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Manifs et violences policières: un collectif adresse 68 réclamations au Défenseur des droits

Paris (AFP) – Gazages, coups de matraques « gratuits », insultes: un collectif a adressé en juillet au Défenseur des droits 68 réclamations contre des violences policières lors des manifestations contre la loi travail, à Paris et dans le reste de la France.

« Alors que l’état d’urgence reste en vigueur, notre collectif, et bien d’autres, entend visibiliser une situation extrêmement répressive qui est en train de se normaliser », annonce mercredi dans un communiqué le Collectif Stop Violences Policières, à la veille d’une nouvelle mobilisation dans la rue. Ce collectif émane du groupe Defcol (Défense collective) qui s’est constitué lors du mouvement pour aider les manifestants arrêtés.

« Il y a eu des sanctions (…) très significatives », a répondu le ministre de l’Intérieur mercredi sur France Inter. « A chaque fois qu’il y a des policiers dont les agissements ne sont pas conformes à ce que sont les principes de droit et l’usage proportionné de la force, il y a systématiquement des sanctions ».

Interrogé sur le nombre précis de policiers sanctionnés, Bernard Cazeneuve a déclaré qu’il communiquerait un chiffre « dans les heures qui viennent ».

Le 9 avril, sur le boulevard Beaumarchais dans l’est de Paris, Maxime Coulon-Profizi, étudiant de 21 ans, a reçu deux coups de matraques « inutiles et gratuits », alors qu’il s’est « recroquevillé » pendant une charge de CRS, a-t-il témoigné auprès de l’AFP. Résultat: une fracture au bras et un plâtre, indique-t-il dans sa réclamation.

Professeur de philosophie et sympathisante du mouvement citoyen Nuit Debout, Elodie M., 40 ans, a elle aussi reçu un coup de matraque, au front, le 29 mai près de la mairie du XIIIe arrondissement, alors qu’elle tentait de prendre la défense d’un autre manifestant, raconte-t-elle. D’après sa réclamation, elle a eu quatre points de suture aux urgences.

Marie-Christine K. a 54 ans. Le 5 juillet, elle a participé à une manifestation non déclarée près de l’Assemblée nationale. « Il y a eu un mouvement de foule, (…) je me suis retenue sur le gendarme qui faisait barrage devant moi. Il a sorti sa bombe et m’a gazé directement dans les yeux », relate-t-elle à son tour.

Si certains cas ont donné lieu à des plaintes devant l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices », le collectif déplore dans son communiqué des cas d' »intimidations de manifestants blessés », « dont la bonne foi était mise en doute par des agents » de police.

Les manifestations contre la loi travail au printemps et au début de l’été ont été marquées par des incidents et des affrontements récurrents avec les policiers, qui déplorent avoir été confrontés à une violence accrue de la part de militants et de casseurs.

Interrogé par l’AFP, le Défenseur des droits a confirmé avoir reçu les réclamations en juillet et a indiqué que l’instruction des cas a commencé. Cette instance indépendante s’était déjà saisie du cas d’un jeune homme, Romain D., grièvement blessé le 26 mai après le jet d’une grenade de désencerclement par un policier.

Le Club de la presse de Rennes et de Bretagne avait aussi annoncé avoir saisi le Défenseur des droits, déplorant que des journalistes aient reçu des coups de matraques lors d’une manifestation début juin.

Par ailleurs, deux policiers ont déjà été renvoyés au tribunal correctionnel pour des violences commises le 24 mars sur des élèves du lycée Bergson à Paris, qui avaient été filmées et largement diffusées.

Policiers face aux manifestants le 28 juin 2016 à Nantes . © AFP

© AFP/Archives LOIC VENANCE
Policiers face aux manifestants le 28 juin 2016 à Nantes

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