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Loi travail: un baroud d'honneur dans la rue encore marqué par des violences

Paris (AFP) – Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont battu le pavé jeudi partout en France pour l’abrogation de la loi travail, sans doute pour la dernière fois, avec à nouveau de violentes échauffourées à Paris qui ont fait plusieurs blessés, dont un CRS brûlé à la jambe.

Au moins un manifestant et cinq policiers ont été blessés, et au moins 15 personnes interpellées lors de la manifestation parisienne qui s’est déroulée sous la surveillance de 1.200 policiers entre Bastille et République. 

Un CRS, pris dans les flammes de manière spectaculaire après le jet de cocktails Molotov place de la République, a été brûlé à la jambe. Un autre policier, blessé par un jet de projectile à la tête, a été évacué par hélicoptère.

Comme lors de précédentes journées, notamment celle du 14 juin dans la capitale, des échauffourées ont éclaté à plusieurs reprises entre CRS et jeunes criant « Tout le monde déteste la police ! », avec tirs de gaz lacrymogène et dégradations de mobilier urbain. 

Selon les autorités, 78.000 personnes ont défilé, 65.000 en régions et 13.000 à Paris. La CGT de son côté a comptabilisé 170.000 manifestants dans toute la France, dont 40.000 dans la capitale. 

Tours, Marseille, Nantes, Rennes, Le Havre, Lyon, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lille, Châteauroux…: dans plus de 110 villes, les opposants sont descendus dans la rue pour cette 13e journée d’action depuis mars – la 14e en comptant le 1er mai – contre la loi travail, promulguée en août après des mois d’affrontements politiques et de conflit social, sans faire plier l’exécutif.

Une journée aux allures de baroud d’honneur, alors que la plupart des décrets de la loi, dont les plus décriés (temps de travail, référendum en entreprise, accords offensifs), doivent être publiés en octobre.

Lors de la précédente journée, le 5 juillet, les syndicats avaient compté 45.000 manifestants dans la capitale, la police 6.500 à 7.500. Au total 30.000 personnes avaient manifesté à travers le pays, selon les autorités. Au plus fort de la contestation, le 31 mars, ils étaient entre 390.000 (autorités) et 1,2 million (syndicats).

« Douze journées de manif, c’est beaucoup pour les salariés, c’est compliqué », a fait valoir le leader de FO, Jean-Claude Mailly.

« Ce n’est pas ce que j’appelle un +baroud d’honneur+ », a en revanche estimé Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT.

« Loi ou pas, ils nous trouveront toujours face à eux », a expliqué François Roche, délégué CGT chez Airbus Helicopters, dans le défilé à Marseille.

– « Le grand perdant, c’est Hollande » –

En marchant à Nantes, Rebecca, 32 ans, a aussi voulu « montrer qu’on est toujours là et qu’on n’est pas d’accord ».

Au Havre, baptisée au printemps « capitale » de la mobilisation, ils étaient 3.000 selon la police, 12.000 selon l’intersyndicale.

Une nouvelle fois, le défilé nantais, qui a réuni environ 4.000 personnes, a été émaillé d’affrontements avec la police. Plusieurs personnes ont été interpellées. Des tensions ont également marqué le cortège rennais.

A Belfort, le défilé s’est transformé en manifestation des « Alsthommes », qui ont voulu « marquer le coup » pour réclamer le maintien dans leur ville de l’activité ferroviaire d’Alstom.

Des appels à la grève avaient été lancés dans la fonction publique, à La Poste, chez Air France et France Télévisions.

A la SNCF et à la RATP, le trafic était normal. Mais dans le ciel, entre 20 et 25% des vols ont été annulés à Orly.

Le mot d’ordre: l’abrogation d’un texte qui instaure notamment la primauté des accords d’entreprise sur les accords de branche en matière de temps de travail, et que ses opposants considèrent comme facteur de moins-disant social.

« On n’est pas perdants, on a obtenu des modifications. Le grand perdant de cette loi, c’est François Hollande », a déclaré M. Mailly. 

Journées d’action, pétition record, sondages défavorables, recours à l’article 49-3 pour faire passer le texte sans vote au Parlement… : cette réforme a connu un parcours particulièrement agité.

Fort du soutien de la CFDT, l’exécutif est resté inflexible, défendant un texte de « progrès social » présenté comme une solution pour lutter contre le chômage.

Aucune nouvelle date de mobilisation n’est prévue, mais les contestataires espèrent maintenir la pression et empêcher l’application de la loi, en entreprise et devant la justice.

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Des CRS sur le parcours de la manifestation contre la loi Travail, le 15 septembre 2016 à Paris. © AFP

© AFP Thomas SAMSON
Des CRS sur le parcours de la manifestation contre la loi Travail, le 15 septembre 2016 à Paris

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