharia4 à Anvers (nord).

Les arrestations ont été suivies de plusieurs opérations de police: à Anderlecht, au lieu de résidence possible de Mohamed Abrini, et dans les logements de Hervé B. M. et Bilal E. M. Ni arme ni explosif n’ont toutefois été découverts, selon le parquet.

© Belgian Federal Police/AFP/Archives HOMontage de deux captures d’écran d’une vidéo de surveillance montrant Mohamed Abrinile 13 novembre 2015 dans une station service à Ressons au nord de Paris

Article précedent

Primaires à gauche: le PS approuve, EELV reste prudent

Article suivant

Valls entame une visite en Algérie marquée par un boycott de médias français

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

L’inculpation de Mohamed Abrini scelle le lien entre les tueries de Paris et Bruxelles