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L'âne des Balkans cherche son salut dans le lait

GRADINA MARTINICKA (Monténégro) (AFP) – La machine a remplacé l’âne, devenu hors d’usage dans les fermes montagneuses des Balkans, mais au Monténégro un exploitant a peut-être trouvé le produit miracle pour sauver cet animal menacé: le lait d’ânesse.  

« Ce lait est extrêmement sain pour les maladies de peau et pour d’autres affections », affirme Darko Saveljic, 42 ans. Cet éleveur a désormais 30 ânes dans le sanctuaire qu’il a créé il y a un peu plus d’un an à Gradina Martinicka, dans le centre du Monténégro.

De la traite de Tereza, il ne récolte qu’une infime quantité de liquide blanc. « Ne vous attendez pas à voir beaucoup de lait », dit-il, expliquant que les ânesses ne donnent que 400 millilitres par jour. 

Mais le litre se vend 50 euros, une manne dans un pays où le salaire moyen mensuel est d’environ 500 euros. 

Darko Saveljic affirme donner la moitié de sa production à la population locale, qui n’a pas les moyens de l’acheter. Il dit que ce lait peut aider à traiter des problèmes respiratoires, comme l’asthme ou la bronchite. 

A Podgorica, à une heure et demie de route, l’économiste Valeria Markovic a contacté l’éleveur après des recherches en ligne pour soulager les crises allergiques de son fils Vlado, 5 ans, qui peine à respirer la nuit. 

« J’avais juste lu que Cléopâtre prenait des bains de lait d’ânesse… », dit-elle. Son fils en boit un peu chaque jour. Et ses symptômes « sont moins forts qu’avant », assure-t-elle. 

– Vertus thérapeutiques ? – 

Les vertus thérapeutiques du lait d’ânesse sont-elles scientifiquement démontrées ? Selon Photis Papademas, professeur à l’Université de Technologie de Chypre et spécialiste des caractéristiques nutritives du lait, les études cliniques manquent encore. 

« La preuve n’est pas encore très forte. Mais il y a de très très fortes présomptions », dit le scientifique à l’AFP. Ce produit rare et cher serait notamment efficace pour contrer les déficiences du système immunitaire. 

La composition en protéines du lait d’ânesse est très similaire à celle du lait humain, en moins grasse. 

En Serbie, le lait d’ânesse est aussi exploité: la réserve naturelle de Zasavica, dans l’ouest du pays, se targue de vendre le fromage le plus cher du monde, au prix de 6.000 dinars (49 euros) les 50 grammes. 

Aux yeux de Darko Saveljic, ancien ornithologue, produire ce lait hors de prix est un moyen de financer et de rendre viable son sanctuaire, créé par ses soins en réaction à l’effondrement du nombre d’ânes des Balkans. 

Lors du dernier recensement agricole, en 2010, il n’y en avait plus que 500 au Monténégro. Darko Saveljic pense que leur nombre est aujourd’hui tombé à 150. L’âne a été inclus cette année dans un programme national de sauvegarde des espèces. 

Il y a seulement trois décennies, il y en avait « des milliers », « pas un foyer villageois qui n’avait son âne », dit cet amoureux de la nature. Mais « désormais, nous utilisons des machines et les ânes sont des animaux qui ne servent à rien… »

– Visites d’enfants autistes – 

Les animaux de Darko Saveljic ont été tantôt donnés, tantôt achetés, souvent négligés ou maltraités. L’un est aveugle, un autre est sous-alimenté. Leur protecteur les connaît tous par leur nom et les laisse vivre en paix, en compagnie de quelques poulets et pintades qui vaquent en liberté. 

Pour visiter les lieux, il faut apporter un kilogramme de pommes ou de carottes. En ouvrant sa porte aux visiteurs, l’éleveur espère attirer l’attention sur le sort de l’âne des Balkans. 

Cet idéaliste organise aussi des visites d’enfants autistes, assurant que des parents lui ont signalé des progrès comportementaux après des échanges avec les animaux. 

« Si vous vous occupez bien des ânes, ils se comportent comme le font les chiens. Ils vous respectent, ils vous suivent partout », assure-t-il.

Un éleveur d'ânes à Gradina Martinicka, dans le centre du Monténégro, le 15 octobre 2016 . © AFP

© AFP SAVO PRELEVIC
Un éleveur d’ânes à Gradina Martinicka, dans le centre du Monténégro, le 15 octobre 2016

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