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Londres renonce à la présidence du Conseil de l'UE en 2017, premier pas vers le Brexit

Londres (AFP) – Le Royaume-Uni a franchi mercredi une première étape vers la mise en oeuvre du Brexit en annonçant qu’il renonçait à assumer la présidence tournante du Conseil de l’UE en 2017, quelques heures avant un déplacement de Theresa May à Berlin.

Londres devait initialement assumer cette présidence de juillet à décembre 2017 après Malte et avant l’Estonie.

La nouvelle Première ministre britannique Theresa May a annoncé mardi soir cette nouvelle, conforme au vote britannique en faveur d’une sortie de l’UE, au président du Conseil européen Donald Tusk.

La dirigeante conservatrice a fait valoir que son pays serait « très occupé avec les négociations pour quitter l’UE », qui constituent une « priorité », selon Downing Street.

La Belgique s’est dite mercredi « disposée à reprendre cette présidence si on nous le demande », a fait savoir le ministère belge des Affaires étrangères, alors que les ambassadeurs de l’UE devaient se réunir dans la journée à Bruxelles pour avancer sur le sujet.

Theresa May se rend mercredi et jeudi en visite officielle en Allemagne et en France, ses premiers déplacements à l’étranger depuis sa prise de fonction, lors desquels elle devrait commencer à dessiner le calendrier du Brexit.

Elle tentera, selon ses services, « d’établir des relations de travail solides » avec deux de ses plus importants partenaires européens et expliquer pourquoi son gouvernement « a besoin de temps » avant d’ouvrir les négociations du divorce avec l’UE.

« Je suis déterminée à ce que le Royaume-Uni fasse de la sortie de l’Union européenne un succès et c’est pourquoi j’ai décidé de me rendre à Berlin et Paris si tôt après avoir pris mes fonctions », a indiqué Mme May, attendue mercredi à Berlin pour un dîner de travail avec la chancelière Angela Merkel.

Après Berlin, la Première ministre se rendra jeudi à Paris pour y rencontrer le président François Hollande.

Au menu des discussions figureront « la lutte contre le terrorisme et les questions de sécurité extérieure, la mise en oeuvre du Brexit et l’importance de la relation bilatérale », a précisé la présidence française.

« Theresa May doit construire des ponts avec ses homologues », a déclaré à l’AFP Iain Begg, de l’Institut européen de la London School of Economics.

« Ses premières étapes sont les deux capitales les plus importantes d’Europe où elle va dire clairement ce qu’elle veut, ce qu’elle défend, le calendrier qu’elle a en tête pour le Brexit et comment elle compte procéder », a-t-il ajouté. 

– ‘Cerner son homologue’ –

Si la chancelière a tout d’abord demandé une clarification « rapide » des intentions britanniques post-Brexit, elle est ensuite apparue plus disposée que d’autres, et notamment François Hollande, à donner du temps à la nouvelle Première ministre.

« Je me réjouis de faire sa connaissance », a déclaré Mme Merkel à la chaîne allemande Sat.1, se disant prête à « donner au gouvernement britannique le temps de réfléchir ».

« La notification (de la demande de sortie) viendra bien ensuite », a-t-elle ajouté.

Punir et braquer Londres en raison du Brexit « ne serait pas la bonne voie à suivre pour les générations à venir », a renchéri le président allemand Joachim Gauck dans une interview au quotidien Bild. 

Une souplesse dictée par les intérêts économiques allemands: le Royaume-Uni absorbe en effet 8% des exportations allemandes et accueille de nombreuses usines de groupes allemands.

« Pour Merkel, il va clairement y avoir une période pendant laquelle elle va tenter de cerner qui est son homologue », a estimé Iain Begg.

Du côté du président français, la priorité a été mise sur l’organisation « le plus rapidement possible » des négociations de sortie de l’UE du Royaume-Uni. 

« Pour Hollande, il y a manifestement la crainte d’une contagion du Brexit en France », a jugé Iain Begg.

« Il va vouloir faire comprendre à Theresa May qu’elle ne peut pas retarder cela indéfiniment ou s’attendre à de gros cadeaux de la France parce que M. Hollande doit penser à la politique intérieure », a-t-il ajouté.

Pour Nina Schick, du cercle de réflexion Open Europe, « Paris et Berlin sont assez divisés sur ce que doit être l’avenir de l’UE ».

Si Merkel peut temporiser pendant un temps, « la bonne volonté politique sera perdue si le Royaume-Uni tarde trop à activer l’article 50 du Traité de Lisbonne », a-t-elle dit.

La Première ministre britannique Theresa May quitte le 10 Downing street à Londres, le 20 juillet 2016. © AFP

© AFP NIKLAS HALLE’N
La Première ministre britannique Theresa May quitte le 10 Downing street à Londres, le 20 juillet 2016

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