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Loi travail: la contestation se poursuit

Paris (AFP) – Malgré des concessions du gouvernement, les divergences de fond demeurent avec les syndicats opposés à la loi travail , qui appellent jeudi à poursuivre la mobilisation, et à l’Assemblée l’hypothèse d’un nouveau 49-3 fait son chemin.

Unis depuis quatre mois contre une réforme qui privilégie selon eux l’employeur au détriment du salarié, les syndicats CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl appellent à « poursuivre la mobilisation, sur des formes à déterminer localement, durant le débat parlementaire, notamment le 5 juillet », dans un communiqué commun à l’issue d’une intersyndicale.

Le ton est atténué par rapport à celui donné mardi par la CGT: elle avait annoncé « une nouvelle journée de grève et de manifestation le 5 juillet ».

Ces syndicats discuteront le 8 juillet des « suites à donner », après douze journées de mobilisation depuis mars et au moment où démarrent les vacances d’été. 

Face au « mur » gouvernemental, « ça va se jouer dans la rue », a prévenu le leader de la CGT, Philippe Martinez, dans Le Parisien/Aujourd’hui en France, promettant de poursuivre la mobilisation cet été en marge du Tour de France, puis à la rentrée.

Les rencontres bilatérales de mercredi  à Matignon n’ont pas permis de rapprocher les points de vue. Le Premier ministre a reconnu de « réelles divergences de fond avec la CGT et FO, divergences qu’il faut assumer ».

Au centre des désaccords, l’article 2 qui instaure la primauté de l’accord d’entreprise sur l’accord de branche en matière de temps de travail dès lors qu’un accord majoritaire est signé.

Les syndicats opposés à la loi en ont fait une ligne rouge, affirmant qu’il porte en germe un risque de « dumping social ». 

Mais François Hollande et Manuel Valls l’ont répété mercredi, pas question de toucher à la « colonne vertébrale » du texte: la décentralisation du dialogue social. Ils sont soutenus par la CFDT qui y voit un « facteur de progrès social ».

L’article 2 « sera maintenu dans sa rédaction actuelle », a dit le chef de l’Etat dans une interview aux Echos, en prévenant les députés que, faute de majorité, « il sera de nouveau recouru à l’article 49-3 » de la Constitution, qui permet d’adopter un texte sans vote, comme en première lecture.

– Incendie contre la CFDT à Bordeaux –

La bataille de tranchées reprend jeudi à l’Assemblée nationale, avec le nouvel examen du texte en commission des Affaires sociales. Il a été voté mardi au Sénat dans une version plus libérale.

Le gouvernement a tout de même fait deux concessions aux syndicats et aux frondeurs socialistes, en annonçant mercredi « de nouveaux amendements » à l’article 13, visant à « réaffirmer le rôle de la branche ».

Il compte ajouter deux domaines, « l’égalité professionnelle et la pénibilité », où « l’entreprise ne pourra pas faire moins bien que la branche ». Quatre étaient déjà sanctuarisés: salaires minima, classifications, formation professionnelle et prévoyance.

Autre annonce: dans les domaines où la loi ne tranche pas entre la branche et l’entreprise, les partenaires sociaux de chaque branche devront négocier pour déterminer quel niveau prime. 

Ces amendements « répondent à des craintes » des frondeurs, c’est désormais « à eux de prendre leurs responsabilités (…), d’avancer » sur la loi travail, a exhorté jeudi Myriam El Khomri.

Le chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux, a estimé que le projet de loi avait désormais atteint « l’équilibre parfait ». 

Mais les amendements ont été jugés insuffisants par plusieurs élus car ils ne règlent pas « le coeur de la contestation », à l’instar du député Pascal Cherki, membre de l’aile gauche du PS, pour qui il « reste un problème central, la question du temps de travail ».

Si « Manuel Valls recule petit à petit », on est « encore très loin du compte », selon Philippe Martinez.

La CFDT, qui a salué ces amendements, a de nouveau été la cible de violences dans la nuit contre son siège à Bordeaux, endommagé par un feu d’origine criminelle. L’incendie a soulevé l’indignation du gouvernement, Manuel Valls dénonçant une « atteinte inacceptable à la démocratie sociale ».  

Le Premier ministre et Mme El Khomri poursuivent leurs consultations jeudi, en recevant François Hommeril (CFE-CGC) à 14H30, Pierre Gattaz (Medef) à 15H15, François Asselin (CGPME) à 16H00 et Jean-Pierre Crouzet (UPA) à 16H45.

Le Premier ministre Manuel Valls (g) et la ministre du Travail Myriam El Khomri, le 29 juin 2016 à Matignon. © AFP

© AFP DOMINIQUE FAGET
Le Premier ministre Manuel Valls (g) et la ministre du Travail Myriam El Khomri, le 29 juin 2016 à Matignon

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