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Loi travail: pression dans la rue avec une manifestation "nationale"

Paris (AFP) – Ils espèrent une démonstration de force jamais vue en trois mois: les opposants au projet de loi travail convergent mardi vers Paris, en plein Euro, pour une journée de « mobilisation nationale » dont ils assurent qu’elle ne sera pas un baroud d’honneur.

Alors que le Sénat vient d’entamer l’examen du projet de loi El Khomri, le leader de la CGT, Philippe Martinez, prédit une mobilisation « énorme », qui dépassera, avec la cinquantaine d’autres manifestations prévues en région, le pic de la contestation atteint le 31 mars (390.000 personnes, selon les autorités, 1,2 million selon les organisateurs).

– « Loi ultraminoritaire » –

Jean-Claude Mailly (FO) s’attend à « une grosse manifestation » contre cette loi « ultraminoritaire du côté syndical »: « il n’y a que deux syndicats, la CFDT et la CFTC qui la soutiennent, ça fait 40% ».

Après huit journées de manifestations non consécutives à travers la France, relayées par des grèves dans des secteurs clés comme les raffineries, la SNCF ou les déchets, qui s’étiolent depuis quelques jours, les opposants refusent de parler de « baroud d’honneur » mardi et ont déjà prévu d’autres manifestations les 23 et 28 juin. 

L’intersyndicale (CGT, FSU, FO, Solidaires, Unef, UNL, Fidl) n’a pas changé de mot d’ordre: le retrait d’un texte jugé trop favorable aux entreprises et facteur de « régression sociale » pour les salariés. 

A la SNCF, après 14 jours de mouvement, le taux de grévistes est remonté mardi à 7,3%, toutes catégories confondues, contre 4,6% la veille. 

Dès le matin, quelques initiatives étaient organisées en région, avec des barrages filtrants à Brest, des grèves au port de Marseille et la poursuite du blocage de l’incinérateur de Fos-sur-Mer. Des manifestations ont débuté à Rennes et Lyon. 

« Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, cette société-là on n’en veut pas », scandaient les manifestants à Lyon, où la préfecture dénombrait 3.800 participants. « La Belgique avec nous ! », a crié le cortège en croisant des supporters belges de l’Euro.

Dans la capitale, la Tour Eiffel a été fermée en raison de la grève d’une partie du personnel.

Le secteur de l’énergie était à nouveau touché, avec des baisses de production dans différentes centrales, des lignes haute tension coupées en région parisienne et 350.000 clients basculés en heures creuses sur Paris, selon la CGT.

La CGT a recensé plus de 600 cars affrétés pour les manifestants à destination de la capitale, où aucun match de l’Euro n’est programmé ce jour. Le cortège partira vers 13h15 de la place d’Italie pour rejoindre les Invalides.

Le préfet de police Michel Cadot dit attendre « peut-être au-delà de 50.000 » manifestants à Paris. N’excluant pas « qu’il y ait des casseurs », quelque 130 personnes ont été interdites de manifestation, a-t-il précisé.

Ni retrait, « ni détricotage », martèle de son côté le gouvernement qui a eu recours à l’article 49-3 pour faire adopter le texte sans vote à l’Assemblée nationale.

« Je ne crains rien, j’écoute bien sûr, le dialogue avec les partenaires sociaux est permanent », a assuré lundi le Premier ministre, Manuel Valls, tout en assurant que l’article 2, le plus contesté, qui fait primer l’accord d’entreprise sur la branche, « ne sera pas changé ».

– Loi équilibrée –

Laurent Berger, numéro un de la CFDT, a de nouveau défendu un projet « équilibré ».

En plein Euro de football – une « fête populaire » que la CGT dit ne pas vouloir gâcher -, l’exécutif table désormais sur le coup de barre à droite que le Sénat devrait apporter au texte pour rassembler son propre camp et faire reculer la contestation.

Dans ce bras de fer, les lignes semblent pourtant bouger: le numéro un de la CGT et la ministre du Travail se reverront vendredi pour la première fois depuis début mars, pour « clarifier les choses et mettre sur la table les propositions de la CGT », explique-t-on au ministère.

Sans lien avec la loi travail, les pilotes d’Air France ont prévu une dernière journée de grève mardi.

Manifestation contre la loi travail le 14 juin 2016 à Rennes. © AFP

© AFP Damien MEYER
Manifestation contre la loi travail le 14 juin 2016 à Rennes

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