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Loi travail: des dizaines de milliers de manifestants partout en France

Paris (AFP) – Plusieurs dizaines de milliers d’opposants à la loi travail battaient à nouveau le pavé mardi, jour de vote du texte au Sénat, dans une ambiance tendue à Paris, avec échauffourées et interpellations.

Dans la capitale, où quelques milliers de personnes manifestaient sous haute surveillance (2.500 policiers et gendarmes mobilisés), environ 200 personnes encagoulées, masquées et habillées de noir s’étaient glissées devant la tête de cortège, lançant des pavés sur les forces de l’ordre qui répliquaient par des tirs de gaz lacrymogène.

Parallèlement à la manifestation officielle, qui partait de Bastille à Place d’Italie, un groupe de manifestants était à la Bourse du travail, encerclé par des CRS. 

Avant le départ, 27 interpellations avaient déjà eu lieu sur les points de filtrage.

Dans le cortège de tête officiel, les leaders des syndicats CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et FIDL avaient tous en tête les prochaines rencontres bilatérales organisées par le Premier ministre, une ouverture pour « faire le point » sur la loi travail.

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, espère que ce n’est pas « une visite de courtoisie » « uniquement pour boire le café ». « J’espère qu’il a des propositions à faire », a renchéri Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO.

Et comme pour accentuer la pression, M. Martinez a évoqué une « nouvelle journée d’actions » avec de possibles manifestations le 5 juillet, jour de début de discussion du texte à l’Assemblée, après son vote au Sénat ce mardi vers 18H00.

Des manifestations étaient organisées un peu partout en France, pour cette 11e journée de mobilisation. « Le monde est shooté à la croissance et au productivisme », a déploré Jean-Jacques, 77 ans, manifestant à Strasbourg et arborant un casque jaune portant le slogan « n’obéissons plus à un Etat aberrant ».

Parallèlement, pour peser dans le débat, les opposants à la loi travail ont remis à l’Elysée les résultats partiels de la votation citoyenne portant sur plus de 700.000 votants. Quelque 92% ont voté pour le retrait du texte, 8% pour le maintien. Des remises de résultats avaient également lieu en région.

Mais la semaine dernière, le président de la République a répété qu’il irait « jusqu’au bout ». 

– Péage gratuit –

Si Manuel Valls, qui a cristallisé les critiques pour son attitude inflexible, a fait un pas lundi en acceptant de recevoir mercredi et jeudi les organisations syndicales et patronales, Matignon a prévenu qu’il n’était pas question pour autant d’ouvrir des « négociations » sur le texte.

Le gouvernement a toujours dit qu’il ne reviendrait pas sur l’article 2, qui concentre les critiques des opposants en instaurant la primauté de l’accord d’entreprise sur l’accord de branche en matière de temps de travail. Cette fermeté est approuvée par Laurent Berger, leader de la CFDT, pour qui un recul du gouvernement serait une « profonde erreur » et la CFDT, principal soutien du projet, serait alors « en travers de la route ».

Lancée il y a quatre mois, la mobilisation contre la loi travail continue de faire affluer des mécontents qui craignent une précarisation accrue pour les salariés. La précédente manifestation, le 23 juin, avait réuni, dans toute la France, 70.000 personnes selon la police, 200.000 selon les organisations.

Des manifestations avaient lieu également en régions mardi, notamment à Marseille, Lyon, Grenoble, Rennes, Le Havre ou Toulouse. A Paris, la Tour Eiffel a été fermée au public pour la journée.

Pendant ce temps, le texte poursuit son parcours au Parlement, avec le vote au Sénat, à majorité de droite, dans une version libérale: le verrou des 35 heures a sauté, la généralisation de la garantie jeunes a été supprimée, le compte personnel d’activité a été partiellement vidé et le plafonnement des indemnités prudhommales (à 15 mois de salaire) rétabli.

Cette version devrait être détricotée par les députés lors d’une nouvelle lecture à partir du 5 juillet, pendant laquelle le gouvernement n’exclut pas de recourir à l’article 49-3 pour faire adopter sa version sans vote. Si tel était le cas, 73% des Français seraient « choqués », selon un sondage Odoxa.

Les syndicats ont déjà prévenu qu’ils poursuivraient en juillet, voire septembre, leur mobilisation si le gouvernement ne bouge pas.

Manifestation contre la loi travail, le 28 juin 2016 à Paris. © AFP

© AFP PHILIPPE LOPEZ
Manifestation contre la loi travail, le 28 juin 2016 à Paris

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