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Macron et Bayrou, désormais alliés, rivalisent d'amabilités

Paris (AFP) – Emmanuel Macron et François Bayrou ont rivalisé d’amabilités après leur rencontre jeudi à Paris, au lendemain de « l’offre d’alliance » du leader centriste au candidat d’En Marche! qui a promis que le MoDem aurait « sa place pleine et entière » dans son dispositif.

L’ancien ministre de François Hollande et le maire de Pau ont échangé pendant un peu moins d’une heure dans un restaurant feutré attenant au Palais de Tokyo, dans le XVIe arrondissement de Paris. La veille, M. Bayrou avait annoncé renoncer à une quatrième présidentielle et formuler une « offre d’alliance » à M. Macron, qui l’a immédiatement acceptée.

« Mon rôle est très simple: je vais tout faire pour aider », a expliqué à la presse M. Bayrou au côté du candidat.

« On n’a pas parlé d’intérêts partisans, on n’a pas eu de négociation, on n’a pas passé son temps à échanger. C’est pas +j’achète, tu vends+ Rien de tout ça », a assuré le président du MoDem.

Emmanuel Macron, qui présentera vendredi le cadrage financier de son programme, a « remercié très profondément » M. Bayrou de sa « proposition d’alliance ». « Je l’ai acceptée parce je pense qu’elle correspond à ce que nous devons faire dans le contexte que le pays traverse. » « C’est ce que nous voulions faire dès le début avec En Marche!, un rassemblement progressiste qui dépasse les clivages », a-t-il dit.

M. Bayrou a devancé les questions des journalistes sur les piques acerbes qu’il avait coutume d’adresser à son nouvel allié, qualifié d' »hologramme » et de « candidat des forces de l’argent » voici quelques semaines encore. « On a peut-être eu des mots un peu rugby, un peu mêlée ouverte », mais « il y a des moments où on est obligé de dépasser tout cela, parce que ce qui est en jeu est trop grave », a-t-il expliqué.

– Une « place pleine et entière » –

Interrogé sur un éventuel accord pour les élections législatives, M. Macron a répondu: « Nous avons un projet à finaliser, une campagne à conduire, et des élections présidentielles à gagner. Viendront ensuite les législatives, et nous le ferons dans cet ordre. »

« Aucune famille politique ne peut prétendre être hégémonique dans le pays », a ajouté M. Macron, qui assure cependant que « les législatives reflèteront les différentes sensibilités, le pluralisme politique que nous portons, et donc la famille politique que représente François Bayrou aura sa place pleine et entière ».

Selon un sondage Harris interactive réalisé avant l’annonce de M. Bayrou, Marine Le Pen (25% des intentions de vote) arriverait en tête au premier tour de la présidentielle devant le candidat de la droite François Fillon. Un autre sondage BVA-Salesforce donne Emmanuel Macron deuxième à 21% derrière la présidente du FN, qui creuse son avance à 27,5%.

Selon une autre étude (Tilder/LCI/Opinionway) spécifiquement consacrée au ralliement du président du MoDem, cette décision « ne change rien » pour 72% des électeurs (56% parmi les électeurs de M. Bayrou de 2012). 13% d’entre eux ont désormais « plus envie » de voter pour M. Macron, 14% en ont « moins envie ».

Si le Front national s’est contenté de balayer la nouvelle, c’est à droite que les réactions ont été les plus acerbes. François Bayrou « paie sa place, cette fois officiellement, pour s’asseoir à côté de l’héritier parricide de François Hollande », a lancé François Baroin. « Le vent a trouvé sa girouette », a tweeté Eric Woerth.

Mais si officiellement à droite une alliance Macron-Bayrou  « n’est pas une mauvaise nouvelle » pour le candidat LR, en coulisses, on estime que « Fillon a du souci à se faire ». Macron « élargit sa base, son socle », confie une source parlementaire.

A gauche, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, proche historique de François Hollande, a salué le « sens de la responsabilité » de François Bayrou. Tonalité différente chez le candidat PS Benoît Hamon, pour qui ce rapprochement Bayrou-Macron « clarifie les choses »: Emmanuel Macron est « un candidat du centre-droit ».

© AFP Jacques DEMARTHON
François Bayrou (g) et Emmanuel Macron, le 23 février 2017 à Paris

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