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L'Otan prend pied dans l'est de l'Europe, s'inquiète du Brexit

Varsovie (AFP) – L’Otan a parachevé vendredi le renforcement de sa présence militaire dans l’est de l’Europe, face aux agissements russes, et réaffirmé ses liens avec l’UE, ébranlée par le Brexit.

Barack Obama, qui assistait à Varsovie à son dernier sommet de l’Otan, a mis en garde de son côté contre un Brexit qui traînerait en longueur et nuirait à la stabilité financière et à la sécurité en Europe.

« Personne n’a intérêt à des négociations conflictuelles et prolongées » sur la sortie du Royaume-Uni de l’UE, a lancé le président américain, notant que la relation transatlantique vivait « peut-être son moment le plus important depuis la fin de la Guerre froide ».   

Les Etats-Unis s’inquiètent des risques qu’une telle incertitude ferait peser sur l’économie mondiale. La Grande-Bretagne, puissance nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, pourrait aussi perdre en influence en quittant l’UE et, par ricochet, affaiblir l’Europe.

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a rétorqué qu’il appartenait à Londres d’engager ces négociations à la suite du référendum du 23 juin mais assuré que l’UE les aborderait dans un esprit constructif.

« Je ne le ferai pas (…) de manière hostile », a déclaré M. Juncker, concédant qu’il était de « l’intérêt de tous » que le Royaume-Uni reste un partenaire solide.

« La Grande-Bretagne ne va pas jouer un rôle moindre dans le monde », a assuré de son côté le Premier ministre britannique démissionnaire David Cameron à son arrivée au sommet.

L’Union européenne et l’Otan ont par ailleurs annoncé un renforcement de leur coopération, notamment dans l’échange de renseignements.

L’Alliance doit se doter de puissants drones basés en Sicile et appuyer par du renseignement l’opération navale de l’UE contre les passeurs de migrants et le trafic d’armes en Méditerranée.  

Deux ans après le sommet de Newport (Pays de Galles), qui avait pris acte de la nouvelle donne en Europe après l’annexion de la Crimée par la Russie, les 28 pays membres de l’Otan ont mis la dernière touche à leur nouvelle posture stratégique à l’Est.

– La Russie, « menace » ou « partenaire » ? –

Ils ont décidé d’envoyer quatre bataillons (600 à 1.000 hommes chacun) dans les pays baltes et en Pologne afin de dissuader la Russie de tout aventurisme territorial.

« Ces bataillons seront robustes et multinationaux (..) Une attaque contre un allié sera ainsi considérée comme une attaque contre toute l’Alliance », a martelé le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg.

Ils seront encadrés par les Etats-Unis, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et le Canada, qui fourniront le gros des troupes, avec la participation à moindre échelle d’autres pays de l’Alliance atlantique, comme la France et la Belgique (150 hommes chacune). 

Au risque de provoquer l’ire de Moscou, l’Otan a par ailleurs donné le coup d’envoi à la constitution de son bouclier antimissile en Europe, qui dispose dorénavant d’une « capacité opérationnelle initiale ».

Les installations, basées en Turquie, en Roumanie et en Espagne, « sont maintenant en mesure de fonctionner sous un commandement de l’Otan et un contrôle de l’Otan », a annoncé Jens Stoltenberg.

L’Alliance atlantique reste toutefois soucieuse de rétablir le dialogue avec la Russie afin d’éviter tout incident susceptible de dégénérer et de rétablir une certaine stabilité en Europe. 

« Nous allons mettre l’accent sur ce dialogue » pendant le dîner des chefs d’Etat ou de gouvernement vendredi soir à Varsovie, a souligné la chancelière allemande Merkel.

Plus incisif, le président français François Hollande asséné que la Russie n’était ni un « adversaire » ni une « menace » mais un « partenaire » et dénié toute « vocation à l’Otan à peser dans la relation entre l’Europe et la Russie ».

Les 28 pays de l’Alliance ont par ailleurs réaffirmé leur engagement à augmenter leurs budgets de défense jusqu’à 2% du PIB en vue de faire face aux nouvelles menaces, non seulement à l’est mais aussi au sud avec la poussée jihadiste.

Seuls cinq des 28 Etats membres ont atteint cet objectif. Les dépenses dans ce domaine des Européens et des Canadiens devraient toutefois augmenter de 3% en 2016. 

« Nous avons encore un long chemin à parcourir », mais « un tournant » a été pris, a estimé M. Stoltenberg.

Le président français a insisté sur la nécessité pour les autres pays européens de prendre une plus grande part du fardeau dans la lutte contre le terrorisme. « La France fera ce qu’elle doit, mais pas davantage », a-t-il dit.

Le président américain Barack Obama (d) et le Premier ministre britannique David Cameron, le 8 juillet 2016 à Varsovie. © AFP

© AFP WOJTEK RADWANSKI
Le président américain Barack Obama (d) et le Premier ministre britannique David Cameron, le 8 juillet 2016 à Varsovie

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