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Loi travail: la pression revient dans la rue avec une manifestation "nationale"

Paris (AFP) – Une foule dense manifestait mardi à Paris contre le projet de loi travail, en plein Euro, dans le cadre d’une journée de « mobilisation nationale » dont les syndicats contestataires assurent qu’elle ne sera pas un baroud d’honneur.

Alors que le Sénat poursuit l’examen du projet de loi El Khomri, plusieurs dizaines de milliers de personnes défilaient depuis de la place d’Italie (XIIIe arrondissement) pour rejoindre les Invalides (VIIe), dans une ambiance de pétards, fumigènes et klaxons, derrière une pancarte de tête proclamant « Pour le retrait. Pour de nouveaux droits ».

Selon la préfecture de police, peu après le départ de la manifestation, « plusieurs centaines de personnes encagoulées » ont pris à partie les forces de l’ordre avec des jets de projectiles. Six personnes ont été interpellées.

La CGT espère que la mobilisation dépassera, avec la cinquantaine d’autres manifestations prévues en région, le pic de la contestation atteint le 31 mars (390.000 personnes, selon les autorités, 1,2 million selon les organisateurs).

« Notre détermination reste intacte. Il faut que le gouvernement arrête son obstination et écoute les revendications et ceux qui contestent le projet de loi », a déclaré en tête de cortège son numéro un, Philippe Martinez.

« Il va y avoir beaucoup de monde aujourd’hui, ce n’est pas un baroud d’honneur », a assuré le leader de FO, Jean-Claude Mailly. « Tant que le gouvernement ne bouge pas, on maintient la pression. »

« On n’est pas fatigués on est déterminés, la mobilisation peut durer jusqu’en juillet et même au delà, malgré les vacances, le Tour de France… », a renchéri Eric Beynel, porte-parole de Solidaires.

– « Loi ultraminoritaire » –

Le préfet de police Michel Cadot a dit attendre « peut-être au-delà de 50.000 » manifestants à Paris où 130 personnes ont été interdites de manifestation par crainte des casseurs. 

L’afflux de plus de 600 cars vers Paris, selon la CGT, n’a pas empêché la tenue de manifestations partout en France. « Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, cette société-là on n’en veut pas », scandaient les manifestants à Lyon, où la préfecture dénombrait 3.800 participants, la CGT 10.000. Ils étaient 1.900 à Rennes selon la préfecture, 5.000 selon les syndicats, entre 6.000 et 30.000 à Toulouse, 5.000 à Marseille selon la police, tandis que les manifestants annonçaient pas moins de 140.000 participants.

Cette mobilisation à l’appel de l’intersyndicale (CGT, FSU, FO, Solidaires, Unef, UNL, Fidl) pour le retrait d’un texte jugé trop favorable aux entreprises et facteur de « régression sociale » pour les salariés, arrive en point d’orgue d’une série de grèves dans des secteurs clés comme les raffineries ou à la SNCF, qui s’étiolent depuis quelques jours. 

Mardi, des initiatives étaient organisées un peu partout, avec des barrages filtrants, la poursuite du blocage d’incinérateurs de déchets, une baisse de production dans le secteur de l’énergie.

Le port industriel de Marseille, et notamment les terminaux pétroliers sont « en grève et bloqués depuis 4 semaines », explique l’un des responsables de la CGT Dockers dans la manifestation marseillaise. « Le mouvement n’est pas en train de s’essouffler du tout. On ne fait pas ça en dépit du bon sens, on fait ça par conviction », dit-il.

Dans la capitale, la Tour Eiffel a été fermée en raison de la grève d’une partie du personnel.

Ni retrait, « ni détricotage », martèle de son côté le gouvernement qui a eu recours à l’article 49-3 pour faire adopter le texte sans vote à l’Assemblée nationale.

« Je ne crains rien, j’écoute bien sûr, le dialogue avec les partenaires sociaux est permanent », a assuré lundi le Premier ministre, Manuel Valls, tout en assurant que l’article 2, le plus contesté, qui fait primer l’accord d’entreprise sur la branche, « ne sera pas changé ».

– « Loi équilibrée » –

Laurent Berger, numéro un de la CFDT, a de nouveau défendu un projet « équilibré ».

En plein Euro de football, l’exécutif table désormais sur le coup de barre à droite que le Sénat devrait apporter au texte pour rassembler son camp et faire reculer la contestation.

Dans ce bras de fer, les lignes semblent pourtant bouger: le numéro un de la CGT et la ministre du Travail se reverront vendredi pour la première fois depuis début mars, pour « clarifier les choses et mettre sur la table les propositions de la CGT », explique-t-on au ministère.

Sans lien avec la loi travail, les pilotes d’Air France ont prévu une dernière journée de grève mardi.

Manifestation contre la loi travail à Marseille, le 14 juin 2016. © AFP

© AFP BORIS HORVAT
Manifestation contre la loi travail à Marseille, le 14 juin 2016

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